Ils sont aujourd’hui très nombreux dans les rues de la capitale de la 5ème région à mendier. Ils, ce sont des enfants et adultes qui passent tout leur temps à quémander au nom d’Allah le tout puissant. En ce qui concerne les enfants, les malims ou encore maîtres coraniques et certains parents sont entièrement indexés pour avoir encouragé cette pratique qui n’honore personne.
Quant aux adultes, Ils sont censés être des handicapés physiques mais ce sont malheureusement des hommes bien portants. Est-ce donc la pauvreté qui est à la base de ce phénomène de mendicité? En tout état de cause, les rues de la ville de Mopti n’ont rien à envier aujourd’hui aux déversoirs de mendiants. Cela, au vu et au su des autorités et des organisations de défense des Droits de l’Homme.
Un parterre de mendiants dans les rues est en train de transformer la Venise du Mali en la Venise des mendiants. Des disciples coraniques avec des boîtes dans les mains ou encore des sacs aux épaules garnissent aujourd’hui toutes les places publiques des villes de la 5ème région : Mopti, Sévaré, Bandiagara, Bankass, Koro, Djenné, Tenenkou, Douentza et Youwarou ; pour ne citer que ces cercles.
« Pieds nus, culottes sales, cheveux touffus et ébouriffés, avec des chemises souvent à moitié déchirées, ces disciples, au milieu des refrains comme (Fi sabililahi ; aw ye anw son allah ka ma ou encore Guid’Allah Garibou en peulh), n’épargnent aucune porte ouverte. A l’heure de chaque repas, dans les villes de Sévaré comme Mopti et les autres, plus d’une dizaine de mendiants peut se pointer à la porte avec des boîtes dans les mains. ‘’C’est comme ça que nous vivons ici », témoigne Mamadou Diallo, habitant de Mopti désespéré.
Les voies publiques, les panneaux de stationnement et les panneaux de stop sont tout le temps pris d’assaut. Ici, à chaque mendiant son message et sa façon pour quémander. Certains se plient complètement sur leurs ventres, d’autres les mains toujours croisées. Les messages sont livrés dans une tonalité pitoyable qui laisse croire comme si ces mendiants n’ont plus aucune raison de vivre. Mais en réalité cela n’est pas vrai. Allez donc savoir !
Face à cette lamentable et désastreuse situation, certains usagers de la route se disent indignés de voir tout ce petit monde, normalement apte à mener plusieurs activités génératrices de revenus permettant de contribuer à la relance de l’économie locale, mendier. ‘’Vraiment, ça ne me plaît pas du tout de voir tout ce monde en train de quémander. Cela n’honore pas notre pays et il faut que les choses changent’’, a déploré Mountaga Koné, un usager de la route à Sévaré.
Joint par nos soins, un Maître Coranique de Sévaré, Abdoulaye Cissé, nous déclare que c’est une obligation pour les disciples coraniques de quémander pour se nourrir. ‘’Nos disciples doivent se nourrir des sacrifices, des dons, etc. C’est comme ça qu’ils se rendent service et rendent également service à tout le reste de la société’’.
Selon lui, ce sont les parents, eux-mêmes qui confient leurs enfants aux maîtres coraniques pour assurer leurs éducations familiales et religieuses. « Quand les parents nous confient leurs enfants, faute de moyens, pour les prendre en charge, arrivés chez-nous, nous leur demandons d’aller quémander et pour eux-mêmes et pour nous également. Cela se passe à des moments où ils n’étudient pas », dixit le même maître coranique.
A Mopti comme à Sévaré, ces disciples encore appelés talibés ou Garibou quémandent très généralement en langue peulh. En longueur de journée, quand on les interroge, certains accusent leurs maîtres de s’accaparer de certains de leurs gains, comme les habits ou les chaussures qu’ils gagnent pour les offrir à leurs propres enfants. Une accusation que notre maître coranique a carrément réfutée. ‘’Les dons que les talibés apportent sont naturellement gérés par les maîtres à leurs guises. Je ne peux donc pas qualifier cela d’accaparement de gains’’
Un silence radio chez les autorités et les défenseurs des droits humains !
Face à cette situation qui s’aggrave au jour le jour, les autorités locales et nationales sont et demeurent sourdes et muettes. Or, l’interdiction de la mendicité dans les rues ne peut qu’être une bonne chose pour notre pays. Cela permettra d’inciter les jeunes au travail. Sinon, le jour où les maîtres coraniques n’arriveront plus à les maîtriser, les conséquences de cette pratique peuvent être toujours négatives. Elles peuvent engendrer le vol qualifié, le vagabondage, ou encore le braquage des paisibles citoyens.
Ces attitudes peuvent s’expliquer par le fait que certains talibés n’ont jamais opté pour ça dans leur vie mais le pratiquent par la force. Les organisations des Droits de l’Homme et celles des Droits des enfants n’opèrent-elles pas dans la 5ème région pour dénoncer ce phénomène? Cette interrogation est digne d’intérêt, d’autant plus qu’il est évident que ces talibés qui mendient n’ont aucun droit. Ils sont traités comme des esclaves ou des bon-à-rien.
De toute manière, si cette pratique a été très utile dans le passé, il en va de soi aujourd’hui qu’il faut revoir cette situation alarmante qui ne peut que freiner le développement de notre pays. Car, le monde a bien changé et cette pratique doit être réglementée par les autorités compétentes. Cela, afin qu’elle puisse s’harmoniser avec tous les secteurs productifs capables de propulser le pays vers un développement certain et durable.
Alfousseini Togo
Source: Canard de la Venise