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Lutte des classes sociales et gouvernance au Mali : Zéro pointé pour l’Etat malien !

« Prolétaires de tous les pays unissez-vous », disait ce penseur d’outre-tombe. N’a-t-il pas encore raison de nos jours ? Qu’en est-il de la lutte des classes au Mali ? Le constat de quelques faits suivants qui ne sont des secrets de polichinelle pourrait certainement nous édifier.

ville capital bamako quartier aci2000

• Les ayant été à l’école des blancs se considèrent supérieurs aux autres de l’école du village : C’est l’une des raisons  de l’échec de la gouvernance des collectivités locales. Au Mali, ce sont : les maîtres d’école, les encadreurs d’agriculture, les recalés de l’école primaire,  se classant supérieurs aux autres, qui dirigent les communes. Pour eux, parler un français bon ou mauvais est un critère de reclassement social. En un mot, il y a une nouvelle « bourgeoisie » qui se crée à la base pour prostituer les valeurs sociales séculaires de courage, de respect du bien commun et du respect de la dignité de la personne humaine.

• L’administration centrale au Mali est occupée par les « fils à papa »ou par ceux qui ont un statut social dans un Mali récent : Faites un tour dans la haute hiérarchie ; les enfants des paysans y sont rares. Est-ce leur faute si leurs papas tirailleurs sénégalais n’ont pas voulu vivre en ville en allant défendre les valeurs culturelles ? Les fonctionnaires maliens travaillent pour garantir leurs arrières en copiant souvent des dynasties dites fondatrices. On me dit que  c’est de leur faute s’ils refusent d’étudier dans les grandes écoles à l’extérieur qui entravertissent nos mœurs et cultures. Ces « fils à papa » et d’autres fils de paysans s’affrontent tous les jours dans la recherche d’emploi. Pour savoir cette réalité,  il s’agit de faire la cartographie de l’emploi au Mali par statut social.

Les fils des paysans sont plus nombreux dans le football, dans l’exploitation ordinaire, dans le gardiennage, dans l’aide-ménagère, etc. comme  nos « tounkaranké » bardés de diplômes et qui excellent dans « la plonge » ou dans la cueillette des fruits. Ils ne sont peut-être pas chez eux mais chez leurs maîtres autoproclamés. Beaucoup s’en remettent à Dieu et à leurs Dieux en venant avec des gris-gris et d’autres versets coraniques qui malheureusement ne les accompagnent pas jusqu’à l’ENA mais à la FLASH. Oui, c’est de leur faute  parce qu’ils sont mal nés !  Quand vous verrez le chancelier fixer un bout de fer en l’honneur,  vous voyez assez rarement ces exclus qui travaillent nuit et jour  dans les gros camions ou dans les champs. « Au bout du petit matin ma prière virile… Ils ne savent plus danser sur la chair de leur pieds…». A Douentza leur « Yodo-dji » n’est même pas utilisé pour les toilettes chez nous en ville.

• Le monde rural est exploité par le monde urbain : Il ne suffit pas de mettre en place un ministère du développement rural pour lutter contre les inégalités sociales. Mais il s’agit de développer des politiques et stratégies de création des richesses par une redistribution équitable sans distinction de classes sociales. Prenez n’importe quel produit agricole, le maillon production, occupé par le monde rural est le plus pénible et le moins valorisé. Le commerçant, le fournisseur, le fonctionnaire, etc. sont des véritables profiteurs de ces hommes et femmes qui travaillent tout le long de l’année sous un soleil dont aucun climatiseur ne peut adoucir les effets. Pendant les campagnes électorales, c’est eux qui sont mobilisés contre cube Maggie, t-shirt, thé. Dans tout ça, on leur demande de rester chez eux au village comme si le village n’est pas le Mali et que  le Mali n’est pas tout le monde.

• Les femmes rurales sont instrumentalisées par celles de la ville : Le fonds d’épanouissement de la femme au Mali ne différencie pas les femmes citadines et les femmes rurales dans l’allocation des ressources. Si celle de la ville va en Chine celle de la campagne veut juste vendre à perte un mouton embouché à un commerçant du village. Si le moulin est une avancée technologique pour les villageoises, il faudra un siècle pour celles-ci de voir un supermarché des précuits. Pitié ! les femmes rurales se meurent avec le Mali et l’Afrique. Ne faisons plus semblant mais faites à cause de Dieu. Ce n’est pas le Dieu du dollar américain sur lequel il est écrit : « In god we trust ». Ce ne sont pas les mêmes dieux, car le Dieu du capital et le Dieu des humains sont différents.

• Les fils du paysan sont pris en otage par le système : Ceux d’entre eux qui arrivent à se faire un chemin sont vite exclus pour leur franchise, leur travail bien fait et pour leur place dans les syndicats. Donnez-moi le nom d’un fils de président, de ministre, d’un autoproclamé fondateur de dynastie, qui est chef de syndicats. Personne ! mais nos centrales syndicales et nos comités syndicaux sont occupés par ces fils exclus qui essayent de s’effrayer un chemin au soleil.

• Les inégalités ont tellement installé la pauvreté économique en campagne que celui qui sait lire le coran ou la bible se voit classe supérieure et instrumentalise la religion : Pour le moment, le dialogue inter religieux arrive à cacher la forêt des conflits. Les religions importées font énormément de dégâts dans nos villes et villages. Ici le village, par ignorance, se place en tête de peloton. C’est quoi la laïcité ? c’est quoi la sécularisation ?  La réponse à la première question est la gestion de la minorité dans la diversité. La réponse à la seconde est le respect et la liberté  de pratiquer la religion ou de croire en un Dieu de l’individu. Attention, il faut éviter dans les analyses le relativisme absolu et l’absolutisme absolu !  Le monde est une nuance !

A quand le Mali du paysan ?

SDF

Source: Le Libéral

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