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Au Mali, l’embargo commence à peser sur les populations

Depuis le coup d’État du 18 août, la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest a décidé de suspendre ses échanges financiers et commerciaux avec le Mali, à l’exception des produits de première nécessité. Cet embargo partiel n’est pas complètement appliqué, mais la Cédéao menace d’un embargo « total » cette fois si la junte qui a pris le pouvoir ne nomme pas d’ici mardi prochain un président et un Premier ministre civils. Une perspective redoutée notamment par les commerçants qui importent des produits de la Côte d’Ivoire. Pour eux, les conséquences se font déjà sentir. Reportage au marché Dosolo Traoré à Bamako.

Seydou Diakité, contrôleur qualité au marché Dosolo Traoré, se désole devant une cargaison d’oranges importées en train de pourrir au pied d’un camion : « Voilà, tout cela, c’est gâté. C’est à jeter ! ». A cause de l’embargo, les marchandises qui transitent par la Côte d’ivoire mettent trois fois plus de temps que d’habitude pour arriver tellement abimées que certains jours, elles ne sont même plus déchargées : « Il y a des postes de contrôles tous les 20 ou 40 kilomètres. Les marchandises sont gardées sur la route. On en a marre. On souffre avec cet embargo », se désole-t-il.

Kadja Sylvie, vendeuse dans une travée voisine, a beau casser les prix. Elle peine à écouler cette marchandise à peine arrivée et déjà avariée : « Les clients font le tri, ils achètent les oranges pas trop abimées, raconte-t-elle. Et les autres je n’ai plus qu’à les jeter. Pour essayer de m’en sortir, je vends les trois oranges à 50 francs CFA au lieu de 100 francs d’habitude. »

À ces délais d’acheminement rallongés s’ajouter un autre défi pour les importateurs : payer les fournisseurs. À cause de l’embargo sur les transactions financières, Mamadou Diallo, secrétaire exécutif d’une association de grossistes : « Si nous voulons envoyer par exemple de l’argent à Daloa, la région bananière de Côte d’Ivoire, ce n’est pas possible, explique-t-il. Nous sommes bloqués, c’est très difficile. Donc, on prend le risque d’envoyer de l’argent avec les chauffeurs. » L’argent est ainsi convoyé en voiture. « C’est très risqué parce qu’il y a les coupeurs de route. On est attaqués sur la route », souligne-t-il.

Chacun appelle donc la Communauté économiques des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) à lever l’embargo, dont les premières victimes disent-ils, ne seront ni les hommes politiques ni les militaires, mais la population malienne.

RFI

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