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Assises de Bamako : Soirée dramatique

Il a invité son ami d’enfance pour « arroser » la fin d’un différend qui les opposait. C’était pour se débarrasser de lui de la façon la plus horrible

 

En milieu de semaine dernière, les juges de la Cour d’appel avaient en face d’eux HS, un porteur d’uniforme qui a comparu pour des faits « d’assassinat », suite à la découverte, en 2017, du corps sans vie de celui que l’inculpé considérait lui-même comme un de ses meilleurs amis à l’époque. Matinalement ce jour-là, de 2017 la dépouille de ce jeune homme avait été retrouvée sous la véranda de l’accusé, après que les deux amis se soient quittés quelques heures plus tôt, au terme d’une nuit d’intenses causeries.

Après la découverte macabre, les enquêteurs ont considéré le porteur d’uniforme comme étant le suspect numéro un dans la mort de son ami. C’est pourquoi, à la suite de la procédure judiciaire enclenchée en l’espèce, HS a été inculpé d’assassinat pour être renvoyé en Cour d’assisses, afin d’y être jugé conformément à la loi. Car, l’assassinat est une infraction criminelle prévue et punie par les dispositions des articles 199, 200 et 24 du code pénal pouvant donner lieu à des peines criminelles.

De l’acte d’accusation et de renvoi en assises, il est ressorti que HS et BC alias « 13 » étaient des amis d’enfance qui se fréquentaient régulièrement. Et cela était un fait connu de tout le voisinage du quartier où ils ont passé leur enfance. Avec le temps, c’est la distance qui semblait les séparer. L’un est resté en centre ville, et l’autre s’est retrouvé à la périphérie de la capitale. Ainsi, HS était désormais logé à Sénou, un quartier de la périphérie de la capitale, alors que son ami BC, lui logeait à Sogoniko, en Commune VI du District de Bamako. Mais qu’à cela ne tienne, les deux amis entretenaient toujours de bons rapports.

Un jour de 2017, HS a eu l’idée d’inviter son ami BC chez lui à Sénou. En bon ami d’enfance, difficilement BC pouvait refuser cette invitation, quelle que soit la distance qui les séparait. Ensuite, tout est allé vite comme sur des roulettes entre les deux amis. Ils avaient pris la route à Sogoniko ensemble pour rallier Sénou. Mais pour que cette soirée reste dans leurs mémoires, ils ont eu l’idée de l’agrémenter au maximum. Pour cela, ils ont acheté une quantité de boissons alcoolisées pour bien « arroser » la soirée.

En réalité, nous apprendrons par la suite que les deux amis avaient un précédent fâcheux. Apparemment, le porteur d’uniforme avait initié cette invitation dans le but « caché » de passer l’éponge sur ce différend qui l’opposait à son ami d’enfance. Mais, la suite les évènements a prouvé qu’il avait une autre idée derrière la tête.

Lorsqu’ils avaient pris la route cette nuit-là, ils ont bifurqué dans une échoppe pour faire le plein de boissons alcoolisées. Les choses ont évolué ainsi jusqu’à une heure tardive de la nuit. C’est à ce moment que HS a saisi l’occasion pour appeler au téléphone deux autres amis communs B dit « Levieux » et un certain M. Il a demandé à ces derniers de se joindre à eux à Sénou afin de faire la fête ensemble.

D’après HS lui-même, c’était donc une bonne occasion d’aplanir le différend qui l’opposait à BC depuis un moment. Les choses seraient allées ainsi jusqu’au lendemain. Bizarrement, après tout cela, au lever du soleil, le corps sans vie de BC, connu sous le surnom de “IB” a été découvert sous la véranda de HS, celui là-même qui avait initié l’invitation nocturne de la veille. Dès lors, les choses ont pris une tournure dramatique pour la partie invitante.

Considéré comme le suspect numéro un de cette mort inexpliquée d’un de ses invités, HS a été interpellé par les gendarmes de la Brigade territoriale de Faladjé. De fil en aiguille, une information judiciaire a été ouverte à la suite de laquelle, le porteur d’uniforme et ami d’enfance de la victime, a été considéré comme le principal suspect dans la commission de l’infraction criminelle citée plus haut.

Durant l’instruction du dossier, le jeune homme a mélangé les pédales. Dans un premier temps, il a tout simplement nié les faits. Pour étayer cette dénégation, il a soutenu mordicus, ignorer totalement l’identité même du défunt. Puis, il se contredit en avouant avoir reçu les trois invités la veille du drame. Comme pour ne rien arranger dans tout çà, il a tenté de brouiller les pistes en expliquant qu’au cours de la nuit, il était allé au lit, après avoir pris congé de ses trois invités qui discutaient chaudement. Il s’était endormi avant de se réveiller le matin pour faire la découverte macabre.

à la suite de ces déclarations, les gendarmes avaient mis la main sur les deux autres. Mais il s’est trouvé que la conjonction de plusieurs facteurs impliquait fortement le porteur d’uniforme. Ce qui fait que la seule responsabilité de celui-ci a été établie.

à la barre, face aux jurés l’inculpé est resté constant dans ses déclarations. Tout ce qu’il a reconnu, c’est le fait que la victime était un ami d’enfance, a catégoriquement rejeté toute idée de sa responsabilité dans la mort de celui-ci. Bizarrement, l’inculpé ne savait plus sur quel pied danser. Sans hésiter une seconde, il a cité le nom des deux autres amis comme étant les responsables de la mort de BC. Selon l’accusé, ces derniers l’auraient tué pour se venger de lui.

Visiblement, l’accusé tournait au tour du pot en évitant soigneusement les questions se rapportant au déroulé même des faits. Malgré des heures de débats, le mobile du crime est resté méconnu. Toutefois à certaines questions, il a préféré garder le silence. Les jurés ont conclu qu’il avait quelque chose à avoir avec la mort de son ami d‘enfance. En outre, en aucun moment l’inculpé n’a pu convaincre la Cour de sa non participation dans cette mort, alors qu’il était accablé partout dans le dossier.

L’exemple le plus papable, c’était le fait que l’inculpé n’a même pas pu expliquer de façon claire, la façon dont la dramatique soirée s’était passée. Ainsi, les jurés avaient fini par déceler qu’il avait choisi le mensonge comme moyen de défense. De l’avis du parquet, l’accusé refuse tout simplement de collaborer avec la justice pour la manifestation de la vérité. C’est pourquoi, il a requis de le maintenir dans les liens de l’accusation sans bénéfice de circonstances atténuantes.

Le conseil était loin d’être de cet avis. L’avocat a plaidé la non culpabilité de son client, faute de preuves l’incriminant. Les juges ont, au contraire, estimé que les preuves étaient suffisantes contre l’inculpé. Sans autre forme de procès, la Cour l’a reconnu coupable d’assassinat et il a écopé de la peine de mort.

Aminata DIARRA

Source : L’ESSOR

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