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Assemblée Nationale : La DPG du PM Abdoulaye I Maïga adopté par l’Assemblée nationale sans le quitus de l’opposition

Après la présentation de la Déclaration de politique générale (DPG) du Premier Ministre, Abdoulaye Idrissa Maïga le lundi 12 juin dernier, les débats autour de cette DPG ont eu lieu hier jeudi 15 juin 2017 à l’Assemblée nationale du Mali. Comme on pouvait s’y attendre, cette DPG est passé comme lettre à la poste malgré les observations et inquiétudes formulées par les députés. Si le texte fut adopté par la majorité présidentielle, l’opposition a refusé de donner son quitus en évoquant l’insuffisance du texte et l’illégalité du gouvernement qui ne respecte pas la loi sur le genre. Ainsi, la DPG a été adoptée par la majorité des députés à hauteur de 108 voix pour, 35 voix de l’opposition ont voté contre et zéro abstention. Les travaux étaient présidés par le président de l’Assemblée nationale, l’honorable Issaka Sidibé, en présence des membres du gouvernement avec à leur tête, le premier ministre, Abdoulaye Idrissa Maïga, chef du gouvernement et d’autres personnalités.

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Les députés ont débattu autour de la DPG du PM durant toute la journée d’hier. Si la majorité a apprécié le document soutenant qu’il prend en compte les aspirations du peuple malien, par contre, l’opposition l’a carrément rejeté tout en expliquant que cette DPG est insuffisante. Au cours de leur passage, les députés de la majorité ont tous évoqué leur satisfecit par rapport au texte. Selon Mamadou Diarrassouba du groupe RPM, cette DPG répond aux attentes du peuple malien. Avant d’ajouter que l’insécurité au Mali est réelle. A cet effet, il a invité le gouvernement à prendre des mesures courageuses pour juguler ce problème d’insécurité. Mme Haïdara Aïchata Cissé (Chato) du groupe APM (Alliance pour le Mali) abonde dans le même sens. S’adressant au Premier Ministre, l’honorable Chato a fait savoir que la mise en place du MOC (Mécanisme Opérationnel de Coordination) à Gao est à saluer mais le constat sur le terrain est qu’il y a beaucoup de problèmes. « Monsieur le Premier Ministre, pouvez-vous nous dire le résultat des enquêtes et les dispositions qui ont été prises pour mettre les bandits hors d’état de nuire ? Quel est le rôle de la Minusma pour aider les FAMA à ramener la sécurité afin de rassurer les populations? Quels sont les critères d’embauches des membres du MOC ? Il nous revient avec insistance que certains membres du MOC s’adonnent à des actes de banditisme. Si cela est prouvé, que comptez-vous faire pour y remédier ? A quand sa fonctionnalité dans les autres régions ? Comment expliquez-vous que, malgré les moyens sophistiqués : drones, hélicoptères dont disposent la Minusma, il y a régulièrement des roquettes lancées sur la base de Tombouctou. Ces équipements ne peuvent-ils pas détecter ces roquettes ? », s’interroge-t-elle. A ses dires, le Mali ne pourra jamais être en sécurité tant que le désarmement de tous les groupes et de tous les individus n’est pas effectif. « Dans le Nord et au centre du Mali, les armes se vendent sans contrôle, cela n’est pas de nature à ramener la sécurité tant recherchée », a-t-elle dit. Pour Me Zoumana N’Tji Doumbia du groupe APM, deux points ne figurent pas dans la DPG dont le découpage administratif. Par ailleurs, il a souhaité la mise en circulation du train voyageur. L’honorable Youssouf Aya du groupe Adema s’est réjoui de la mise en place du conseil national du dialogue social. Avant d’inviter le gouvernement à œuvrer pour la sécurité alimentaire au Mali. En outre, il a attiré l’attention du chef du gouvernement de l’absence des FAMA dans certaines parties du pays. L’honorable Yaya Sangaré du groupe Adema a aussi attiré l’attention des autorités sur la cherté de la vie au Mali. Le seul député non inscrit, Ilias Goro du Pdes a fait savoir que l’heure n’est pas aux bonnes paroles mais aux actikldsons.

Le président de l’hémicycle Issaka Sidibé accusé de traitement inégal

Quant aux députés de l’opposition, ils ont développé les « carences » du document présenté par le chef du gouvernement. Amadou Maïga du groupe VRD a posé des questions sur  la mission de bon office qui doit se rendre à Kidal d’ici le 30 juin : « La rencontrera qui et négociera avec qui ? « Au finish le projet d’alimentation de Bamako à partir de Kabala va coûter combien car chaque année nous votons des conventions de financement de ce projet et quel est le délai d’exécution des travaux car nous ne sentons pas l’amélioration sur la vie des citoyens de BKO en eau potable », a-t-il dit. L’honorable Seydou Diawara du groupe VRD a rappelé le sulfureux dossier des « Engrais frelatés ou Engrais de mauvaise qualité » ayant ébranlé l’opinion nationale en général et le monde paysan en particulier.  Plus loin, Seydou Diawara a protesté contre ce qu’il appelle le « traitement inégal » de la part du président de l’hémicycle suite à l’empêchement de l’honorable Alkaïdy M Touré du groupe VRD de parler au pupitre. Par contre, dit-il, d’autres députés de la majorité ont eu l’opportunité de parler au pupitre dans la matinée. Le député Amadou Cissé a fait savoir que l’aggravation de la crise a occasionné la fermeture de 300 écoles au nord. Quant à Mamadou Hawa Gassama Diaby, il a déploré la nomination de Tieman H Coulibaly  comme ministre. « Où sont partis les 6 000 milliards de FCFA lors de la visite du président IBK en Chine en 2014 ? A quand le goudron et l’aviation à Yélimané ? Ou encore c’est une fausse promesse du pouvoir en place ? », s’interroge-t-il. Pour Soyba Coulibaly du groupe Adp Maliba-Sadi, la faisabilité des actions inscrites dans cette DPG est incertaine. Il a invité les autorités à prendre des mesures idoines pour endiguer les conflits intercommunautaires au même titre que le terrorisme. Nanko Amadou Mariko du groupe Adp-Maliba/ Sadi s’impatiente de l’opérationnalisation de la force G5 Sahel. Kalilou Ouattara du même groupe parlementaire a été catégorique : «  il y a beaucoup d’obstacles devant le PM. D’abord, un gouvernement pléthorique. Ensuite, dit-il, ce n’est pas une insécurité, c’est une guerre contre l’Etat car, les symboles de l’Etat sont attaqués tous les jours. »

En réponse aux questions des députés, le PM, Abdoulaye Idrissa Maïga a reconnu que la situation sécuritaire au nord et au centre est grave. Avant d’ajouter que des dispositions sont prises pour assurer la sécurité de la population. Selon lui, il n’était plus nécessaire d’acter la loi portant révision de la constitution du 25 février 1992 à la DPG qui a déjà fait l’objet de vote par l’assemblée. Dans la même veine, il a invité la population à s’approprier du texte portant révision de la loi fondamentale. Il a souligné que des dispositions seront prises pour la bonne organisation du referendum sur toute l’étendue du territoire nationale. A l’en croire, l’armée sera à Kidal, dans un premier temps sous forme de MOC (Mécanisme opérationnel de coordination) et progressivement avec les FAMA. Après avoir mis l’accent sur le processus de DDR (Démobilisation, Désarmement et Réinsertion), le premier ministre a fait savoir que les camps de Nara et de Nampala sont en construction. S’agissant de l’opérationnalisation de la force G5 sahel, le chef du gouvernement a indiqué qu’elle se déploiera dès qu’elle sera autorisée par le conseil de sécurité des Nations Unies. Concernant le dossier d’engrais frelaté, il a fait savoir que le dossier est devant la justice. A l’en croire, l’académie de Douentza verra le jour en 2018. Aux dires du premier ministre, le train voyageur sera opérationnel dans 7 mois. Et de poursuivre que des milliards seront mobilisés pour le financement des projets.

« La DPG ne convainc pas »

Dans sa consigne de vote, le président du groupe parlementaire VRD, l’honorable Mody N’Diaye a fait savoir que la présente déclaration engageant la responsabilité politique du Gouvernement  pour une période maximale de 14 mois se présente comme celle où les préoccupations actuelles du peuple ne sont pas suffisamment prises en compte. « D’abord, pour un Mali en paix, les mesures que vous préconisez sont tout simplement illusoires. En effet, que nous propose votre Gouvernement? Rien que des missions de bons offices pour rendre effective la présence de l’État dans les zones du Nord, du delta du Niger et de la boucle du Niger. Ceci dénote à suffisance l’inefficacité  des outils utilisés jusqu’à présent: un Accord pour la paix inopérant, une mise en œuvre de la loi d’orientation et de programmation militaire inefficiente malgré les moyens budgétaires  colossaux consentis », a-t-il dit. Par ailleurs, dit-il, le Gouvernement ne mesure certainement pas l’urgence des réformes indispensables pour améliorer le système électoral, un des plus désuets de la sous-région. A ses dires, le référendum constitutionnel qui fait l’objet de toutes les préoccupations actuelles du peuple, prévu le 9 juillet 2017 n’est même pas évoqué dans la DPG. « Les élections locales et régionales annoncées pour la fin de l’année ne semblent pas être non plus une de vos priorités parce que vous ne les évoquez même pas. Quant aux élections générales de 2018 énoncées en une phrase  dans la DPG, elles ne font l’objet d’aucune mesure et d’aucun  engagement du Gouvernement pour assurer des élections transparentes et crédibles. Vous devez vous rappeler toutes les difficultés que rencontrent les maliens de l’intérieur et de la diaspora pour l’obtention des cartes NINA et des passeports. Faites en une priorité, Monsieur le Premier ministre », a-t-il souhaité. Selon lui, le dialogue social préconisé par le PM n’est pas suffisant. « L’accalmie  actuelle du front social paraît précaire et trompeuse car la plupart des mouvements de grève sont tout simplement suspendus dans l’attente des échéances convenues. Quant au monde du football l’incertitude pour le dénouement de la crise est très grande », a-t-il dit. Quant au programme présidentiel d’urgences sociales, dit-il, six mois après son annonce, aucune inscription budgétaire spécifique n’est encore faite. En 2018, le chiffre annoncé de 2201 milliards FCFA pour ce programme affectera la soutenabilité du budget de l’État. De toute évidence, la proposition du Gouvernement d’impulser l’investissement, les mines, l’industrie, l’emploi, l’agriculture, à travers ce programme d’urgences sociales est inconséquente, a-t-il dit. L’honorable Mody N’Diaye a souligné que les promesses faites à l’issue des tables rondes de Bruxelles et de Paris ainsi que la mémorable visite du Président de la République en Chine restent désespérément encore non tenues. A l’en croire, les maliens subissent un quotidien insoutenable et injustifié au regard des efforts exceptionnels que nos populations consentent au Budget de l’État dont le montant sur les cinq ans dépassera les 10.000 milliards de FCFA. « Monsieur le Premier ministre savez-vous que le petit commerce se meurt, les artisans sont désespérés, le secteur informel est à l’agonie, et les investisseurs désertent notre pays. Votre déclaration de politique générale ne convainc pas, ne crée pas l’espoir, ne mobilise pas et n’appelle pas au génie créateur de notre peuple. Elle n’ouvre aucune perspective à notre jeunesse, l’avenir de notre nation. Nous aurions dû refuser de recevoir votre Gouvernement dans cette enceinte. Ici nous votons les lois au nom du peuple malien et l’exécution des lois relève du Gouvernement. Aujourd’hui encore votre Gouvernement dans sa constitution viole la loi de 2015 relative à la promotion du genre dans les fonctions nominatives et électives. Au regard de tous les points d’insuffisance relevés ci-dessus et aussi de l’illégalité de ce Gouvernement, le Groupe VRD a décidé de ne pas vous accorder, Monsieur le Premier ministre, sa confiance », a conclu Mody N’Diaye.

A l’issue donc des débats, la DPG du PM a été adoptée à la majorité des députés à hauteur de 108 voix pour 35 voix de l’opposition ont voté contre et zéro abstention.

Aguibou Sogodogo

Source: Le Républicain

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