Le samedi 23 janvier dernier, vers 21H, Boubacar Fall, 44 ans ingénieur de son état, originaire de Nara et son épouse Maïmouna Sissoko dite Kamissa, une gestionnaire de formation, tous domiciliés à Baco Djicoroni ACI se rendaient à bord de leur Toyota immatriculée AL 2608 MD au dîner de mariage d’Aïssata Traoré, la fille du Pr. Dioncounda Traoré, président de la transition, qui avait lieu à l’hôtel Radisson Blu. En cours de chemin, M. Fall qui soupçonnait son épouse d’adultère avait dissimilé un pistolet sur lui qu’il a utilisé pour la flinguer à la nuque. Pourchassé et rattrapé par la police alertée, il menace de se suicider et n’acceptera de désarmer puis de sortir de son véhicule que vers 4H du matin.
Le 5 Février 2015 à la suite d’une dispute entre conjoints, feue Mariam Diallo fut poignardée à mort par son époux sous les yeux de leur fille de 3 ans. Le coupable avait été interpellé et placé sous mandat de dépôt (mais il serait déjà libre selon certaines sources). Près d’une année après ce forfait, voilà que l’histoire se répète au quartier chic de Hamdallaye ACI 2000 où un cousin de l’ancien chef de l’Etat, Dioncounda Traoré, a abattu son épouse d’une balle dans la tête dans la nuit du lundi 23 au mardi 24 janvier 2016. C’est dans le souci de prévenir toute récidive et rendre hommage aux disparues, que le mouvement Halte aux violences conjugales (H.V.C) a organisé une marche ce samedi 30 janvier dernier. Femmes parlementaires, associations féminines, défenseurs des droits de l’homme, hommes et femmes, ont été nombreux à marcher du monument de l’Indépendance au Centre Aoua Kéita pour réclamer une tolérance zéro contre de tels crimes, la criminalisation des violences conjugales et le renforcement et l’application des lois en vigueur. Ils scandaient en brandissant des banderoles : « Une de plus, une de trop », « tapez sur votre tamtam, pas sur votre femme », « Hommage à Mariam et Kamissa ».
Plus jamais ça !
Certaines des manifestantes sensibles n’ont pas pu retenir leurs larmes. Toutes partageaient le chagrin et la douleur des familles endeuillées. Vu que les violences conjugales sont un fléau récurrent dans notre pays, le mouvement H.V.C appelle ses sympathisants à la vigilance pour que des femmes ne meurent plus dans l’ombre et dans l’anonymat sous les coups de leurs conjoints. Le dernier mot fut une demande au gouvernement d’instituer la journée du 5 février comme Journée nationale de lutte contre la violence conjugale au Mali. Il est important de souligner qu’il n’y a pas que les femmes qui sont victimes de violences conjugales. Madame Fomba, Fatoumata Niambaly, présidente des femmes parlementaires l’a du reste rappelé dans son intervention. Les hommes en souffrent aussi. Dans la nuit du dimanche 8 novembre dernier, vers 2H du matin, Yaya Traoré, un mécanicien chef de garage de 45 ans, originaire de Mopti, domicilié au Badialan III (Koulouba s’en est fait l’écho en son temps) est surpris dans son sommeil par la mère de ses deux enfants, Koumba Dembélé, enceinte de huit mois. Il fut abattu à coups de poignard pour la simple raison qu’il voulait prendre une seconde épouse.
C’est dire que la violence conjugale n’a pas de sexe. Une grande conscientisation des couples doit être faite pour éviter ces crimes passionnels. Et les assassins hommes ou femmes doivent être sévèrement pénalisés. Ce n’est que dans l’application stricte de la loi que le criminel craint la Justice. Pour revenir au cas Kamissa qui a fait lever le lièvre, son assassin d’époux, Boubacar Fall n’a pas nié le mobile passionnel du meurtre de la mère de ses deux filles à l’interrogatoire. Pour lui, celle-ci le trompait avec un autre, prêt à la remarier après leur divorce. L’atmosphère du couple était donc polluée régulièrement par ces scènes de jalousie qui avaient chassé la confiance. Ne voulant donner aucune chance à son concurrent imaginaire, il s’achète un pistolet de fabrication française, neuf millimètres qu’il cache sur lui. Ce samedi 23 janvier, un dîner était organisé à l’hôtel Radisson Blu de Bamako, à l’occasion du mariage de la fille du Pr. Dioncounda Traoré du nom d’AïssataTraoré. Originaire de Nara comme le président Dioncounda, d’où le lien de cousinage, apprend t-on, il faisait partie des convives. Vers 21 H, entre la BMS et la BNDA, il sort son arme et tire à bout portant dans la nuque de son épouse. Le coup de feu alerte la foule de porteurs d’uniforme en faction dans la zone. Le commissariat de police du 14e arrondissemnt informé, pourchasse la voiture suspecte. Elle est rattrapée non loin du gouvernorat. Mais le conducteur refuse de se désarmer et même de sortir de la voiture, menaçant de se suicider si la police utilise la force. Une quinzaine d’hommes en uniforme, la garde rapprochée du Pr. Traore semble t-il, se présente sur les lieux, au nom parait- il de son cousin Dioncounda. Mais ce n’est que vers 4H du matin qu’il va céder. Entre temps, sa victime s’est vidée de son sang. Elle est évacuée aux urgences du CHU Gabriel Touré où le décès est confirmé. Boubacar est conduit à bord d’un 4X4 à la police. Les parents de la victime redoutent une banalisation du meurtre en raison de la qualité du suspect.
Source : autre presse