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Article 39 : Plus dure devient la lutte

En dépit de la décision des enseignants de boycotter les examens de fin d’année pour « cause de non application de l’article 39 », le gouvernement a décidé de les organiser en collaboration avec ceux du secteur privé. Une décision qui a mis en colère les éducateurs, qui ont enclenché une série de manifestations à travers le pays. Amplifiant le climat déjà tendu entre les deux camps.

 

Entre les syndicats de l’Éducation signataires du 15 octobre 2016, campés sur l’application de l’article 39, et le gouvernement, décidé à unifier la grille des salaires, le bras de fer continue après l’échec des négociations la semaine dernière. Conséquence : les éducateurs ont lancé une grève du lundi 9 août au vendredi 27 août. En cause, entre autres, selon eux, la volonté manifeste du pouvoir en place de ne pas appliquer les lois de la République, le non respect du statut des enseignants, les intimidations et les menaces du gouvernement et la violation de l’espace scolaire par les forces de l’ordre dans certaines localités du Mali. Les syndicats de l’Éducation ont entamé une désobéissance civile à travers le pays. « Article 39 ou rien », scandent-ils. Le lundi 9 juillet, à Bamako et dans plusieurs capitales régionales, ils ont pris d’assaut les centres pour empêcher la tenue des examens des BT 1 et 2. En dépit de la mise en échec de cette stratégie par les forces de sécurité, les enseignants entendent continuer les même actions pour la fermeture « jusqu’à nouvel ordre » de toutes les structures de l’Éducation, en vue d’empêcher la tenue des épreuves du DEF et du BAC, annoncées pour les semaines à venir. « C’est une véritable mascarade qui est en train de s’organiser. Si les parents d’élèves sont conscients de ce qui est en train de se passer, ils ne laisseront pas leurs enfants allez faire leurs examens », tempête le porte-parole du syndicat des enseignants signataires du 15 octobre 2016, M. Ousmane Almoudou Touré. Ce dernier accuse le gouvernement d’aller « ramasser des gens par ci par là » pour surveiller les examens. « C’est pour nous une manière de banaliser la profession d’enseignant et nous ne pouvons pas accepter cela. On ne surveillera pas et on ne corrigera pas les examens », fustige-t-il. Néanmoins, relativise M. Touré, avec l’implication de certaines associations de parents d’élèves pour la suspension de la désobéissance civile, la mesure pourrait être annulée.

Déterminer

Malgré leur insistance, le gouvernement, après les épreuves du CAP et des BT1 et 2, planifie celles du DEF et du Bac pour les semaines à venir. « Nous assurons les parents, les élèves, le personnel d’encadrement et les surveillants que toutes les mesures sont prises sur les plans sécuritaire et pédagogique pour que les examens se passent normalement », promet la ministre de l’Éducation, Mme Sidibé Dédeou Ousmane. Pour elle, l’école « est l’affaire de tous ». Dans ce cadre, elle appelle au calme. « Des actes de vandalisme ne doit pas venir de responsables de l’école. Nous appelons à la retenue, car c’est l’avenir de nos enfants qui est en jeu », moralise Mme la ministre.  En dépit de l’assurance donnée par le Premier Ministre, Choguel Kokalla Maïga, de la non abrogation de l’article 39, lors de la présentation du Programme d’action gouvernemental, le 30 juillet 2021, la synergie des enseignants campe sur sa position de boycott des examens et de rétention des notes. « Dire que l’article 39 n’est pas abrogé n’est pas vrai. En la circonstance, l’article doit apporter des changements de l’ordre de 15,17% de bonification aux enseignants. Si on refuse de leur accorder cette augmentation, cela veut dire que ce n’est pas appliqué», dément le porte-parole. D’après lui, « les enseignants du Mali resteront déterminés jusqu’à l’application de l’article 39 ».

Lueur d’espoir

En dépit du manque de consensus entre le gouvernement et les syndicats des enseignants signataires du 15 octobre 2016, les négociations continuent. « Nous nous sommes rencontrés le mardi 10 août 2021. Malgré plusieurs heures de discussions, nous n’avons toujours pas trouvé de terrain d’entente », regrette Amadou Coulibaly, le Secrétaire général du Syndicat national de l’Éducation de base (SYNEB). Néanmoins, une lueur d’espoir reste à l’horizon : les négociations se poursuivront ce vendredi 13 août.

Aly Asmane Ascofaré

Source : Journal du Mali

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