Une avancée bien timide. Pour la première fois dans l’histoire du royaume saoudien, les femmes votent ce samedi lors d’élections municipales auxquelles 900 d’entre elles sont également candidates aux côtés de 6000 hommes. Il s’agit d’un petit pas en avant vers l’égalité des sexes dans un pays ultraconservateur, dominé par le patriarcat, le seul au monde où les femmes ne sont toujours pas autorisées à conduire une voiture.
Seules 130.000 femmes se sont inscrites sur les listes électorales, soit dix fois moins que les hommes. Certaines ont été disqualifiées, tandis que d’autres se sont retirées sous la pression, notamment de responsables musulmans locaux. Ne pouvant pas conduire, d’autres enfin ont dû renoncer, leurs maris ne pouvant ou ne voulant les conduire.
Préférant voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide, les féministes se sont tout de même mobilisées, même si elles n’ignorent pas qu’aucune femme ne devrait être élue à ces assemblées au pouvoir limité à la gestion des rues, des parcs ou du ramassage des ordures.
«La porte s’entrouvre»
«Je sais que je devrais renoncer, confie l’une d’elle à l’ONG Human Rights Watch, mais je suis tout de même allée m’enregistrer, c’est notre droit et comme c’est la première fois, nous n’allons pas le laisser passer. La porte s’entrouvre, nous allons nous engouffrer dans la brèche». Une autre regrette de ne pas avoir pu présenter ses idées aux hommes puisque les meetings mixtes ont été interdits. Une troisième enfin préfère carrément voter pour le candidat de sa tribu, ce marqueur fort de la société traditionnelle saoudienne. «C’est une bonne personne dont on a jamais dit de mal», explique à l’AFP Oum Mohammed, qui habite près de la frontière koweitienne.
Ici comme ailleurs dans le royaume, les candidats et candidates se sont rassemblés sous de grandes tentes traditionnelles où s’est déroulée la campagne. Une campagne très discrète, l’affichage des photos des candidats dans les rues et les lieux publics ayant été banni.
Les femmes furent autorisées en 2005 à être élues dans les chambres de commerce et en 2013, juste avant de mourir, le roi Abdallah nomma 30 Saoudiennes au majlis al-Shoura, un conseil consultatif. Dans un pays où les partis politiques sont interdits, le scrutin n’a guère plus attiré les hommes. Seuls 1,4 million d’entre eux se sont inscrits pour participer à ces troisièmes élections municipales depuis 2005. Les femmes espèrent toutefois que le pouvoir royal qui nommera un tiers des conseils municipaux en profitera pour y faire entrer des Saoudiennes. Moins ouvert au changement que son demi-frère, Abdallah, décédé en janvier dernier, le roi Salman semble vouloir avancer sur ce dossier de la participation des femmes à la vie de la cité. Mais à la vitesse que Riyad aura choisie. C’est-à-dire très lentement.
Source: Le Figaro