Après l’Allemagne, le nouveau président français, qui a prêté serment le dimanche dernier, foulera le sol malien cette semaine.
Au programme, une visite à la force Barkhane, basée à Gao. Ce voyage aux relents néocolonialistes renforcera davantage la mainmise de la France sur notre pays, livré à l’Hexagone depuis l’appel des apatrides maliens lancé à François Hollande pour, dit-on, sauver le Mali de l’occupation djihadiste programmée et planifiée par l’ancien président français Nicolas Sarkozy.
Ceux qui pensent que l’arrivée de Emmanuel Marco, âgé de 39 ans, à l’Elysée, sera une bouffée d’oxygène pour le continent africain, se trompent. Il est contraint de marcher dans les sillons tracés par ses prédécesseurs pour maintenir la position de la France sur l’arène internationale en appliquant la politique de pillage des ressources naturelles de l’Afrique sans lesquelles les industries de son pays seront à terre. Il n’y aura aucune rupture dans les relations franco- africaines.
D’ailleurs, elles vont davantage se renforcer à travers les réseaux comme la Françafrique, la Francophonie, le sommet Afrique- France pour permettre à son pays de faire tourner son économie afin de trouver une solution au problème de chômage, qui a fait chuter François Hollande, son prédécesseur.
La visite que Emmanuel Macron entamera au Mali s’inscrit dans le cadre du raffermissement de la Françafrique, un réseau à travers lequel la France tisse des relations solides avec des potentats africains décriés par les populations. Ce réseau a permis à la France de Macron de tripatouiller des élections en faveur de ses amis : Alpha Condé de la Guinée, Mahamadou Issoufou du Niger, Alassane Dramane Ouattara de la Côte d’Ivoire, Idriss Itno Déby du Tchad.
En retour, ceux-ci sont obligés d’attribuer tous les marchés de leurs pays aux entreprises françaises. Les Ivoiriens ne diront pas le contraire. Les multinationales françaises, Bouygues, Bolloré, Total, Castel, ont raflé tous les marchés au nez et à la barbe des sociétés ivoiriennes dont certaines ont commencé à mettre les clés sous le paillasson.
Et tant que ces chefs d’Etat servent les intérêts de la France, on ne crie pas violation des droits de l’homme, de violation de constitution, de biens mal acquis, de corruption, de malversations, etc. Mais une fois qu’ils tombent en disgrâce, ils sont accusés de tous ces maux comme s’ils n’ont pas pillé les ressources de leur pays pour la France.
Le cas malien est allergique. Le président IBK, au lieu d être à l’écoute de son peuple qui l’a élu avec 77, 66%, pour trouver des solutions idoines à la crise qu’il vit, depuis mars 2012, s’est mis dans les bottes de l’ancien président Français Hollande pour brader notre pays en signant des accords néocoloniaux avec la France.
Dans son zèle, il est allé jusqu’à qualifier François Hollande, son ami, d’être le seul président français ’’sincère et loyal’’ avec l’Afrique. Cette déclaration a été faite lors du sommet Afrique- France que notre pays a abrité, en janvier 2017. Tout cela pour être dans les bonnes grâces de François Hollande. S’il avait été sincère et loyal, Kidal, la 8èmerégion administrative du Mali, ne serait pas interdite à l’administration et à l’armée malienne.
Le président français ne dira rien de nouveau qui puisse mettre en péril les intérêts de son pays et de son peuple. Il ne s’affranchira pas des réseaux qui ont fait vivre la France.
Macron sera au Mali en conquérant. Et ses premières déclarations vont surprendre bon nombre d’Africains qui croient naïvement à la classe politique française et qui pensent qu’avec son âge qu’il aura rupture brutale dans les relations. Déjà, ceux qui ne le savent pas, il a annoncé les couleurs lors de son investiture, le dimanche dernier.
Emmanuel Macron a déclaré qu’il est l’espoir et qu’il va continuer l’esprit de conquête. Qu’on ne se cache pas la face ! Cet espoir annoncé est pour le peuple français et non pour un continent.
Mais l’esprit de conquête est pour l’Afrique. Il va poursuivre l’œuvre de recolonisation entreprise par son prédécesseur. Et la visite à la force Barkhane (4000 hommes) à Gao en dira long sur la suite des relations entre l’Afrique et la France. Cette force, au nom de la lutte contre le terrorisme, occupe cinq (05) pays du Sahel à savoir le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad.
Les présidents de ces pays ont tous privatisé une partie de leur armée au profit de la France. Le conquérant Macron viendra renforcer la mainmise de la France sur ces pays dont les dirigeants ont trahi leur peuple pour servir les intérêts impérialistes de l’hexagone.
Ce qui est sûr, l’épervier n’œuvrera jamais pour le bonheur des pou ssins. A bon entendeur, salut !
Yoro SOW
Source: Inter De Bamako