Ibrahim Boubacar Keita, a été investi hier, mardi 4 septembre 2018, pour son second mandat. Pour savoir les appréciations des Maliens, nous nous sommes approchés de certains qui se sont prononcés.
Porna Luc, secrétaire du Collectif des régions non opérationnelles (CRNOP) : Ce à quoi nous assistons aujourd’hui n’est qu’une mascarade »
Ma position est claire et précise. Je ne reconnais pas IBK comme le président de la République du Mali. Il a été élu sur la base de bourrages d’urnes, de l’achat de conscience et d’autres formes de fraudes. Il n’est pas celui choisi par les Maliens. Nous avons contesté les résultats proclamés par la Cour constitutionnelle et nous ne le considérons pas comme le président élu. Ce à quoi nous assistons aujourd’hui n’est qu’une mascarade. Son investiture est nulle et non avenue pour moi. Le président légitimement élu est Soumaila Cissé. On lui a volé sa victoire.
Tiemoko Koné, juriste de formation : « Ce que je peux dire, c’est qu’il n’est pas un président crédible »
Pour moi, la réélection d’IBK est un non-événement dans la mesure où lui qui doit être garant des textes des institutions, œuvre à ce que ces institutions ne fonctionnent pas normalement. Lui-même, il viole les textes. Il a été élu dans des conditions assez graves. Tous les Maliens peuvent en témoigner. Sa réélection a été contestée par la majorité de la population, ceux qui ont voté comme ceux qui n’ont pas pu voter. Je pense qu’élire un président dans ces conditions, ce n’est pas bon pour les Maliens. Ce que je peux dire, c’est qu’il n’est pas un président crédible. Il ne pourra pas travailler puisqu’il va commencer à se faire aimer. Nous sommes dans l’impasse.
Hadizetou Sidibé, blogueuse et entrepreneur, initiatrice d’Emball Paper : « Je ne suis pas d’accord avec les résultats proclamés par la Cour constitutionnelle, mais nous voulions la stabilité au Mali »
Personnellement, je ne suis pas d’accord avec les résultats proclamés par la Cour constitutionnelle, mais nous voulions la stabilité au Mali. Nous attendons beaucoup du président de la République, nous espérons que la jeunesse et les femmes seront une priorité, que l’État puisse investir encore plus dans les projets et également dans la gestion des déchets au Mali. Nous sommes inondés par les déchets, nous comptons sur le président de la République pour l’application de la loi contre l’utilisation et la commercialisation des sachets plastiques au Mali. Nous espérons que ces 5 ans seront les meilleures pour le Mali.
Par rapport à la cérémonie, je pense que le président de la République a fait passer un message, étant en compagnie de sa femme, consistant à montrer la grandeur et la place de la femme dans l’émergence d’un pays, voire de son développement durable.
Ladji Siaka Doumbia, écrivain : « Je suis certain qu’il lavera l’humiliation subit par les handicapés diplômés qui luttent depuis plus de vingt ans pour servir ce pays »
Je félicite Ibrahim Boubacar Keita pour son second mandat. En ma qualité de citoyen, d’écrivain, de chercheur, de leader des personnes handicapées, j’espère, comme de millions de personnes handicapées au Mali, la mise en œuvre du décret de protection sociale des personnes handicapées qu’il vient de signer il y a de cela quatre mois. Puisque c’est lui qui a permis l’intégration des diplômés handicapés à la Fonction publique avec dispense de concours quand il fut Premier ministre. En sa qualité de président de la République, ce décret de protection, je suis certain qu’il lavera l’humiliation subie par les handicapés diplômés qui luttent depuis plus de vingt ans pour servir ce pays. Pourquoi pas un handicapé diplômé dans un poste stratégique au ministère du développement social ? Ce ministère qui fut créé pour soulager les personnes handicapées est contrôlé par ceux qui n’attendent que le mois de solidarité pour nous filer des graines de céréales pourries, du lait et de l’huile frelatée. On a beau être administrateur social, on ne sentira jamais la souffrance enfouie dans le cœur d’une personne handicapée.
Éliane Ki, Professeur de philosophie : « venir prêter serment officiellement et ne pas s’acquitter de son devoir, c’est se moquer du peuple »
Ah, c’est pour berner à nouveau le peuple malien ! En réalité, je n’ai pas prêté attention à tout ce qu’a dit le nouveau président. Mais, une chose est sûre, l’investiture n’est pas mauvais en soi quel que soit le contexte dans lequel il se passe. Seulement, venir prêter serment officiellement et ne pas s’acquitter de son devoir, c’est se moquer du peuple.
LA REDACTION
Source: Le Pays