Ce n’est pas la sérénité parfaite dans la perspective des prochaines élections législatives. Les appétits ayant été sérieusement aiguisés à travers les batailles pour la réélection d’IBK, le risque de division est plus que réel au sein de la mouvance présidentielle. Surtout que le second mandat du président (réélu) dope les batailles de positionnement des uns et des autres, qui pêchent le « maintenant ou jamais » !
Ils sont nombreux les cadres des partis de la plateforme Ensemble pour le Mali (EPM) qui ont mouillé le maillot pour la réélection d’IBK et qui s’attendent à être récompensés au moins par un siège de député. Le gouvernement étant déjà formé avec 32 privilégiés, les autres cadres s’attendant à un renvoi d’ascenseur, se retournent vers la prochaine législature. Et dire que là aussi l’offre est inférieure à la demande ! C’est pourquoi, ça se marche sur les pieds, ça se bouffent le nez. D’où la multiplication des listes d’indépendants, drivées par des prétendants qui ont été laissés sur le carreau par les partis politiques.
Neuf prétendants sont enregistrés pour être porte-étendard du RPM pour le siège de député de la commune IV, en duo avec l’ADEMA-PASJ, représenté par la fille de Dioncounda Traoré, Aissatou Diyé Traoré dite Pitchou. Presque le même scénario est observé dans d’autres circonscriptions électorales, où les cadres du parti présidentiel ne soufflent pas dans la même trompette pour aller à ces législatives qui, visiblement, divisent. Issa Bakary Kéita, le secrétaire général de la section RPM de la commune IV peut bousculer le député sortant Moussa Diarra. Sans oublier les jeunes cadres comme Mamady Sangaré qui s’agitent. Ils seront face au duo de YELEMA formé par Moussa Mara et Moussa Bagayogo. Tandis que l’UDD de Tiéman Hubert Coulibaly, l’ASMA-CFP du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, le PRD d’Assétou Sangaré ne veulent pas se faire compter cette compétition électorale. Ce qui conduit l’alliance EPM en rangs dispersés pour la conquête des deux sièges de députés de cette commune.
En outre, en Commune III de Bamako aussi, la situation n’est pas rose. Le secrétaire adjoint du bureau de la jeunesse RPM, Massa Oulé Diawara, conteste ici la candidature de Bréhima Bomboté. Selon lui, les textes et règlement intérieur du parti ont été violés lors des primaires qui ont abouti à son choix comme candidat du parti. La tension est plutôt vive dans cette commune pour aller au scrutin législatif en rangs dispersés.
Selon Massa Oulé Diawara, secrétaire général adjoint de la jeunesse de la Commune III, le mardi 11 septembre, lors de la conférence de section III du district de Bamako, afin de désigner le candidat aux législatives, conformément aux textes, la conférence a été la grande bourde. “Il devait y avoir une conférence de sous-sections et comités pour non seulement la désignation des délégués, mais aussi porter l’avis aux militants ceux qui ont l’ambition pour les législatives. Ce n’est pas été le cas en Commune III”, affirme-t-il.
Les textes ont été tout simplement survolés, précise-t-il. “La conférence de section de l’autre jour était sélective : les délégués ont été choisis sur de bases discriminatoires. Selon les textes, normalement 80 membres devraient prendre part et les délégués des députés. C’est sur ces critères que le camarade Bréhima Bomboté qui a été choisi. Ce choix n’a pas été fait selon les textes du parti. Mieux, j’ai été même empêché d’avoir accès à la salle…”. Et de hausser le ton : “Je ne conteste pas la candidature de Bomboté, mais je me plains juste que mes droits ont été violés, poursuit-il. Nous avons informé la commission de supervision. Mais elle n’a pas voulu prendre ses responsabilités. Mais ce qui est sûr, je serai candidat avec ou sans le RPM…’’
Par ailleurs, les crises suite à l’élaboration de la liste des candidats du RPM ne se limitent pas seulement à ces deux communes, des batailles rangées sont annoncées à Kéniéba, à Sikasso, Ségou et dans d’autres circonscriptions électorales au sein du parti vert et or. Certains partis alliés se plaignent de la boulimie du parti présidentiel. Ce qui provoque de grandes fissures au sein de l’alliance EPM
Enfin, de l’autre côté, l’opposition URD-PARENA-SADI menace de boycotter les élections législatives se basant sur l’argument de la contestation des résultats de l’élection présidentielle. Si cela se confirme, l’on peut dire que les élections générales de 2018 auront été de véritables casus belli pour la clase politique malienne. Un facteur de division exacerbée ou une sorte de vecteur d’une nouvelle crise dans un laborieux processus de sortie de crise.