Un insecte a ravagé les récoltes du fruit le plus consommé du Nigeria, et les prix montent en flèche.
Au Nigeria, le groupe terroriste Boko Haram perd du terrain depuis plusieurs mois et la vie reprend peu à peu ses droits dans de nombreuses villes longtemps ciblées par les combattants islamistes. La capitale de l’Etat de Borno, Maiduguri, connaît même un boom immobilier. Une conséquence de la demande à nouveau forte pour de nouveaux logements.
Mais un autre danger menace le pays. Comme le rapporte le site américain Foreign Policy, une invasion de mites a grandement endommagé la récolte de tomates en ce printemps 2016. Le prix du cageot de tomates a été multiplié par 30 en quelques mois, alors que la production s’est effondrée de 80% dans l’Etat de Kaduna dans le nord du Nigeria, là où poussent la majeure partie des tomates nigérianes. Selon le magazine Forbes, l’homme le plus riche d’Afrique, Aliko Dangote, a même stoppé la production de sa pâte de tomate à cause de la pénurie.
La tomate est au Nigeria l’un des ingrédients de plusieurs plats traditionnels, dont le riz jollof, véritable plat national.
Climat empoisonné
Lundi 23 mai, le gouverneur de l’Etat de Kaduna a déclaré «l’état d’urgence de la tomate» dans sa province et le ministre de l’Agriculture, Audu Ogbeh, a annoncé le 24 mai que le gouvernement allait envoyer des experts dans le nord pour tenter de remédier à cette crise. Selon le ministre de l’Agriculture, 200 fermiers ont déjà perdu, au total, 5,1 millions de dollars à cause de la hausse faramineuse et des prix et donc par ricochet: de l’effondrement des ventes. Signe que cette crise empoisonne le climat au Nigeria, le ministre Audu Ogbeh a accusé le Niger voisin d’être à l’origine de l’invasion de mites.
Pour Foreign Policy:
«La crise de la tomate est un nouveau coup dur pour la région instable du nord du pays, où les terroristes de Boko Haram ont tué des milliers de personnes et provoqué la fuite de millions de réfugiés ces dernières années. La pénurie de la tomate est une crise d’un genre différent, selon le ministre Ogbeh, mais une crise tout de même.»
Festival de la tomate en Espagne
Ironie de l’histoire, au moment où les fermiers nigérians pleurent leurs récoltes ravagées, l’Espagne fête son festival de la tomate dans un climat d’abondance. Sur le réseau social Twitter, de nombreux nigérians ont souri jaune devant cette inégalité de la nature.
«Alors que le Nigeria souffre d’une pénurie de tomates à cause d’une épidémie de peste agricole, l’Espagne prépare son festival annuel de la tomate. Ironie de la vie», écrit un certain Shittu Olusegun.
Un autre internaute, Matt Eta, tweete lui sur le ton de l’humour en joignant un montage photo à ces mots: «Les tomates fraîches ressemblent à de l’or maintenant au Nigeria. Donnez juste une tomate à votre fille et observez sa réaction».
Au moins une bonne nouvelle
Ces derniers mois, le Nigeria avait déjà subi plusieurs pénuries d’essence, alors que la chute du prix du baril de pétrole sur le marché mondial avec poussé le gouvernement à réduire ses subventions sur le prix du carburant.
Le retour à la hausse du cours du pétrole, qui pour la première depuis le 4 novembre est repassé au dessus de la barre symbolique des 50 dollars jeudi 26 mai, est donc une bonne nouvelle pour l’économie du premier producteur de pétrole sur le continent africain.
Mais c’est à croire qu’une crise succède toujours à une autre au Nigeria. «Les tomates sont la nouvelle pénurie du carburant maintenant… Tous les éléments sont contre le Nigeria… mon cher pays».
Source: Slateafrique