Dimanche 24 décembre 2017. Il est 11 heures 45 minutes lorsque l’avion présidentiel s’immobilise sur le tarmac de l’aéroport Modibo Keita de Sénou. A bord, le président Amadou Toumani Touré, son épouse Touré Lobo Traoré ainsi que les membres de sa famille. ATT regagne ainsi le bercail après 5 longues années d’exil suite au coup d’état le plus stupide de l’histoire qui, en mars 2012, l’a amené à démissionner. Il a été accueilli par le premier ministre, Abdoulaye Idrissa Maïga, des membres du gouvernement et de nombreux « fans du général bâtisseur».
Ce retour du président ATT est le résultat de moult tractations menées aussi bien par ses proches que ceux de l’actuel, Ibrahim Boubacar Keïta qui s’est finalement investi pour le retour de son cadet. Cela, afin de tourner cette sombre page de l’histoire du Mali et s’engager résolument dans la voie de la réconciliation nationale dont le ton a été donné, le dimanche dernier à Sénou. En effet, une foule compacte composée d’hommes politiques (majorité et opposition), de citoyens, membres d’associations ainsi que de nombreux fans d’ATT ont massivement fait le déplacement pour être les témoins de ce grand évènement. Aussi, les anciens Premiers ministres, notamment Ousmane I Maïga, Modibo Sidibé et Django Sissoko, et plusieurs anciens ministres étaient également présents à l’accueil.
Ce retour s’est effectué dans la liesse populaire. Des paroles et chants accompagnaient le président Amadou Toumani Touré tout le long du parcours le menant à Sébéninkoro à la résidence du Président de la République, Ibrahim Boubacar, où il devait déjeuner. Cette ferveur populaire sur le parcours en dit long sur l’image que ATT a conservée auprès de la population. Malgré le froid, les Bamakois ont répondu présents sur le long parcours séparant l’aéroport de la résidence d’IBK, où ATT était attendu…
On entendait des chants de tendresse et de repentance en bambara au passage du soldat de la démocratie: « ATT Yafama, An FILILA (nos excuses, nous nous sommes trompés)» ; « Allah bè tien dèmè (Dieu aide la vérité)».
Pour des raisons de sécurité ATT, n’a pas pu saluer les centaines de personnes qui se sont déplacées à l’aéroport Modibo Keita de Sénou pour l’accueillir.
Des bousculades avaient eu lieu, car les plus fidèles soutiens, les partisans et les anciens ministres tenaient tous à être au plus près de l’évènement. Avec le Premier ministre à ses côtés, une voiture est venue les chercher au bas de la passerelle. Et après les dernières salutations, ils se sont dirigés en trombe vers les salons de l’aéroport. Là, ATT aura quelques minutes de tête-à-tête avec le comité ministériel et des personnalités avant que le cortège s’ébranle pour la Résidence du président IBK à Sébéninkoro. Malgré ces couacs dans l’organisation, la fête fut belle pour de milliers de fans de l’ancien président. Amassés le long du chemin, ATT a été accueilli avec ferveur.
La réconciliation en marche…
Pour beaucoup de citoyens, le retour et la réhabilitation de ATT est à placer sous le signe de la réconciliation nationale. Car, ce retour permettra d’apaiser le climat socio-politique et d’amener la cohésion entre les Maliens. Ils estiment qu’ATT mettra son immense expertise au service du retour de la paix au Mali, qui a besoin de résilience. Ce retour est également vu comme un facteur de rassemblement, de paix et de progrès. Idole des foules, tout le monde se reconnaît en lui à travers le 26 mars d’une part et son sens élevé de la tolérance et du respect envers même ses détracteurs. Rassembleur, ATT est aussi un homme du consensus. En ce sens qu’au moment où les partis politiques se disloquaient à l’interne, il a pu les rassembler autour d’une seule vision pour le Mali.
En acceptant d’accompagner ce retour, les autorités actuelles ont posé un acte de grande dimension. Elles se sont inspirées des valeurs culturelles majeures, sur lesquelles reposent les sociétés maliennes. Singulièrement, IBK, en acceptant de retrouver son cadet, affiche une forte volonté d’arracher notre pays à l’emprise des « comploteurs » et de l’ouvrir à un avenir digne de son histoire et de sa culture de la tolérance.
Mémé Sanogo
Source: L’Aube