Apprendre l’anglais au Ghana : l’envers du décor (2). Au Ghana, les étudiants venus apprendre l’anglais tombent souvent dans le piège des arnaques au logement. Parfois, avec la complicité de certains compatriotes vivant dans ce pays.
Même en foulant le sol du pays de Kwamé Nkrumah, on est loin d’être sorti de l’auberge : c’est une autre paire de manches qui commence. De fait, avoir un logement étudiant relève du parcours du combattant. Nous avons certains enseignants qui essayent d’arnaquer les étudiants sur le dos des directeurs des écoles de langue. Nos propres concitoyens prennent un malin plaisir à nous escroquer. « M. Alexis, l’un de mes enseignants, a voulu me donner à 800 cedis (environ 75.000 francs CFA), une chambre qui est ordinairement louée à 500 cedis (environ 45.000 FCFA », confie Yehiya T., un étudiant tchadien.
Il a refusé cette proposition en escomptant une aide de sa cousine vivant au Ghana depuis plusieurs années déjà. Mais, c’était ignorer qu’elle allait faire pire que M. Alexis. « J’en ai vu de toutes les couleurs au Ghana. Les autres peuvent parler, c’est ma propre cousine qui m’a escroqué. À ce jour, elle me doit plus de 2000 cedis, (environ 180.000 FCA) ». Ils sont nombreux les étudiants comme Yehiya qui ont fait confiance au mauvais parent ou ami au Ghana.
Surmonter les épreuves
De plus, nous avons les bailleurs qui n’ont cure du loyer payé. Quel que soit le montant payé, « si quelqu’un d’autre propose mieux avant que tu ne déménages, tu n’as plus de logement », confie cette étudiante malienne. Fabrice et John G. sont deux frères guinéens. Durant leur première année d’études au Ghana, ils ont dû surmonter beaucoup d’épreuves : « Dans la première maison où nous habitions, nous n’avions pas le droit de garer notre vélo dans la cour avec les motos et voitures des autres. Notre bailleresse refusait également qu’on fasse notre lessive dans la cour. On devait laver nos habits dans notre chambre. Pire, une fois, ils ont mis nos habits étalés par terre prétextant que nous n’avions pas le droit de les étaler sans être sûrs que personne d’autres n’auraient pas besoin du fil à sécher le linge à ce moment précis. »
Ils ajoutent que leur bailleresse entrait souvent dans leur chambre pour confisquer certains de leurs objets (vélo, ventilateur). Elle a fini par les convoquer à la police, parce qu’ils ont refusé de partir avant la fin de leur contrat de bail. « Heureusement, quand on a son permis de séjour et qu’on a un problème avec un ghanéen, la loi s’applique avec équité. On nous a donné raison et remis dans nos droits », explique le jeune frère. Ce n’était pour autant pas la fin de leur mésaventure. Un autre bailleur a encaissé leur argent pour un nouveau logement qu’il avait déjà loué à quelqu’un d’autre : « Quand nous voulions déménager, il nous a fait croire que sa sœur vivant aux États-Unis était de passage au Ghana, et occupait ce logement ».
Cette prétendue sœur du bailleur de passage au Ghana pour un court séjour n’était personne d’autre que moi. Or, il avait déjà empoché mes six mois de loyer par le biais d’un Malien qui, à son tour, m’avait bien sûr arnaquée sur le prix. Ce sont nos propres compatriotes, dans ce pays, qui nous louent des logements au double du prix initial. Le bailleur les a finalement logés dans une chambre sans fenêtre, comme beaucoup de logements occupés par des étudiants venus apprendre l’anglais au Ghana.
« Les chambres sont très différentes de celles sur les photos envoyées »
Par ailleurs, il ne faut pas caresser l’espoir d’être logé décemment juste en se basant sur les images des logements que certains directeurs d’écoles envoient, au risque de tomber des nues face à la réalité. « Les chambres que je vois ici sont très différentes de celles sur les photos envoyées à mes parents », confie Asia T., étudiante malienne. De fait, ce sont ses parents qui ont choisi pour elle l’école et le logement. « Mon argent de poche vient par le canal du directeur de mon école. Sauf qu’à chaque fois que je lui demande mon argent, il peut faire des jours sans m’adresser la parole », ajoute Asia. Tout ceci a débuté le jour où Asia a fait part au directeur de son intention de quitter sa résidence. « Il a envoyé des photos de jolies chambres bien équipées à mes parents, alors que la réalité était tout autre. La chambre est minuscule avec un matelas deux places par terre pour deux personnes. Il n’y a même pas de place ne serait-ce que pour placer une seule chaise. Même pour accéder aux toilettes, c’est un problème. », se plaint Asia, dépitée.
Ce n’est pas évident d’être un étudiant venu apprendre la langue de Shakespeare au Ghana. Prochainement, je vous parlerai de la vie de bâton de chaise que mènent certaines filles venues apprendre l’anglais au Ghana et qui cherchent à mettre du beurre dans leurs épinards.
Source : Benbere