Les femmes et les filles sont souvent les personnes les plus touchées par l’absence et le manque d’infrastructures, de services publics et de dispositifs de protection sociale, a rappelé la cheffe d’ONU Femmes à l’ouverture de la 63e Commission de la condition de la femme (CSW).
Au cours des deux dernières décennies, de nombreux pays du monde en développement ont investi dans les infrastructures et l’accès aux services publics et ont élargi la portée et la couverture de la protection sociale de leur population. Mais « dans l’ensemble, les progrès sont inégaux, lents, insuffisants et susceptibles de régresser », a déclarée Phumzile Mlambo-Ngcuka, la Directrice exécutive d’ONU Femmes.
131 millions de filles dans le monde ne sont pas scolarisées et les dernières données indiquent une augmentation de 6 % du nombre de filles non scolarisées dans le primaire. En moyenne, les femmes ne jouissent encore que des trois quarts des droits juridiques reconnus aux hommes et plus d’un milliard d’entre elles ne disposent d’aucun recours face à la violence ou sont limitées dans leur éducation ou leur emploi – ce que l’on appelle désormais la ‘violence économique’.
Chaque jour, environ 830 femmes meurent de causes évitables liées à la grossesse et à l’accouchement. 99 % d’entre eux sont des femmes dans les pays en développement. Leur décès est inextricablement lié à la pauvreté et au manque de services et d’infrastructures. Et la fracture numérique entre les sexes persiste alors même que les femmes ont de plus en plus de possibilités de posséder des atouts numériques.
« Il faudra un leadership décisif pour assurer un avenir positif aux femmes et aux filles, en particulier lorsque nous leur donnons également accès à leur santé et à leurs droits en matière de sexualité et de procréation », a dit Mme Mlambo-Ngcuka.
Pour la Directrice exécutive d’ONU Femmes, les femmes et les filles ont un rôle vital à jouer dans l’élaboration des politiques, des services et des infrastructures qui ont un impact sur leur vie. Leurs voix doivent être prises en compte de manière significative, tout comme celles des personnes vivant avec un handicap, estime-t-elle.
Mme Mlambo-Ngcuka a appelé a ce que les investissements dans les infrastructures à grande échelle soient transparents et tiennent compte de l’environnement et des droits des personnes. « Aucun défenseur des droits humains – ni personne – ne devrait avoir à mourir en protégeant des terres contre un développement qui compromet d’autres besoins importants des communautés ».
La cheffe d’ONU Femmes a également appelé à rendre les villes sûres en faisant de la protection des personnes dans les espaces publics une priorité. « Par exemple, en tenant compte de l’emplacement des gares routières et de l’éclairage des espaces publics où les femmes courent le risque d’être agressées, voire violées ».
Par ailleurs, les investissements dans les services publics peuvent être un moteur positif de la création d’emplois pour les femmes, a dit Mme Mlambo-Ngcuka. Des investissements bien conçus dans les services d’éducation et de garde de la petite enfance peuvent avoir des retombées économiques et sociales importantes. Ils peuvent créer des emplois décents dans le secteur des soins rémunérés et améliorer les capacités des enfants.
Soulignant que l’innovation sous toutes ses formes est un élément clé du développement, la Directrice exécutive a demandé aux Etats à garantir que les nouvelles technologies notamment celles liées aux produits mobiles et a l’intelligence artificielle, visent intentionnellement l’amélioration de la vie des personnes laissées pour compte, en particulier chez les jeunes dont l’avis doit être pris en compte.
« Les politiques fondées sur des données sexospécifiques recycleront l’inégalité entre les sexes. Mais une bonne politique peut être un égalisateur et changer radicalement le monde pour les pauvres, les jeunes et les personnes âgées », a souligné la cheffe d’ONU Femmes.
Un.org
Lejecom