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Algérie : Les “étrangers”, véritable cause de la crise financière ?

Depuis l’annonce de la Fédération algérienne de stopper le recrutement de joueurs étrangers à partir du prochain mercato, la polémique enfle au sujet des réelles motivations de cette décision, qui serait d’abord dictée par des soucis économiques. Afrik-Foot a effectué un recensement des joueurs évoluant au sein du championnat algérien afin de tenter d’apporter des éléments de réponse à un véritable problème.
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32. C’est le nombre du moment en Algérie, celui de l’ensemble des joueurs étrangers a avoir évolué dans le championnat local durant la saison écoulée. Depuis l’annonce de la Fédération algérienne (FAF) d’interdire la signature de nouvelles recrues étrangères à partir du prochain mercato (janvier 2016), leur situation est scrutée de près, au milieu de l’ensemble des 384 joueurs enregistrés en Ligue 1 Mobilis.

S’ils représentent seulement 8,33% de l’ensemble des acteurs de la 1ère division, ce sont pourtant eux qui sont au centre de la décision de la FAF de geler le recrutement de joueurs étrangers, “compte tenu des difficultés financières, de l’impossibilité d’obtenir des devises légalement pour payer les salaires, indemnités de formation et de solidarité des joueurs étrangers“.

- Le recrutement de joueurs étrangers n’est autorisé qu’en Ligue 1, pas dans les divisions inférieures. Les clubs ne peuvent avoir dans leur effectif que trois étrangers sur une saison, dont deux seulement peuvent figurer sur la feuille de match.

Mesure qui ne refroidit pas pour autant les ardeurs des clubs, friands de talents qui s’exportent sur le continent africain, notamment ceux en provenance du Cameroun. Ainsi, ils sont pas moins de 12 à être originaires du pays des Lions Indomptables, tendant à confirmer que le joueur camerounais est toujours aussi prisé par les recruteurs algériens et ne rechigne pas à rejoindre le championnat algérien malgré la tragédie Albert Ebossé, qui n’a pas impacté l’axe Yaoundé-Alger.

Quid des joueurs binationaux ?

Mais, en face des arguments avancés par la Fédération algérienne pour motiver sa décision de ne plus faire appel à des joueurs étrangers à partir de janvier 2016, difficile d’imaginer que seuls 8,33% du total des joueurs du championnat aient pu mettre en péril son modèle économique. Et pour cause, si la FAF a eu raison de s’alarmer de la situation de ses clubs aux bilans financiers peu reluisants, une partie de l’analyse a été occultée.

- Liste des joueurs arrivés de France lors de la saison 2014-2015 : Hioune Malik Mehdi (CR Belouizdad), Bouhenna Rachid Ahmed, Guerabis Toufik, M’Baye Elias Madike Malik, Rani Ahmed, Rouabah Lucas Sebti Marcel (CS Constantine), Baouz Issam, Belameiri El Hedi, Khedaïria Abdelwaheb Sofiane, Zerara Toufik (ES Sétif), Yesli Kamel (JS Kabylie), Benzerga Omar, Djabour Souleiman Kheilifa (JS Saoura), Benbraham Sofiane, Karaoui Amine, Gourmi Khaled, Zeghdane Toufik (MC Alger), Ghazi Mehdi, Mahsas Tarek, Benyamina Marco Karim (MC El Eulma), Kharroubi Khaled Farid, Larbi Kamel (MC Oran), Zerdab Zahir (MO Béjaïa), Bouderbal Rafik, Guessan Ghislain, Kacem Mehdi (RC Arbaâ), Laassani Salim, Laïfa Noui, Orinel Mickael Akim (USM Alger), Choubani Sofiane, Dormane Jugurtha, Matijas Jonathan Christopher (USM Bel Abbès), Belbes Aiyoub (USM El Harrach).

Car, sur les 8,33% pointés du doigt, et bien avant les “les agissements de certains agents de joueurs et autres acteurs du football peu scrupuleux“, l’impact des binationaux n’a pas été pris en compte. Or, rien que pour la saison précédente, ils étaient au minimum 33 joueurs algériens, nés en France, à avoir rejoint le championnat en signant une licence avec un club local.

Débarquant de fait avec un passeport algérien pour contourner les éventuelles complications administratives, ils ne sont pas inclus parmi le contingent des étrangers, mais sont pour la grande majorité payés avec des devises étrangères, venant grossir le problème financier. Une filière qui n’est pas prête de s’arrêter pusiqu’ils sont de plus en plus nombreux à tenter le pari d’une pige en Algérie, les clubs trouvant là aussi le moyen de contourner l’obstacle du recrutement “étranger”. De quoi interpeller le légendaire Rabah Madjer. “Pourquoi cette prise de décision tardive ? Il n’y a que la FAF qui semble en connaitre la réponse. Mais si c’est juste en raison du volet financier, franchement, cela me dépasse“, s’étonne le champion d’Afrique 1990 dans les colonnes de Liberté.

Un protectionnisme déguisé ?

Si cette décision a été prise à dessein d’économiser les devises, il n’y aurait pas que cette mesure à prendre. Pourquoi, donc, ne pas interdire également l’embauche d’entraîneurs étrangers ? A ce que je sache, ils sont eux aussi payés en devises !“, souligne l’ancien buteur du FC Porto, avant d’ajouter : “Pour quelle raison n’a-t-on pas interdit en parallèle le départ en masse des clubs algériens à l’étranger pour la traditionnelle préparation pré-compétitive ? Ces stages à l’étranger sont également réglés en monnaie étrangère, autrement dit en devises, non ?

Alors, comment résorber de façon efficiente cette crise financière dans laquelle se retrouve empêtré le football algérien avec des clubs sans cesse dans le rouge depuis l’instauration du professionnalisme ? Si les instances fédérales ont bel et bien mis le doigt sur le problème, le début de réponse apporté semble loin d’être la solution miracle aux maux du football algérien, qui sont avant tout endogènes et ne pourront être réglés que par la mise en place d’instances de contrôle de bonne gestion des clubs, ou encore de vérification des licences des fameux agents aux “agissements peu scrupuleux“.

Dans le cas contraire, en plus de ne pas retrouver le chemin de l’équilibre, le championnat algérien risque de glisser vers une forme de protectionnisme, voire une forme de discrimination que vont ressentir les pays subsahariens, que même la Russie n’a finalement pas osé mettre en place.

- Les étrangers recensés dans le championnat algérien*

ASM Oran : Mohamed Chicoto (défenseur, Niger), Landry Ntankeu Tchatchet (attaquant, Cameroun), Salif Ballo (attaquant, Mali).

ASO Chlef (relégué en 2e division) :** Badarou Nana Nafiou (défenseur, Bénin), Joshua Obaje (milieu, Nigeria), Francis Ikechukwu (attaquant, Nigeria).

CR Belouizdad : Gil Miché N’Gomo (milieu, Cameroun), François Mvodo Obele (attaquant, Cameroun), Milos Galin (attaquant, Bosnie).

CS Constantine : Ousmane Berthé (défenseur, Mali), Bouba Aminou (défenseur, Cameroun), Paulin Voavy (attaquant, Madagascar), Moulaye Ahmed Khalil ’Bessam’ (attaquant, Mauritanie).

ES Sétif : Benjamin Parfait Ze Ondo (défenseur, Gabon), Eudes Dagoulou (milieu, Centrafrique).

JS Kabylie : Mohannad Abdulraheem Karrar (attaquant, Irak).

JS Saoura : Jean-Jules Bapidi (défenseur, Cameroun), Mohamed Aoudou (attaquant, Bénin), Donald Dering Djoussé (attaquant, Cameroun).

MC Alger : Patrick Ngoula (défenseur, Cameroun), Roberson (milieu, Brésil en instance d’être validé), Saladin Said (attaquant, Ethiopie).

MC El Eulma (relégué en 2e division) : Samson Mbingui (milieu, Gabon).

MC Oran : Mohamed Zabbia (attaquant, Libye).

MO Béjaia : Fallou Gallas Wade (défenseur, Sénégal), Soumaïla Sidibé (milieu, Mali), Mohamed Walliou Ndoye (attaquant, Sénégal).

NA Hussein Dey : Christian Deugoue (attaquant, Cameroun), Ezechiel N’Douassel (attaquant, Tchad).

RC Arbaâ : Ghislain Guessan (attaquant, Cameroun).

RC Relizane (promu en Ligue 1) : Eric Kouadio ’Manucho’ (Attaquant, Côte d’Ivoire, prêté par l’USM Alger).

USM Alger : Rostand Kako (attaquant, Cameroun), Carolus Andriamatsinoro (attaquant, Madagascar).

USM Bel Abbes (relégué en 2e division) : Bassirou Bamba (milieu, Mali), Moussa Tigana (milieu, Mali), Hervé Christian Tchami (attaquant, Cameroun).

USM Blida (promu en Ligue 1) : /

DRB Tadjenanet (promu en Ligue 1) : Azongha Tembeng (milieu, Cameroun).

USM El Harrach : Ibrahim Amada (milieu, Madagascar).

*Liste non exhaustive, compte tenu de la période des transferts actuelle et des mouvements quotidiennement enregistrés
**Les formations reléguées en 2e division devront céder leurs joueurs étrangers, ou ne pourront les aligner que dans les compétitions continentales, comme le MC El Eulma en Ligue des champions

 

Source: Afrik

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