Les études ont confirmé l’efficacité du mélange (neem-compost) doué d’un pouvoir anti fongique et antibactérien naturel et fertilisant du sol.
La belle et dure aventure a commencé en 2017. Des jeunes universitaires porteurs de solution afin de protéger l’environnement se sont mis ensemble avec le programme Genesis-Start-up initié par Bamako Incubateur et ses partenaires. Ainsi cette équipe de six étudiants a vu le jour avec des compétences complémentaires dans plusieurs domaines (microbiologie, chimie appliquée, informatique, communication et marketing). Après quatre longues années, le rêve est en passe de devenir une réalité car les premiers tests de laboratoire sont très prometteurs.
Dans un pays comme le nôtre, où la question de gestion de déchets soulève beaucoup d’inquiétude avec la pollution de l’environnement sous les yeux impuissants des autorités. En plus, du fait de l’utilisation massive des engrais chimiques par les agriculteurs, maraichers, les produits de culture ont des effets désastreux sur la santé des consommateurs, au point de devenir un problème de santé publique majeur. Pour ces jeunes entrepreneurs, ce qui est encore grave et qui passe souvent inaperçu, c’est l’utilisation des engrais organiques infectés par les agents pathogènes, ne respectant pas les normes de qualité exigées en la matière. Ce phénomène est source de plusieurs maladies infectieuses dont la fièvre typhoïde, les hépatites et beaucoup d’autres. Ces maladies sont responsables de plus 70% de décès au Mali et en Afrique subsaharienne, selon une source sanitaire sous-régionale.
Egalement, les conséquences liées à l’utilisation de l’engrais chimique et des pesticides chimiques sont encore pires, c’est tout l’écosystème qui en souffre (les êtres humains, fleuves, l’air, la faune et la flore). Selon la startup, les constats sont alarmants niveau santé, ces toxines chimiques se retrouvent aujourd’hui dans les assiettes des consommateurs, avec des conséquences néfastes sur l’organisme humain. A côté de ces maux, les paysans font face à d’énormes pertes chaque année dues à la faible durée de conservation des produits après la production, au delà un manque à gagner pour toute l’économie nationale.
A la lumière de tous ces constats désastreux tant pour l’environnement que pour l’être humain, la jeune startup n’avait qu’un seul objectif, c’était de trouver une solution innovante pour soulager tout ce monde. En franche collaboration avec l’ISA, les jeunes ont nourri l’idée d’associer le neem au compost suivant un nouveau processus de compostage dont eux seul ont le secret à ce jour. Les premières idées ont fait l’objet d’études théoriques avec des professeurs de l’institut, une étape qui leur prendra environ deux années sous l’impulsion de Bamako Incubateur.
Avec cette solution innovante et inclusive, la jeune start-up a su capté l’attention de quelques balayeurs et l’Etat également. En 2019, elle est parvenue à se hisser parmi les dix start-up incubées par Bamako Incubateur, financées globalement par la Banque mondiale à hauteur de 171 millions de FCFA à travers le Projet de développementdes compétences et l’emploi des jeunes(PROCEJ) et le CECI Mali (Centre d’étude et de coopération internationale). Un financement qui a permis à ces jeunes de poursuivre des recherches et développement sur le neem qui constitue l’aspect innovant de leur projet afin de finaliser le prototype de cet engrais bio multifonction. Un prototype qui devra être examiné et validé par les experts dans le domaine au Mali et à l’international pour certification.
Disposant d’un appui technique et financier, les jeunes laborantins de la startup assistés par les professeurs, ont présenté un premier rapport de recherche au comité scientifique de l’ISA et aux partenaires financiers, Ces premiers résultats sont concluants. Ces études ont confirmé l’efficacité du mélange (neem-compost) doué d’un pouvoir anti fongique et antibactérien naturel et fertilisant du sol. Cependant des tests de germination restent en cours pour assurer et finaliser les recherches.
Malgré ces résultats probants, tout n’est pas rose pour la jeune start-up, elle se retrouve souvent limitée dans ses recherches, faute de moyens techniques et d’outils adéquats pour mener à bien ce projet à fort potentiel pour le Mali et toute l’Afrique.
Ousmane Mariko
Source: Journal L’Informateur- Mali