Il pense, en effet, que c’est parce que les noirs sont trop racistes que les touaregs sont allés en Lybie pour se préparer, que la rébellion va continuer de plus belle et que c’est maintenant que la guerre commence. C’est un homme comme ça que Dioncounda, seul et en vrai petit dictateur, a choisi comme vice président des négociations.
En février dernier, le 1er très exactement, l’ancien combattant pour la libération de l’Azawad et ami personnel d’Iyad Ag Ghaly a ouvert son cœur à nos confrères de ligne Rue 89.com. Et ça n’est pas un hasard si le choix de Pierre Piccinin, l’auteur de ladite interview, est tombé sur lui. C’était 22 jours après le raid de l’aviation occidentale sur Konna ; donc un moment pas choisi au hasard non plus. Au cours de cet échange, Mety Ag Rhissa a tenu des propos qui laissent pantois. On se demande si un homme qui pense comme ça est apte à arrondir les angles. Et, par voie de conséquence, l’on se demande pourquoi Dioncounda l’a choisi. Après avoir fait la saga d’Iyad à Piccinin, du village à la rébellion de 2012 et en passant par le Pakistan, l’Afghanistan et l’Arabie Saoudite, il affirme : « Je connais Iyad depuis toujours. Tout le monde le sait, inutile de le cacher. » Il a confirmé au confrère qu’il était et restait l’ami personnel d’Iyad et qu’il avait combattu (le Mali) à ses cotés. Et il ajoutera : « Je l’ai revu récemment ; j’étais à Kidal pour voir ma mère. »
Quelqu’un qui reste encore ami avec le pire ennemi du moment du Mali et qui a du sang frais sur les mains (du sang versé en violation du droit et de l’humanisme)…ça fait froid au dos.
En se référant au lancement de l’assaut franco-malien sur Konna et le reste, le confrère s’est inquiété quant à l’issue de la guerre vue du côté des assaillants, le côté où se place Ag Rhissa. Mety l’a rassuré en disant que l’armée française (il ignore le Mali) pouvait prendre les grandes villes mais que « les grottes de l’Adagh (massif) des Iforas sont imprenables ». Il a ajouté l’argument massue, selon lequel les rebelles « disposaient encore d’armements très sophistiqués venus de la Lybie et non encore utilisés. » En plus, précise-t-il, « c’est une armée qui est revenue de la Lybie ». Une armée dont les éléments sont d’autant plus motivés et revanchards. Pourquoi ? Parce qu’ils avaient été chassés, selon les dires de Mety, en 1973 et il s étaient allés en Lybie. « Parce que les noirs sont terriblement racistes. Ils méprisent ‘‘les peaux claires’’, les arabes et les touaregs. Et la loi au Mali ne réprime pas ce racisme. Si les touaregs se sont souvent révoltés (…) c’est parce qu’ils sont victimes d’une ségrégation (…) C’est le désert ou mon peuple meurt de soif. C’est le Sahara. S’il y a de vrais sahéliens, c’est nous! ».
Vu ce langage guerrier, raciste et haineux pour ceux qu’il désigne comme ‘‘les Maliens’’ le confrère s’inquiète sur les possibilités de la fin du conflit. Réponse spontanée et nette : « Il n’y aura pas de fin…. Après la prise de Gao, les français ont laissé la population lyncher les touaregs. Et l’armée malienne suit la conquête française et nettoie les villes. » D’où la question du confrère : « Donc la rébellion va perdurer ? » Réponse encore tout aussi rapide et sèche : « Bien sûr qu’elle va perdurer ! C’est maintenant que la guerre va commencer ! Dans nos montagnes. A Kidal ! Ce sera comme en Afghanistan ». Si les touaregs cèdent maintenant, c’est fini pour nous ».
C’est donc un monsieur rempli de rancœur et de haine et aveuglé par le parti pris que Dioncounda Traoré a choisi pour être le deuxième vice président de la commission qui doit mener le dialogue puis la réconciliation afin de trouver une solution politique à la crise qui secoue le Mali depuis le 17 janvier 2012. Le père de l’épouse de Moussa Ag Assarid nous parait un peu sectaire pour trouver une place dans la Cdr.
Amadou Tall
Source: Le Matin