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Afrique du Sud : Zuma emporté par les scandales

Jacob Zuma a finalement démissionné, mercredi 14 février dernier, poussé dehors par son propre parti, le Congrès national africain (ANC), au terme de longues tractations. Il traîne derrière lui une ribambelle de scandales qui ont dominé ses deux mandats et l’ont déjà mis sur le banc des accusés.

Jacob Zuma a finalement été rattrapé par les affaires. Il a annoncé sa démission, le mercredi, dernier, se pliant aux ordres de son parti, le Congrès national africain (ANC). «J’ai décidé de démissionner du poste de président de la République avec effet immédiat, même si je suis en désaccord avec la direction de mon organisation», a-t-il déclaré lors d’une allocution retransmise en direct à la télévision. Retour sur les scandales qui ont mouvementé les mandats du président sud-africain le plus contesté depuis la fin de l’apartheid Son ascension marquée par de nombreux scandales Son ascension politique reste ternie par de nombreux scandales. En 2003, alors qu’il est vice-président du pays, Zuma est impliqué dans une affaire de corruption datant de 1999. L’affaire est finalement classée et Mbeki et Zuma sont réélus à la tête du pays en 2004. Mais il est démis de ses fonctions par le président l’année suivante, et se voit accusé de deux chefs de corruption. La même année, il est inculpé de viol envers une femme séropositive. Lors de son procès, il déclarera «s’être douché pour minimiser les risques de contracter la maladie», provoquant l’indignation de la presse internationale. Il est finalement acquitté en 2006. Fin 2007, à peine élu président de l’ANC, il est de nouveau pris dans le tourbillon des affaires Jacob Zuma devient président le 9 mai 2009, après avoir été soutenu par Nelson Mandela. En 2013, il est encore rattrapé par de nouvelles révélations. Zuma perd de plus en plus de crédit au sein de son parti, qui souhaite à son tour sa démission au gré des scandales. Il est cependant reconduit à la tête du pays en 2014. Zuma accusé de recevoir des pots de vin Les faits remontent à 1999. Inculpé en 2006, Jacob Zuma est soupçonné d’avoir empoché des pots-de-vin sous la forme de 787 versements, pour favoriser les intérêts de l’entreprise française d’armement Thomson-CSF, devenue Thales, en Afrique du Sud. Le scandale lui a coûté la vice-présidence et son proche conseiller, Schabir Shaik, a été condamné à quinze ans de prison. A quelques jours de l’élection de 2009, un vice de forme entraîne cependant l’abandon de toutes les charges retenues contre Zuma, ce qui lui permet d’accéder à la présidence. Au terme d’une bataille juridique acharnée de l’Alliance démocratique (DA), le principal parti d’opposition, la Cour suprême a ouvert la voie, en octobre 2017, à la tenue d’un nouveau procès pour corruption. Début février, un ancien avocat de Thomson-CSF a dévoilé que les présidents français Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy avaient fait pression sur les Sud-Africains pour étouffer l’affaire. . Pour Jacob Zuma, c’est le danger le plus immédiat maintenant qu’il n’est plus président Mars 2014 : « Nkandlagate » Un rapport sur les travaux de rénovation engagés aux frais de l’Etat par le président Zuma dans sa résidence privée située à Nkandla, son village natal, est publié par la médiatrice de la République Thuli Madonsela. Estimant qu’il y a eu détournement de fonds, la juriste exige qu’une partie des dépenses, réglée avec l’argent des contribuables, soit remboursée. Le coût total des travaux s’élève à quelque 20 millions d’euros. L’affaire connue sous le nom de « Nkandlagate » est un coup de griffe de plus à l’image de « l’homme du peuple » qu’aime cultiver le chef de l’Etat. en 2016, le chef de l’Etat subit un revers personnel lorsqu’un arrêt de la Cour constitutionnelle, qui avait été saisie par les partis de l’opposition sud-africaine abonde dans le sens du rapport de la médiatrice de la République concernant la rénovation de sa résidence privée de Nkandla. Il doit rembourser les 15 millions d’euros utilisés dans les 45 jours, et doit faire face à une procédure de destitution enclenchée par l’Alliance démocratique, son principal opposant. Il accepte finalement de rembourser l’argent, mais refuse de démissionner Novembre 2016 : capture de l’Etat. Au moment où se multiplient les appels à la démission de Jacob Zuma – cité directement ou indirectement dans une dizaine de scandales d’argent et de mœurs – la publication d’un rapport explosif rédigé par la médiatrice de la République fragilise un peu plus le chef de l’Etat. Ce rapport intitulé La prise de contrôle de l’Etat (« State of capture ») révèle l’ampleur de l’influence exercée sur le gouvernement par la richissime famille Gupta, à la tête d’un empire industriel et médiatique. C’est certainement le scandale de trop, celui dont les médias locaux ont fait leurs choux gras ces derniers mois, au fil de multiples révélations, et celui qui a précipité la fin du règne de Jacob Zuma. L’affaire éclate en 2013 lorsqu’un avion transportant 200 convives pour un mariage organisé par les frères Gupta – Ajay, Atul et Tony – atterrit sur la base militaire de Waterkloof sans que personne ne sache qui en a donné l’autorisation. Rapidement, l’emprise de cette famille sur le clan Zuma éclate au grand jour. Influence sur les choix de ministres, pressions pour empocher des contrats publics, pots-de-vin avoisinant les centaines de millions d’euros : l’ampleur de la « capture de l’Etat »terrifie les Sud-Africains. Après des mois de circonvolutions, Jacob Zuma est contraint à la demande de la médiatrice de la République par la Cour constitutionnelle à la création d’une commission d’enquête. Depuis, la justice s’est mise au travail. Mercredi, le jour de sa démission, la police a perquisitionné le quartier général des Gupta, à Johannesburg. Huit de leurs plus proches associés ont été arrêtés, tandis que l’étau se resserre autour des trois frères Fin décembre 2017, Jacob Zuma quitte finalement la présidence de l’ANC. Le 13 février 2018, sa chute dans l’opinion publique accompagnée des nombreux scandales qui ont entaché sa carrière politique ont conduit l’ANC à lui ordonner sa démission de la présidence du pays.

Mémé Sanogo

Source: L’ Aube

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