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Ras Bath à cœur ouvert à Daloa : « Nous ne nions pas qu’IBK a le droit de se représenter, mais nous pensons qu’il doit se retirer pour l’honneur et le bonheur du Mali… »

En tournée en Côte d’Ivoire, Mohamed Youssouf Bathily a répondu aux questions de notre correspondant à Daloa. Dans cette interview, il revient sur le concept d’alternance 2018 et sur celui de « Boua ka bla » qu’il tente de faire comprendre à ses compatriotes de l’intérieur et de la diaspora. Ras Bath a également abordé la question de la carte consulaire biométrique et sur ses relations avec le chérif de Nioro. Il pense notamment que le chef de l’Etat qui, bien que constitutionnellement autorisé à se représenter, doit renoncer à être candidat à la présidentielle de cette année. Interview.

 

L’Enquêteur : Bonjour Monsieur Mohamed Youssouf Bathily dit Ras Bath. Quel est l’objet de votre tournée en Côte d’ivoire ?

Ras Bath : C’est dans le cadre de la tournée « BOUA – KA BLA » et de prise de contact avec le CDR-Côte d’Ivoire. Il était prévu une tournée en Afrique après l’Europe, les Etats-Unis et celles en cours au Mali pour aller au contact de nos compatriotes en Afrique et leur apporter un complément d’information. Parce que, comme on le dit, nul n’est mieux indiqué pour parler d’une situation que celui qui la vit. Donc, ma visite en Côte d’ivoire s’explique aussi par le fait que nous pensons que le président actuel du Mali, M.  Ibrahim Boubacar Keita, dont le mandat tire à sa fin, eu égard à ce que le pays vit, n’est plus en capacité physique, intellectuelle et relationnelle de conduire le pays vers le destin auquel nous aspirons (sic). Compte tenu de son âge et du respect que nous lui devons, nous pensons qu’il est moralement un devoir pour chaque citoyen de lui prodiguer des conseils, des appels afin de lui faire entendre raison ; ‘’ qu’il se retire avec honneur ‘’ c’est-à-dire, qu’il renonce à se présenter pour l’honneur et le bonheur du Mali. Il doit se retirer afin de créer des conditions d’une alternance gage de la sauvegarde du Mali, de la relance et de la prospérité du Mali. Nous sommes des démocrates, des républicains, pas des putschistes, pas des antirépublicains. C’est un appel qu’on lui lance comme il est de notre devoir de lui émettre notre avis sans pour autant lui denier le droit lorsqu’il veut briguer un second mandat, de le faire. Mais, nous pensons que même s’il se représentait et si par malheur, selon notre entendement il arrivait à se faire réélire, ce n’est pas à son honneur. Parce que l’honneur de l’homme, c’est de réussir une mission mais pas de la conduire. Conduire une mission, c’est être là, aux commandes et ne pas la réussir, c’est ne pas disposer de capacité pour pouvoir produire le résultat que le peuple attend de lui. Celui pour lequel il se fera élire.

Vous parlez d’alternance en 2018…Qui pour incarner cette alternance ?

Une alternance n’est pas une question de personne. C’est très réducteur, voire même péjoratif. Quand nous avions lancé l’« alternance 2018 », ils sont nombreux, au Mali surtout des intellectuelles, qui se sont plantés sur le sens du concept en confondant l’alternance   2018 avec l’alternance politique qui est un groupe de mots en français. L’alternance politique en français veut dire « changement de dirigeants existant par d’autres personnes » (dirigeants). C’est un groupe de mots, comme l’alternance sociologique, démographique, idéologique, psychologique et politique. Mais le mot alternance, tout court, au sens étiologique, veut dire changement. Pour moi, le changement, c’est le remplacement de toute une série de choses : mentalité, comportement, reflexe et parfois même d’hommes. Mais le changement s’inscrit dans ce qui constitue la cause du malheur que nous souhaitons éradiquer par une autre pratique. Donc 2018, c’est l’année des élections, nous sommes une république régie par un mode de gestion périodique à laquelle chaque citoyen en âge de voter est appelé à se prononcer sur ce qu’il a évalué.  Sur les offres qui lui sont faites et par rapport à la gouvernance ainsi que des hommes devant gouverner.

C’est un changement qui est adressé à deux corps. Il s’agit de deux acteurs de la démocratie : l’électeur et l’élu. D’autant que ce sont les deux acteurs principaux du pouvoir. Alors, le changement porte d’abord sur l’électeur qui, pour nous, est essentiel. Nous avons, par le passé, constaté que pour le citoyen malien, l’élection était un moment pour les uns et les autres d’enrichir leurs carnets d’adresse par le biais des contacts avec les différents candidats qui sont généralement des personnalités. Donc, un jeune citoyen, menuisier, tailleur, maraicher, commerçant… ne disposant pas de gros moyens, qui ne rêvaient pas de rencontrer un ministre, un directeur, se voient au moment des élections être visités à son domicile par le candidat, sur son lieu de travail, au grin ou encore se voir abordés dans la rue par le candidat. Donc, le candidat, au moment des élections descend jusqu’au niveau des citoyens et brise le mythe de la personnalité et le citoyen trouve en cela une marque de considération en sa personne, un signe de son rôle et de sa place dans la société et en profite pour créer des relations en vue de les monnayer pour des intérêts personnels. Deuxièmement, l’élection passée, pour ce jeune de la rue de prendre de l’argent au nom de la légitimité qu’il jouit dans le secteur pour organiser des manifestations à travers lesquelles il peut prélever des commissions, à travers ses relations, il peut chercher du travail pour lui, sa famille ainsi de suite (sic). Pour les femmes qui sont aux marchés ou les jardins, les élections sont les moments propices pour les candidats de les visiter, elles aussi, dans leurs lieux de travail et donc, les femmes qui sont plus enclines à œuvrer pour la bonne marche de leur communauté en profitent pour demander des choses qui ne sont pas très généralement d’abord à long terme dans leurs activités. Pour l’imam, c’est l’opportunité de parachever une mosquée en construction, de s’offrir un bien-être et de trouver l’opportunité de caser ses enfants en manque d’emploi, pareil pour le chef de village. Donc, nous avons pensé, en résumé que l’élection chez le citoyen lambda, passait pour une opportunité et pour les affaires. Alors, nous pensons que le changement doit intervenir à ce niveau et agir sur la conscience et la formation du citoyen afin de cesser de voir à travers l’élection une opportunité pour réaliser ces rêves et plutôt une occasion de se pencher sur l’avenir du pays. Donc, ce qui l’amène à le faire prendre conscience de l’impotence et de la portée du vote qu’il s’apprête à faire. Ce n’est pas un vote contre 2000 mille francs ou un emploi personnel, plutôt un vote qui va engager toute une communauté, toute une nation dans une politique entre les mains d’un homme pendant une période déterminée au cours de laquelle, tu ne peux pas remettre en cause ou révoquer l’élu. Ce qui te condamne à subir pendant 5 ans la gestion et la présence de cet homme-là et d’en être victime si par malheur, sa politique ne serait pas contreproductive. Donc, maintenant, c’est pour faire prendre conscience à la jeunesse, aux citoyens, que vous n’avez le choix qu’une seule fois d’élire quelqu’un. Lorsque vous n’avez qu’une fois, vous avez l’obligation de réfléchir par 7 fois avant de vous prononcer, parce qu’une seconde chance ne vous est pas offerte. Si l’élu qui, autrefois, pensait que son élection dépendait de sa capacité financière à payer les voix sans leur offrir des projets de société (sic), alors cet élu, face à une nouvelle génération, qui désormais choisit suivant  l’esprit critique, une critique de projet de société dans lequel,  il verra si ses aspirations sont prises en compte  et solutionnées par des plans bien établis, alors ce citoyen, au lieu de demander 2000 francs, cette maman au lieu de demander 100.000 francs, cet imam au lieu de demander la finition  de sa mosquée demanderont plutôt qu’on puisse le convaincre de sa maitrise de l’état des lieux et de sa capacité  à apporter des solutions par rapport à la santé, à l’éducation, à la sécurité, à l’économie, au respect des droits et libertés des citoyens tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Bref, par rapport à l’animation d’une administration impartiale, dévouée, engagée pour le service des citoyens à l’intérieur comme à l’extérieur et donc, cet élu changera par le changement même du citoyen, le vote ne serait plus comme un bien à vendre mais il serait plutôt un pouvoir par lequel on choisit quelqu’un en qui on place un pouvoir suivant un contrat social bien établit entre l’électeur et l’élu (sic).

Que répondez-vous à ceux qui estiment que vous dénigrez les leadeurs religieux sur les médias français pour faire plaisir à l’opinion française ?

Je ne sais pas si la Radio Renouveau est une radio française. A ce que je sache, son promoteur s’appelle Dramane Aliou Koné, originaire de Ségou.  Il est président de la Maison de presse du Mali. Il est né de père et de mère Maliens, résidents au Mali. Je suis surpris d’apprendre que la deuxième radio ou j’ai eu à tenir une émission qui m’a fait connaître par le grand public et notamment en réaction à ce que le prêcheur Bandiougou avait dit, ‘’Maliba FM » est tenue par Diougousse ‘’ qui est Bandiougou Tounkara qui est aussi Malien, le grand frère de même père et de même mère que Daba Tounkara, je ne crois pas qu’ils soient Jean-Pierre ou Paul ou Français (sic). Donc, si les Français m’ont connu, c’est à travers les médias maliens. Je suis étonné que de tous les médias à travers lesquels j’ai été connu on puisse faire impasse sur ces médias pour ne retenir qu’une intervention de trois minutes sur TV5 ou sur AFRICABLE et France 24 ou même sur RFI. Ce qui est quand même malhonnête. Deuxième, je suis un peu étonné aussi qu’au 21ème siècle, certains puissent penser que ce qui est dit au Mali reste dans les frontières du Mali. Ils oublient que le monde est devenu ‘’un’’ à travers la technologie qui nous interconnecte, que ce que tu dis à Paris est tout de suite vu ou entendu à Bamako à la seconde près via des réseaux sociaux et que donc, que tu le dises sur les ondes au Mali, ça t’amène à être entendu dans le monde, que tu le dises sur le monde français, pareil (sic). Donc, parler sur les médias français c’est comme si je m’adressais aux Français via leurs médias et comme si en s’adressant via mes médias je ne suis pas entendu par les Français. Que les Français m’entendent via RFI ou via renouveau FM, ce ne sont pas les mêmes Français ? Ce n’est pas les mêmes mots qui sont entendus, ce n’est pas le même RAS BATH qui parle ? Alors pourquoi faire une fixation sur la qualité ou la nature ou l’identité des médias alors que les mêmes médias ont la même portée pour le même public. Rasta ne s’abaissera pas à ce niveau. Nous avons une mission qui a une dimension universelle et d’une potentialité telle que nous n’avons pas le tempis de nous hasarder, de nous abaisser à perdre notre énergie à dire : « il a parlé aux Français, il a parlé à ceux-ci ; au Mali la langue officielle était le bambara (sic) mais lorsqu’on permet au président dans la constitution encore d’utiliser le français pour s’adresser à ses propres citoyens, on ne s’offusque pas que les débats soient plus animés en bambara, on est contents d’ailleurs que le président nous gratifie des langues latines(sic) et on lui en veut pas de nous entretenir en bambara. C’est quand même un peu bizarre ‘’RFI c’est comme renouveau FM pour moi’’.

Vous étiez récemment à Nioro. L’on dit que le chérif ne vous a pas reçu personnellement. Pourquoi ?

Que le chérif ne m’ait pas reçu, c’est par vous que je l’apprends. Sinon, je n’étais pas seul là-bas. A mon entendement, ne pas être reçu, c’est de ne pas être accepté par les siens dans sa famille. A ce que je sache en Afrique, ce n’est ne pas être reçu. Lorsqu’un chef de famille ne veut pas te recevoir chez lui, tu ne franchis pas le seuil de sa porte. C’est ma conception des choses. « Nous sommes partis pour une cause, lorsque la cause n’est pas la bienvenue, que vous n’êtes pas le bienvenu, vous n’entrez pas ». C’était le cas avec Mohamadou Hawa Gassama lorsqu’à un moment donné il est passé suite à des propos qui avaient offusqué le chérif et son entourage.

Mon voyage à Nioro était prévu depuis longtemps, pendant que j’étais en France. Il faut savoir que le chérif est un bon ami à mon père. Mon père m’a appelé et il m’a dit que le chérif veut me voir. Je lui dis, « ça tombe à pic, nous-mêmes, nous avons une tournée à Kayes et nous souhaitions, de passage nous arrêter pour saluer la population de Nioro. On ne peut pas rentrer dans une ville religieuse et avec une autorité morale et religieuse comme le chérif et ne pas passer le saluer comme nous le faisons en Côte d’ivoire, en passant saluer les imams, les autorités administratives et traditionnelles comme partout où ce fut le cas. A Ségou on a été rendre visite à la famille Tall, à la famille Djiré, à la famille Haidara. A Kayes, aux neuf chefs de quartiers, au chef des griots.  C’est notre tradition et c’est dans notre démarche. Partout où l’on va, on cherche à voir les autorités pour les saluer. Donc c’était le cas à Nioro.

On nous a même demandé pourquoi aller à Nioro ? Pour rappel, à un moment donné, il y a eu une réaction de la population de cette ville face une attitude d’injustice manifeste qui fut posée par un juge qui avait donné lieu à une révolte de la population pour exiger une sanction.  Le juge et le remboursement de qu’il avait pris sur les prévenus contre une liberté (sic). En ce moment donc, les populations nous avaient sollicités, pour les soutenir dans leur combat. Ayant un emploi de temps très chargé, nous leur avions alors promis de faire un passage à Nioro. Ainsi donc, j’ai dit à mon père qu’on doit repartir à Kayes et nous allions passer par Nioro pour aller voir la population et à travers celle-ci, saluer le chérif puisque le que le Cherif dit qu’il souhaite me voir. Je dis donc que l’on fera d’une pierre deux coups :  on verra le chérif et rencontrer la population. C’est ainsi qu’on a initié le voyage. Dès que l’annonce de ma venue a été propagée dans la ville, les membres du CDR, depuis la France et Nioro, se sont mis ensemble pour me demander de profiter de notre présence dans cette ville pour tenir un meeting à la place publique. Après la mise en place de cette activité, nous apprenions le décès de l’épouse du chérif, alors mon staff informé de la nouvelle a joint la population de Nioro qui, à son tour, a estimé qu’il n’y a pas d’inconvénients à tenir le meeting arguant que l’islam dit que toute action qui s’inscrit dans le sens du développement et de la conscientisation ne saurait être abandonné à cause d’un deuil. Ce sont plutôt les activités festives, de joie qui sont mises en veilleuse pendant les périodes de deuil et que tenir un meeting portant sur un sujet d’intérêt national. C’est comme une prière. Donc nous avons maintenu l’activité. Nous sommes arrivés un vendredi et avons été accueillis par son premier fils Oumar qui nous a reçu dans la maison d’hôtes du Chérif Bouyé. Avec l’émissaire de Bouyé, ils nous ont dit qu’il est content de notre arrivée et m’a logé dans la chambre où il a l’habitude de loger tous ceux qui lui sont chers. Ils m’ont dit aussi que le chérif avait reçu la délégation mauritanienne et celle du président de la République, IBK et nous avons trouvé 150 cars de 2000 burkinabés qui étaient passés aussi présenter leurs condoléances et que Bouyé était assez fatigué, qu’il a duré en chambre et curieusement, compte tenu de sa fatigue et de son état de santé, il ne s’était même pas rendu à la prière de vendredi. Cependant, dans ma patience, on nous a gratifiés d’un mouton le matin, un autre à midi ainsi qu’un troisième mouton le soir. Ses enfants étaient au meeting et le lendemain, son fils et son attaché sont venus nous dire que compte tenu du fait que d’autres villes nous attendaient et vu son état, il ne souhaiterait pas nous retenir mais il nous exhortait à revenir au nom de la filiation du père au fils, sinon son vœu le plus cher était de nous recevoir avant qu’on ne parte.

Ce n’est pas tant la personne physique mais la raison même. En quittant Nioro, il nous a donné un mouton, un boubou et des chapelets, alors jugez-en. J’ai encore le bélier chez moi. Je parie que si j’avais pris une photo avec le chérif, les gens auraient quelque chose à dire, soit ils n’ont pas vu sa main dans la mienne soit ils diront qu’il n’a pas souri.

Dès votre arrivée en Côte d’Ivoire, vous avez été reçu par vos autorités diplomatiques, au sortir de vos entretiens, êtes-vous satisfait des réponses données à vos préoccupations ?

Je suis satisfait parce qu’il faut comprendre qu’on a affaire à des personnes qui ont un style de langage. Les diplomates ont une façon de parler dont l’interprétation et la compréhension ne sont pas données à tout le monde. C’est comme le coran, tu peux le lire littéralement mais la maitrise de l’esprit du coran n’est pas donnée à tout le monde.

Les diplomates qui nous ont reçu à l’Ambassade du Mali en Côte d’Ivoire, dans leurs réponses par rapport à la problématique de la carte consulaire, j’ai décelé d’un , que eux même sont meurtris par le calvaire dont vivent nos compatriotes et ce calvaire qui est la conséquence de l’insuffisance des cartes avec tout ce qui est lié à la distribution mais d’autre part aussi, que la carte d’identité consulaire n’est plus valable au regard des autorités ivoiriennes compte tenu de son format qui n’est pas biométrique. J’ai compris que politiquement, ils en payent les conséquences. Je ne juge pas mais ce n’est qu’une investigation à en croire le conseiller de l’Ambassadeur qui dit, nous avons écrit dans plusieurs rapports aux autorités pour leurs signaler le problème de cartes consulaires. Le problème du passage brusque à la carte biométrique par les autorités ivoiriennes suite aux attaques de Bassam n’a pas permis aux citoyens d’avoir cette carte biométrique et qu’ils sont en négociation. Ça veut dire quoi derrière ces langages diplomatiques ? ça veut dire que d’un, la Côte d’ivoire est souveraine, c’est elle qui adopte les lois qui régissent la vie à l’intérieur de ses frontières. Tout citoyen d’Etat qui vient en Côte d’Ivoire se doit de s’installer, de fonctionner et d’agir conformément aux lois en vigueur en Côte d’Ivoire et aux conventions auxquelles la Côte d’ivoire et les autres Pays sont liés.

Si l’état ivoirien décide de passer à la carte biométrique, il est obligatoire que tous les Etats dont les citoyens sont ici pour pouvoir circuler librement et en toute légalité s’acquittent de ces pièces qui désormais remplissent les conditions de libre circulation et d’action d’entreprise en Côte d’Ivoire. Ce n’est pas l’Etat de Côte d’ivoire qui délivre les cartes aux citoyens d’autres pays résidents sur son territoire. C’est à ces Etats qui ont le pouvoir de fonctionnement de l’administration de fabriquer des documents qui puissent répondre aux conditions requis en Côte d’Ivoire. Donc, si l’Etat du Mali est en retard par rapport à la confection de la carte d’identité biométrique ce n’est pas au pays hôte de changer sa loi ou du moins ses cartes pour s’adapter au rythme du Mali. C’est à l’Etat du Mali qu’il incombe aujourd’hui et l’Ambassade est un corps qui relève d’un Ministère qui s’appelle le Ministère des affaires étrangères qui n’est pas le Ministère chargé de la confection des documents de circulation comme le passeport, la carte d’identité relève du Ministère de l’intérieur. Ce qui veut dire que si l’une des missions du Ministère des affaires étrangères à l’extérieur est accomplie par des documents fournis par un autre Ministère, si ce Ministère est en incapacité, en irresponsabilité ou en insuffisance de remplir sa mission, forcément ça aura une répercussion sur la qualité du service du Ministère des Affaires Etrangères et de ses agents à l’extérieur du Mali. Donc, si vous ne comprenez pas le fonctionnement de l’administration, vous tombez sur ce qu’on appelle un abus de jugement, un préjugé en tenant pour seul responsable l’Ambassade et le Ministère des Affaires Etrangère sans pointer du doigt le Ministère de l’Intérieur dont le manquement à ses obligations répercute sur les capacités et les missions du Ministère des Affaires Etrangères. Donc, notre rôle aujourd’hui, en tant que citoyen et celui du CDR, c’est d’éveiller les citoyens sur d’abord le fonctionnement de l’Etat, de l’administration, les attributions des uns et des autres afin que chacun soit évalué conformément à sa mission par rapport à sa responsabilité. Quand tu n’es pas accusé, tu es à l’aise mais si tu es accusé, ça t’amène à réfléchir par deux fois. Parfois, il nous arrive de tenir pour responsables certains alors que ce n’est pas eux. Ça veut dire que quelque part quelqu’un n’a pas fait son travail le long de la chaine. Avant de juger quelqu’un, il faut chercher à connaitre sa mission et sur l’étendue de sa mission, où commencent ses attributions et ou prennent fin ses attributions. Donc, en gros, j’ai constaté que l’Ambassade du Mali en Côte d’Ivoire se trouve à la limite victime de l’incapacité et de l’irresponsabilité générale de l’Etat. De l’absence de volonté politique de l’Etat parce que la non fabrication de la carte d’identité biométrique n’est pas un cas de force majeur mais c’est l’absence de volonté politique de l’Etat qui avait entamé la démarche mais qui l’a interrompue pour des intérêts politiques en vue de frauder les élections à venir. De deux, j’ai senti que l’Ambassade, au-delà de tout ne fait pas le travail qu’on souhaite. Par exemple, ils n’ont pas un chiffre fixe des Maliens présents en Côte d’Ivoire. Ils ne savent même pas le nombre de leurs compatriotes se trouvant dans des maisons d’arrêt et de correction dans l’ensemble du pays et aussi des Maliens qui sont en difficultés administratives. Bref, tout cela résulte, selon moi, de la mauvaise volonté. Cependant, ailleurs nous avons rencontré des Ambassadeurs qui sont soucieux notamment celui de l’Allemagne.

Au terme de notre entretien, avez-vous un message particulier à l’endroit des uns et des autres ?

Que chaque citoyen comme de l‘intérieur comme de l’extérieur prenne conscience qu’il est à la fois un acteur et un bénéficiaire de ce projet. Nul n’est né providentiel nul n’a reçu de Dieu la providence de tirer les autres de tout. Nous sommes les êtres limités, faillibles avec nos imperfections. Ce qui nous oblige à nous ouvrir pour aller vers les autres aux débats. Ça veut dire que chaque citoyen, quel que soit son degré d’instruction, quel que soit son rang social, ne doit être ignoré dans sa contribution intellectuelle par rapport à la construction de la Nation. Ce n’est pas la langue qui atteste du niveau ou de la capacité d’analyse de quelqu’un.

Nous sommes en train de bâtir la Nation, chacun se doit de dire ce qu’il pense de l’état actuel de la Nation et de quelle vision il a pour ce pays

Malick Gaye, Correspondant à Dalao

Par L’Enquêteur

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