Le vice-président sud-africain Cyril Ramaphosa a pris la direction du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), mais sa victoire sur le fil lui laisse peu de marge pour lutter contre la corruption et relancer l’économie d’ici aux élections de 2019.
Lundi soir, l’ancien syndicaliste reconverti en homme d’affaires multimillionnaire a succédé au chef de l’Etat Jacob Zuma à la tête de l’ANC, qui tient les rênes de l’Afrique du Sud depuis la fin du régime ségrégationniste de l’apartheid en 1994. Il est désormais bien placé pour devenir le président du pays en 2019. Mais sa victoire a un goût amer.
Le scrutin, auquel participaient près de 5.000 délégués de l’ANC, a été extrêmement serré. Cyril Ramaphosa a devancé de 179 voix seulement son adversaire Nkosazana Dlamini Zuma, soutenue par son ex-époux Jacob Zuma. Et il a échoué à obtenir la majorité au sein de la nouvelle direction de l’ANC, essentielle pour mener à bien ses réformes et se démarquer de l’ère Zuma. Les deux camps se sont parfaitement répartis les six postes clés du parti.
Ramaphosa « a probablement hérité d’un calice empoisonné », estime Richard Calland, analyste politique. « Ça ne va pas être facile pour lui de manœuvrer. Il va devoir parvenir à un compromis pour toutes les décisions ». Le dauphin de feu Nelson Mandela a fait de la reprise économique et de la lutte contre la corruption ses thèmes de campagne, ce qui lui a valu d’être le favori des marchés.
La première puissance économique du continent africain se débat avec un taux de chômage de 27,7% et une croissance molle. Le président Zuma, au pouvoir depuis 2009, accumule lui les soupçons de corruption.
Après son élection, Cyril Ramaphosa se retrouve « les pieds et poings liés », relève Susan Booysen, professeur à l’université du Witwatersrand à Johannesburg. « Je ne vois pas comment il va pouvoir faire reculer la corruption au sein de l’Etat avec une majorité aussi ténue », ajoute-t-elle à l’AFP.
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