Alors que l’Afrique de l’Ouest a été secouée par une violence sans précédent ces derniers mois, l’envoyé de l’ONU dans la région a appelé lundi le Conseil de sécurité à soutenir les initiatives locales destinées à prévenir cette violence et favoriser le dialogue entre communautés.
« Les attaques incessantes contre des cibles civiles et militaires ont ébranlé la confiance de l’opinion publique. Les forces internationales dans la région ont également subi des pertes importantes », a noté Mohamed Ibn Chambas, chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), lors d’une réunion du Conseil consacrée aux violences communautaires et la prévention de l’extrémisme violent en Afrique de l’Ouest.
« Les incidents dans la région montrent comment le terrorisme, le crime organisé et la violence intercommunautaire peuvent facilement s’entrelacer », a-t-il ajouté.
Il a ainsi noté que les extrémistes liés à Al Qaïda ont délibérément exploité les griefs locaux et les faiblesses des États. « Certains des conflits locaux les plus violents de la région concernent la transhumance. Des groupes extrémistes ont réussi à s’impliquer dans leur résolution », a-t-il souligné.
Près de 70% de la population de l’Afrique de l’Ouest restent tributaires de l’agriculture et de l’élevage pour leur existence. « Il est donc impératif de trouver des moyens d’assurer une coexistence pacifique entre éleveurs et agriculteurs », a déclaré l’envoyé d l’ONU.
Il a également noté la brutalité de la violence religieuse à travers la région avec une multiplication d’attaques contre des chrétiens au Burkina Faso.
« Les gouvernements, les acteurs locaux, les organisations régionales et la communauté internationale se sont mobilisés pour lutter contre cette violence multidimensionnelle », a souligné M. Chambas, ajoutant que l’approche des Nations Unies consistait à soutenir les gouvernements nationaux dans leur mise en œuvre des Objectifs de développement durable et la création de partenariats. Selon lui, certaines des lacunes importantes des réponses nationales demeurent des systèmes judiciaires faibles.
Les jeunes au coeur de la réponse
Dans ce contexte, il a estimé que le Conseil de sécurité devrait apporter son soutien aux initiatives locales. « Au cours des derniers mois, nous avons constaté des progrès dans la lutte contre la violence entre éleveurs et agriculteurs, avec des dialogues locaux initiés au Mali, au Niger et au Nigéria », a-t-il souligné.
Selon Mohamed Ibn Chambas, face à l’extrémisme violent, les jeunes sont au cœur de la réponse. « Freiner l’idéologie violente et l’intolérance religieuse, c’est aborder les récits haineux. Il y a ici un rôle clé pour les médias sociaux et traditionnels », a-t-il déclaré.
« Le Conseil peut jouer un rôle décisif en accompagnant tous ces efforts : en plus de l’aide des donateurs et de l’assistance technique, l’assistance en matière de sécurité et de maintien de l’ordre reste vitale », a estimé l’envoyé de l’ONU.
« Limiter les canaux financiers et d’approvisionnement utilisés par les groupes armés et les liens avec le commerce illégal nécessitent une coopération internationale. Des sanctions ciblées et d’autres mesures recommandées par des groupes d’experts sont pertinentes comme effet de levier. Le trafic illégal d’or, en particulier, est de plus en plus documenté et dénoncé », a-t-il ajouté.