Quatre policiers afghans et deux Espagnols ont péri dans une attaque des talibans dans le quartier diplomatique de Kaboul, qui a pris fin tôt samedi avec la mort des quatre assaillants, après des heures de siège et de combats nocturnes.
Les talibans ont revendiqué l’attaque, déclarant qu’elle visait une maison d’hôtes fréquentée par des étrangers – et non l’ambassade d’Espagne, comme indiqué initialement par les autorités afghanes.
“Les forces spéciales afghanes ont tué tous les assaillants impliqués dans l’attaque terroriste à Kaboul”, a écrit sur Twitter le porte-parole du ministère afghan de l’Intérieur, Sediq Sediqqi. “Malheureusement, quatre policiers sont morts en martyrs pendant l’attaque”.
Deux policiers espagnols ont également été tués au cours de l’attaque, a annoncé samedi le ministère de l’Intérieur à Madrid. “Tout le personnel de l’ambassade d’Espagne, y compris les fonctionnaires de police nationale faisant partie du détachement de sécurité ont été évacués après une intervention qui s’est prolongée pendant plusieurs heures”.
L’opération des talibans avait commencé lorsqu’une voiture piégée avait explosé durant l’heure de pointe vendredi soir, envoyant un épais nuage de fumée vers le ciel. Des fusillades sporadiques avaient suivi.
Plusieurs heures après, une série de nouvelles explosions et de coups de feu avaient éclaté dans le quartier diplomatique, où les forces de sécurité affrontaient les insurgés.
M. Sediqqi a indiqué à l’AFP que le dernier des quatre assaillants avait été tué dans les premières heures de samedi.
Cet attentat survient au moment où le gouvernement afghan tente de ramener les insurgés à la table des négociations pour des pourparlers de paix afin de mettre un terme à 14 ans de conflit.
Les forces spéciales afghanes avaient bouclé le périmètre de l’attaque dans le quartier aisé de Sherpur, qui abrite les bureaux de plusieurs ONG étrangères ainsi que le domicile de certains hauts responsables afghans, dont l’ancien chef de guerre et premier vice-président d’Afghanistan Abdul Rashid Dostum.
– Négocier avec les talibans –
Cette attaque fait suite à une offensive de 27 heures des insurgés cette semaine contre l’aéroport de Kandahar, plus importante installation militaire du sud du pays, qui a fait au moins 50 morts.
Onze assaillants étaient parvenus à entrer mardi soir dans la première enceinte du complexe hautement sécurisé qui abrite, outre l’aéroport et une zone résidentielle civile, une base militaire partagée par l’Otan et l’armée afghane.
L’attentat de Kaboul intervient également au lendemain de la démission du chef du renseignement afghan Rahmatullah Nabil, opposé au rapprochement avec le Pakistan entamé par le président Ashraf Ghani pour relancer les pourparlers de paix avec les talibans.
Le chef de l’Etat afghan s’est fortement impliqué pour faire accepter sa politique d’ouverture vers Islamabad, qui dispose toujours d’une considérable influence sur la rébellion talibane après avoir favorisé son émergence dans les années 1990. Mais la démission de M. Nabil met en lumière les réticences auquel se heurte M. Ghani dans son propre pays.
Dans une conférence de presse vendredi, le président a rejeté les critiques de l’ex-chef du renseignement, déclarant que le Pakistan était un partenaire essentiel pour tenter de mettre un terme à la longue guerre en Afghanistan.
Le pays est déchiré par des conflits successifs quasiment sans interruption depuis 1979, lorsque l’URSS l’avait envahi, à l’exception d’une pause de cinq ans, entre 1996 et 2001, lorsque les talibans avaient pris le pouvoir qu’ils ont exercé d’une main de fer.
“Sans un soutien positif du Pakistan, est-ce que la guerre en Afghanistan ne va pas s’éterniser? Répondez-moi”, a-t-il lancé aux journalistes.
“Si l’une des sources de l’instabilité en Afghanistan est notre voisin (…) alors il y a un besoin essentiel de collaborer pour mettre fin à la guerre”, a-t-il ajouté.
Le porte-parole des insurgés s’est rapidement moqué du président.
“Les moujahidine progressent rapidement sur le plan militaire, capturant des territoires et détruisant des centres de l’ennemi”, a tweeté le porte-parole des talibans Zabihullah Mujahid. “Croire que nous allons nous rendre et participer à des négociations, c’est stupide”.