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Affaire Sanamadoudou et Saou: l’ultimatum des paysans

Le Réseau Afrique-Europe Interact (branches du Mali et d’Europe), en partenariat avec l’Association des ressortissants des villages de Sahou et Sanamadougou résidents à Bamako, ainsi que l’Association des «Sans voix», ont saisi les autorités maliennes, à travers une lettre (au chef de l’État ainsi qu’à toutes les institutions de la République) sur la situation du conflit qui les oppose, depuis 2010, à la société Moulin moderne du Mali (M3-SA) de l’opérateur économique Modibo Keita qui les empêche d’accéder à leurs terres de culture.

Premier ministre Modibo Keïta chef gouvernement discours conference

Selon plusieurs paysans de ces 2 villages, qui ont massivement fait le déplacement à Bamako, le week-end dernier, à l’occasion d’une réunion, la situation des habitants reste dramatique. Et pour cause, depuis 2010, le tout puissant opérateur économique, Modibo Keita, confisque plus de 800 hectares des terres de culture qu’il a interdites d’accès à tous les habitants de ces 2 villages.
Face à cette situation qui perdure et qui accentue la misère dans les deux villages, les habitants ne comprennent pas le silence des autorités nationales, à commencer par le Président de la République, IBK, dont la brillante élection, en 2013 avait pourtant suscité beaucoup d’espoir à Sahou et à Sanamadougou. Deux villages, installés là depuis plusieurs siècles, aujourd’hui victimes de la fertilité de leurs terres agricoles, convoitées par l’opérateur économique. C’est pour mettre les décideurs au courant de cette triste nouvelle, (si elles ne l’étaient pas encore), que les 2 villages leur ont adressé la lettre.
La correspondance, selon un responsable villageois que nous avons rencontré, tient lieu d’information en même temps que d’ultimatum à l’endroit de nos décideurs pour que des mesures soient prises urgemment afin de permettre aux paysans d’exploiter leurs champs pendant le prochain hivernage, cela après 5 ans de misère.
Pour le responsable des «Sans voix», non moins porte-parole du Réseau AEI, Fasséry Traoré, qui se bat aux côtés de ces populations, à l’image d’autres anonymes, depuis quelques années, toutes les institutions de la République ont été saisies, à travers une lettre sur le problème qui existe dans ces 2 villages.
Aussi, les villageois et leurs partenaires ont-ils profité de l’occasion pour réitérer leur volonté d’exploiter pendant le prochain hivernage leurs terres, en abandon, depuis les violences sauvages perpétrées sur eux en 2010 par Modibo Keita et ses soins, nous a expliqué M. Traoré.
Bien avant, indique Fassery Traore, une lettre de réclamation des conseils de village de Sanamadougou (commune de Sibila) et Sahou (commune rurale de Sansanding), au Président de la République, jusque là sans suite, indique: «Nous chefs de village agissant pour le compte et au nom des populations des villages de Sanamadougou et de Sahou, venons par la présente lettre vous saisir pour la mise en œuvre rapide, efficace et efficiente en vue de la restitution de nos terres de culture, confisquées par l’opérateur économique Modibo Keita et cela, depuis l’hivernage 2010… Les populations de Sanamadougou et Sahou ont faim et même très faim, nous sommes devenus plus pauvre et même très pauvres, car nous n’avons plus accès à nos moyens de production et de survie depuis 5 saisons pluvieuses par le fait d’une personne. Nous sommes 3 000 âmes abandonnées à notre triste sort, parce que nous refusons d’être transformés en ouvriers agricoles dans les plantations de Modibo Keita ».
Ces laborieuses populations qui ont toujours fait preuve de citoyenneté, à travers leurs différentes contributions, à la construction de l’édifice Mali, continuent de payer leurs impôts à l’Etat, malgré la confiscation de leurs terres (seul moyen de subsistance pour un paysan) par les soins de la société M3-SA, nous a confié le chef de village de Samnadougou, Drissa Coulibaly.
C’est pourquoi les populations sont aujourd’hui déterminées à prendre leurs destins en main si les autorités ne tranchent pas rapidement cette affaire qui ne cesse de trainer dans le temps.
Drissa Coulibaly compte aujourd’hui sur le soutien des autres villages des communes rurales de Sibila et de Sandanding qui leur ont déjà témoigné de leur sympathie et de leur solidarité.
De même, le Collectif des producteurs de l’Office du Niger (COPON) qui a été de tous les combats auprès des paysans s’est également dit prêt à déclencher les hostilités, si le statuquo perdurait.
Il semble, selon plusieurs sources crédibles que l’affaire traine devant les tribunaux où de fortes pressions sont exercées pour maintenir le suspens.
«Le tribunal chargé de cette affaire à Markala a commandé, dans une décision de justice, le 20 décembre 2012, une expertise indépendante, qui est toujours attendue», peut-on lire dans la lettre rédigée par le Réseau Afrique-Europe interact du 5 février, adressée à l’ensemble des Institutions de notre pays.
Aujourd’hui, les responsables de ce Réseau estiment que le conflit, non résolu entre les populations et la société M3-SA qui envisage la réalisation d’un Agropole, dans la zone, n’est pas étrangère au retard dans le déblocage d’un crédit important de cette entreprise au niveau de la Banque africaine de développement. (BAD).
«Le fait que ce conflit reste irrésolu a de grandes conséquences, notamment en ce qui concerne un crédit de plus de 16,8 millions d’Euros (10,8 milliards de FCFA) que M3-SA a obtenu, le 17 septembre 2014, de la BAD. Ce crédit a été délivré sous deux conditions: d’une part, que le conflit concernant Sanamadougou et Sahou soit résolu et, d’autre part que les habitants reçoivent le paiement de toutes les indemnités de cession de leurs champs.

Par Sidi Dao

 

Source: info-matin

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