Pour clôturer le dossier d’instruction dans l’affaire dite des bérets rouges, le juge d’instruction Yaya Karembé, après le report du 15 avril 2014, a écouté sur le fond le mardi 22 avril 2014 le général Amadou Haya Sanogo. C’était au 2ème cabinet du Pôle économique de Bamako. Les avocats du général étaient présents, plus nombreux que les places qui étaient disponibles pour eux. Ils ont assisté à l’interrogatoire sur le fond, qui permettra au juge d’instruction de mettre un terme à cette phase du dossier.
Pendant l’interrogatoire, le général Amadou Haya Sanogo a tout nié. Par contre, il a fait savoir qu’il a été trahi par ses frères d’armes, les politiciens et certains leaders religieux. À part cela, sur le fond du dossier, il a tout rejeté, estimant qu’il n’était pas Premier ministre, président de la République, encore moins ministre de la Défense.
C’est aux environs de 10 heures que le général Amadou Haya Sanogo, habillé en costume noir et cravate, est arrivé au Pôle économique de Bamako. Très maigre dans son costume, avec des yeux s’enfonçant dans leurs orbites, marchant doucement, puisque très affaibli. On pouvait lire le désespoir sur son visage. Il était entouré de gendarmes sans menottes, ni pression, qui l’ont conduit dans la salle en présence de ses avocats. Haya prit place avant que le juge et son équipe ne s’installent. L’interrogatoire a commencé, après le report du mardi 22 avril 2014, car les avocats avaient estimé qu’ils n’avaient pas lu le dossier, et que leur client était malade. Le mardi 22 avril 2014, malgré la coupure d’électricité, qui, selon nos sources, était un acte de sabotage, l’interrogatoire a eu lieu.
Ainsi, le juge a posé plusieurs questions sur la disparition des bérets rouges. En réponse, le général Haya a tout nié, car selon lui, il n’était pas président du Mali, ni Premier ministre, ni ministre de la Défense. Et d’ajouter que ce sont des gendarmes qui ont décidé eux-mêmes, pour des raisons de sécurité, de garder les bérets rouges arrêtés à Kati dans un bâtiment. Amadou Haya Sanogo dit n’être au courant de rien et qu’il ne sait pas ce qui s’est passé avec ces bérets rouges. Répondant à la question de savoir s’il a été trahi, le général a dit clairement qu’il a été trahi par les militaires maliens, parce qu’il n’a pas compris leur comportement après son arrestation ; qu’il est déçu par les hommes politiques qui voulaient profiter de lui, de même que certains leaders religieux. Par rapport aux autorités du pays, il n’a pas voulu se prononcer ; il a préféré ne rien dire. Mais il ne comprend pas ce qui lui est arrivé, parce qu’il pensait que les gens allaient continuer à le soutenir. Et pourtant, tous faisaient la queue chez lui, mais aujourd’hui, il ne voit plus personne : il a été oublié par ceux sur lesquels ils comptaient beaucoup.
Après avoir écouté Sanogo sur la complicité dans l’enlèvement de personnes au moment de son arrestation, fin 2013, les charges contre lui ont été requalifiées en complicité d’assassinats. Selon bon nombre de juristes, avec cette nouvelle inculpation, le chef des auteurs du coup d’Etat du 22 mars 2012 encourt la peine de mort si l’on s’en tient au Code pénal malien. En effet, le complice écope de la même peine que l’auteur principal. Il est même considéré le plus souvent comme le donneur d’ordre. Autrement dit, celui qui a facilité la commission du crime. Ce qui le rend autant responsable que l’exécutant.
À noter que cet interrogatoire doit boucler l’instruction du dossier au niveau du juge Karembé, qui a fait l’exhumation des corps et a permis de faire l’expertise médico-légale, de faire un premier rapport envoyé aux différentes parties. Et il n’attend maintenant que le test ADN pour déposer son rapport final au niveau du Procureur de la Commune III, qui fera un réquisitoire. Avant que le juge ne fasse une ordonnance de transfèrement au Parquet général, qui va enrôler le dossier et fixer la date du procès.
Kassim TRAORE
SOURCE: Le Reporter