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Affaire des 1000 tracteurs : IBK interpellé !

Dans le scandale des 1000 tracteurs du président d la République, les protagonistes se lancent des pierres et réfutent les arguments des parties adverses. Lorsque le Parti pour la Renaissance nationale lève le lièvre en invoquant un « nouveau scandale de l’ère IBK », le ministère du développement rural et le Groupe Toguna s’inscrivent en faux et parlant « d’affirmations gratuites, légères et calomnieuses ».

ibrahim boubacar keita ibk president malien allocution discoursDans cette « guerre » de communication, l’opinion nationale s’interroge : Où est donc la vérité ? Il revient au président de la République de prendre ses responsabilités pour non seulement éclairer la lanterne des populations, mais aussi, pour sanctionner, s’il y a lieu, les fautifs.

Depuis le 30 septembre dernier, le Parena a publié une déclaration dans laquelle il remet en cause la procédure d’acquisition des 1000 tracteurs « offerts » par le président de la République aux paysans du Mali.

Pour le Parena, « … 7. L’opération des 1000 tracteurs, c’est l’histoire d’une transaction opaque, d’un marché  de gré à gré déguisé entre l’État et un fournisseur sélectionné (sans appel d’offres, ni consultation restreinte) par le Ministre du Développement Rural et le président sortant de l’APCAM (Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali).

8- C’est aussi l’histoire d’un grossier délit d’initiés, d’une opération fumeuse montée de toutes pièces pour les rétro-commissions et les pots de vin.

9- Les tracteurs seront livrés aux paysans à partir de septembre. Ils ne seront opérationnels qu’à partir de mai-juin 2016 pour la campagne agricole 2016-2017. Dès lors, quelle urgence y avait-il à passer les marchés par entente directe? 

10- Pourquoi avoir attribué le marché  à un fournisseur d’engrais qui ne pouvait qu’importer  les tracteurs? Pourquoi n’a-t-on passé le marché des 1000 tracteurs à “Mali-Tracteurs”, une entreprise installée aux portes de Bamako où l’État est actionnaire, qui emploie la main-d’œuvre locale et paie des impôts. 

11- Le montage de cette opération douteuse fait de l’État malien, un acheteur, un gestionnaire et un vendeur de tracteurs. Si l’unique intention des autorités était de faciliter l’acquisition de tracteurs par les paysans maliens, pourquoi n’ont-elles pas mis en place un mécanisme simplifié qui permet aux agriculteurs qui éprouvent le besoin d’avoir des tracteurs et qui en ont les moyens de bénéficier de la subvention de 50% du prix?

12- S’agissant de prix, la presse d’État qui a couvert l’opération “Tracteurs” du 22 septembre a dit que, subventionné à 50%, le prix du tracteur reviendrait au paysan malien à 6 millions de francs CFA. Après enquête, le PARENA a décelé une grosse arnaque dont le paysan malien sera la victime.

Les tracteurs livrés par Toguna SARL sont de marque Foton, du nom de la multinationale chinoise spécialisée dans les engins lourds, les camions et les moteurs.

Foton vend un tracteur de 50 chevaux avec les accessoires (charrue, herse, remorque) à 10 000 dollars US, soit environ  5 millions FCFA. Livré à Bamako, le tracteur a coûté en tout et pour tout 5 millions 900 000 FCFA.

Comment peut-on acquérir un tracteur à ce prix et le vendre au paysan malien à un prix soi-disant subventionné à 6 millions? 

Si l’opération était transparente et honnête, le tracteur subventionné aurait dû revenir au paysan malien à 2 millions 950 000 FCFA.

13- Manifestement, l’opération des 1000 tracteurs, est une autre histoire de surfacturation  dont les finances publiques et le paysan malien font les frais. Un tracteur qui a effectivement coûté 5 millions 950 000 FCFA est facturé à l’État à 13 millions 600 000 FCFA. C’est ainsi que les 1000 tracteurs ont coûté 13 milliards 600 millions de francs CFA, comme l’Essor et l’ORTM l’ont révélé… »

Il n’en fallait pour que le gouvernent, à travers le ministère du développement rural, et le Groupe Toguna, contre-attaquent, en apportant un démenti dans certains journaux de la place.

Pour Toguna, « le Parena, le Parti pour la Renaissance Nationale, a porté des accusations graves et diffamatoires  sur Toguna SARL dans un document rendu public le 30 septembre relatif au marché des 1000 tracteurs. Ces accusations visent à susciter le mécontentement au sein de la population et à ternir l’image de marque de Toguna. Le Groupe Toguna ne peut accepter les allégations du PARENA dans la mesure où elles sont en désaccord avec nos valeurs… ».

S’agissant des modalités d’attribution du marché et du prix des tracteurs, le chargé de communication du Groupe Toguna répond : « Dans ses allégations, le Parena affirme que le marché de fourniture des 1000 tracteurs agricoles a été attribué de gré  à gré « sans appel d’offre ni consultation restreinte ». Ce qui est faux. En effet,  le  marché de fourniture des 1000 tracteurs a fait l’objet d’un appel d’offre international.

Dix-sept (17) sociétés maliennes et étrangères ont été invitées à concourir et ont présentées leurs offres le 30 Avril 2015 à la DFM du Ministère du Développement Rural conformément aux dispositions du cahier des charges.

S’agissant des prix, le Parena déclare que les tracteurs Foton de 50CV coûteraient 5 900 000 FCFA rendus Bamako. Nous ignorons le support des coûts ainsi avancés par le Parena. Mais nous pouvons affirmer que ce n’est pas fondé.

Un tracteur Foton FT500 50 CV, 4 cylindres, moteur diésel sans ses accessoires ne coute pas moins de 14 000 USD HT. Les chiffres sont vérifiables partout. S’il faut donc y ajouter les prix des accessoires, ainsi que les frais de transports, on est bien loin des 5 900 000 francs CFA avancés de manière légère. Il serait intéressant, pour éclairer la lanterne des Maliens, que le Parena publie le support des coûts qu’il avance.

Par comparaison, le tracteur 50 CV avec accessoires classiques (Charrue à 2 disques, Herse 7×7 disques, Remorque 5 Tonnes)  est vendu sur la place de Bamako entre 12 690 000 FCFA et 14 500 000 FCFA tandis que TOGUNA SARL a proposé le même équipement à 12 125 000  FCFA… ».

A la lumière de ces informations, il sera difficile pour le citoyen lambda de distinguer le vrai du faux. Seule une commission d’enquête parlementaire ou nationale pourra éclairer l’opinion sur les allégations de part et d’autre. Et le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, est interpellé à double titre.

Premièrement, parce qu’il avait promis au peuple malien de lutter contre les retro commissions. Qui ont toujours été dénoncées dans les scandales successifs. Dans cette nouvelle affaire aussi (les 1000 tracteurs du président aux paysans), le Parena accuse le gouvernement d’avoir dilapidé les ressources publiques en offrant un marché de plusieurs milliards de FCFA, de gré à gré.

Secundo, le chef de l’Etat a l’obligation de clarifier cette affaire qui risque de ternir (si ce n’est déjà le cas) son image. Car les Maliens ne comprennent pas qu’avec ces scandales à répétition dans le département du développement rural, l’impunité est devenue la règle.

C’est pourquoi, IBK doit agir, maintenant et pour de bon, en véritable chef d’Etat. Que les corrompus et corrupteurs soient sanctionnés. Et les travailleurs récompensés.

L’intervention du chef de l’Etat pourra éclairer l’opinion nationale et internationale, en démontrant par des arguments et des preuves, la véracité de telles ou telles allégations. Enfin, au vu des multiples scandales (Boeing présidentiel, équipements militaires, engrais frelatés…), il est temps que le président de la République s’assume.

 

Idrissa Maïga

source : L Aube

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