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Adama Paris, retour gagnant dans la capitale mondiale de la mode

EN IMAGES. Après trois années d’absence et un concept revisité, la Black Fashion Xpérience a célébré la mode africaine cet automne à Paris au cirque Bormann-Moreno.

Que de chemin parcouru depuis la première Black Fashion Week (BFW) parisienne en 2012 pour Adama Paris, styliste franco-sénégalaise devenue par nécessité serial-entrepreneuse : de l’organisation de défilés, comme la Dakar Fashion Week (DFW) depuis 2002, au lancement de la chaîne de télévision Fashion Africa. Jusqu’en 2015, les quatre éditions de la BFW à Paris ont rendu compte de la diversité de la mode africaine, tout en servant de rampe de lancement pour des mannequins et stylistes débutants. « Je voulais que l’on parle réellement de ces cultures noires qui traversent tous les continents », précise Adama Paris, qui poursuit : « Il fallait offrir une alternative à ce qui existe en France et partout ailleurs dans le monde. Par exemple, une jeune femme noire n’a pas la même chance dans un casting alors même qu’on ne peut nier la réalité du métissage dans l’Hexagone. Heureusement, les lignes sont en train de bouger. » La créatrice a néanmoins tiré brutalement sa révérence, pétrie de douleurs à cause d’un drame familial : « J’ai arrêté à la suite du décès de ma sœur lors d’un accident fulgurant à Saint-Étienne, là où elle habitait. Il m’a fallu un an pour me relever, car elle m’aidait comme administratrice financière de l’ensemble des BFW. Je fais beaucoup de choses passionnément – c’est mon adrénaline –, mais la mort de ma sœur m’a appris à voir ce qui est important. » Alors elle a soigné son retour parisien. D’abord grâce à une collaboration avec la Fondation Cartier en 2017 et une autre avec Daniel Hechter l’année suivante. Ensuite au printemps dernier avec le lancement de son concept-store Saargale au Viaduc des Arts, qui lui permet d’exposer ses collections ainsi que d’autres stylistes et designers africains.

Après tant d’attente, la Black Fashion Xpérience suscite l’engouement

« Quand on réussit ses projets, on est un peu plus fort, mais il faut toujours rester humble et partager », médite Adama Paris en égrénant les raisons du changement de format : « Retourner dans les mêmes lieux, c’était répéter la même chose. Pour se renouveler, il fallait changer la notion de défilé et imaginer une black expérience. » La première édition de la Black Fashion Xpérience (BFX) a ainsi présenté un talk sur l’appropriation culturelle. Mais fidèle à son habitude, Adama Paris a proposé pour les défilés un condensé de valeurs sûres tel le Marocain Karim Tassi, la Ghanéenne Mimi Plange, l’Anglo-Nigérian Tokyo James, le Sud-Africain Orapeleng Modutle, la Congolaise Sakia Lekoundzou, le Franco-Haïtien Isaac-Joachim Pantaleon ou encore le Tunisien Fawzi Nawar. Sans oublier une dose de talents prometteurs comme l’Angolaise Iracema Matias, la Congolaise Adriana Talansi ou le jeune Belgo-Malien Oumar Dicko, déjà révélation de la DFW 2017. Sous les sons envoûtants de la Djette Dirty Mouth, résidente chez Saargale, les deux soirées entremêlées d’exploits circassiens de la famille Bormann-Moreno ont conquis le public et les personnalités présentes. Comme le chroniqueur David Dickens ou la journaliste Rokhaya Diallo, qui a eu un coup de cœur pour la jeune styliste Jihane et son label éponyme Jihane Ghoul. « Je trouve ses pièces d’une très rare élégance, très bien coupées et finement ciselées », avoue l’autrice qui résume toute la portée symbolique de cette BFX : « C’est un moment nécessaire pour les créateurs du continent et de la diaspora. Leur travail est malheureusement insuffisamment visible dans notre capitale de la mode, alors qu’elle est depuis longtemps un point central de la créativité noire. »

Source: lepoint

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