L’éducation et la formation sont les premiers piliers de tout programme de développement d’un pays. Elles permettent de rassembler un peuple autour des mêmes valeurs, de consolider leurs connaissances quelque soit leurs croyances mais aussi et surtout, elles solidifient la création d’une Nation forte et éduquée. Aucun pays en voie de développement n’est devenu émergent sans avoir mis l’accent sur l’éducation de sa population nonobstant les changements de régime politique. De même, aucune économie vivant de rentes d’exportation n’est passée à une économie de services sans avoir renforcer les budgets alloués à l’éducation et à la formation de ses contribuables.
C’est pourtant vers cette économie de services que tendent tous les pays en développement aspirant à l’émergence de leur économie, et la Côte d’Ivoire n’est pas en reste.
Il apparaît donc nécessaire de se demander où en est le pays de Ouattara ? Et de quels moyens dispose-t-il pour faire pour faire face à cette pénurie d’individus éduqués et formés?
Cependant, force est de constater que dans nombre de pays africains, l’école reste un problème pas si inquiétant puisque les efforts qui lui sont consacrés restent très pauvres.
Les Partenariats Publics Privés
Les Partenariats Publics Privés ou PPP sont des contrats par lesquels un organisme public associe une entreprise du secteur privé, avec ou sans financement de la part de celle-ci, à la conception, à la réalisation ou à l’exploitation d’un ouvrage public.
Ils sont définis sur le long terme et ont donc pour objet la prestation d’un service public. Ils interviennent le plus souvent lorsque l’entité publique ne souhaite pas ou n’est pas à même de supporter tout ou partie des risques inhérents à l’exécution du projet. Une meilleure répartition des risques et des profits est alors envisagée avec ce type d’opérations permettant à l’entité publique de réduire son implication directe et totale dans le projet.
Ainsi défini, ce mode de financement, très en vogue aujourd’hui surtout pour des projets d’extraction minière ou encore d’exploration et d’exploitation de gisement pétrolifère, est un excellent moyen de construire des établissements universitaires et scolaires de qualité.
Ceci permettrait de combiner l’expertise de sociétés du secteur public spécialisées dans ces domaines et la gestion d’établissement public par un organisme public. Ce dernier pourrait bénéficier de garanties apportées par le gouvernement. En d’autres termes, une réduction ou une meilleure appréciation du risque pourrait être envisagée en adossant les risques encourus à une possible intervention de l’Etat.
La gestion de ces établissements peut être intégrée dans une joint venture ou coentreprise détenue à parts égales entre l’entreprise privée et l’organisme public. L’implication d’un acteur privé dans la gestion de ce type d’infrastructures oriente nécessairement toutes les différentes parties vers la création de valeur que peut dégager le projet, tant au niveau du recrutement, de la formation, que de la gestion courante de l’établissement. De plus, avec les technologies existantes, ces nouveaux bâtiments peuvent être construits de façon à respecter un certain niveau de performance énergétique en privilégiant notamment l’optimisation de la conception des façades, les protections solaires et la gestion de l’eau. Il est un fait qui est que de nombreux gouvernements rechignent à s’engager sur cette voie compte tenu du coût important de ce type d’opérations et de leur relative complexité.
Cependant, les pays disposant de matières premières d’exportation come la Côte d’Ivoire peuvent affecter une quote-part des recettes liées à l’exportation de ces produits à la construction de ce type d’infrastructures et bénéficier de l’expertise des institutions financières de développement (IFD), tels que la Banque Africaine de Développement (BAD), le Commonwealth Developement Corporation (CDC) ou encore la Multilateral Investment Guarantee Agency (MIGA). Pour les pays enclavés comme le Mali, les revenus dégagés des investissements directs à l’étranger (IDE) peuvent servir à cette fin. Tout est question de priorité.
Besoin crucial de formation d’excellence
Une chose est certaine, le développement des pays pauvres doit obligatoirement s’appuyer sur un outil puissant qui est le secteur privé, d’une part parce qu’il est le moteur de toute croissance et d’autre part, parce qu’il est créateur d’emplois. Sa prise de participation dans les politiques publiques contribuera nécessairement à la fourniture de services essentiels au développement. Aussi, les gouvernements pourraient, sinon devraient, revisiter les partenariats franco-sino-africains pour les orienter dans ce sens. Il y a certainement des marges de profits réalisables. Ce plan stratégique s’inscrit dans une logique de conquêtes, de batailles. Il n’y a donc pas de places ici pour une école du « juste ce qu’il faut ».
« Chaque carrefour d’Afrique doit pulluler de leaders ». Ce travail passe obligatoirement par une forte sensibilisation des populations rurales à la nécessité d’apporter le minimum d’éducation à leurs enfants. Mais ceci dans une approche pragmatique par laquelle on ferait le lien entre leur besoin premier, qui est souvent l’agriculture, et la formation de leurs enfants. En d’autres termes, l’école servirait à apprendre aux enfants de ces zones rurales, en plus de l’éducation de base, les techniques et les technologies efficaces pour une meilleure production agricole. Par voie de conséquence, la famille étant le premier lien de socialisation et d’intégration, ce type de démarche produira un changement du système de pensée, un renouvellement de la mentalité des individus.
La future école de l’excellence ivoirienne ou africaine doit favoriser l’accès de la petite fille à l’école et encourager l’apprentissage des langues étrangères dès l’école primaire. Elle doit promouvoir l’étude du monde économique et des enjeux du développement durable au collège et au lycée. Elle doit construire des programmes d’éducation stimulant la créativité et le génie de la jeunesse. A ce titre, African Leadership Academy est un institut qui travaille en ce sens. C’est un excellent exemple de l’école africaine de demain. Il y a de vrais potentiels dans nos villes, dans nos villages mais ils sont sous représentés et en manque de moyens financiers, si bien qu’ils se perdent. Il est donc de notre devoir de permettre aux enfants africains de rentrer dans le couloir de leur destinée et de se réaliser. Et c’est justement ce que Alassane Ouattara a en tête pour les ivoiriens.
Les PPP, cette vision pragmatique du système éducatif, a maintes fois fait ses preuves, que ce soit en Californie avec la Silicon Valley ou en Inde avec Bangalore. Ces partenariats ont donc aussi leur place en Côte d’Ivoire, au Mali ou plus globalement, en Afrique. Ils mettent principalement l’accent sur la recherche et permettent sur le moyen terme de fournir des services innovants et ainsi apporter du crédit à nos institutions.
L’innovation dans la recherche un facteur de développement
La promotion de la recherche universitaire est capitale pour favoriser l’innovation technologique qui est plus qu’indispensable compte tenu du manque criant de technologies efficientes notamment dans le domaine agricole. La création de pôles de compétences est également un excellent moyen de spécialiser les universités voire les régions et de créer de nombreux emplois dans les domaines scientifique et technologique.
Mais à moindre échelle, à travers les contrats d’alternance, les contrats d’apprentissage ou de professionnalisation, les jeunes diplômés locaux pourraient moins subir la discrimination dont ils sont victimes vis-à-vis de leurs condisciples venant de l’étranger.
Aussi, de nombreuses multinationales qui sont présentes sur le continent pourraient contribuer à cet objectif. En effet, les Etats pourraient leur imposer de financer les études de leurs meilleurs étudiants diplômés des académies nationales et par la suite leur offrir la possibilité de travailler au sein de leurs groupes pendant une durée déterminée. Ceci conduirait nécessairement ces derniers à se dépasser et à plus tard créer des entreprises à succès dans leurs domaines respectifs.
Une approche sous régionale de ce type de partenariats est également une manière de favoriser les transferts de compétences entre institutions, systèmes éducatifs, industries. Ceci à posteriori s’inscrit dans le renforcement de l’intégration sous régionale de nos marchés. A cet effet, le cas de l’Université Catholique d’Afrique Centrale au Cameroun et l’Université Catholique d’Afrique de l’Ouest sont des modèles dont on peut s’inspirer puisque ces universités disposent d’une implantation régionale et internationale notamment à travers des partenariats et des échanges avec des établissements de renom français.
Les idées sont là. Les exemples et les concrétisations sont là. Cependant, pourquoi des pays voisins et frères de la Côte d’Ivoire, à l’instar du Mali, n’arrivent-ils pas imiter leurs confrères ?
« Faute de moyens.» Me dira-t-on. Mais, cela ressemble plus à un refus de volonté politique.
Abdoulaye A. Traoré
Doctorant en sociologie
source : Inf@sept