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70E ANNIVERSAIRE DE L’ADOPTION DES DROITS DE L’HOMME : Des droits pour l’humanité ou des droits pour une minorité ?

Ce lundi 10 décembre 2018 constitue la commémoration de la date de création des droits de l’Homme par les Nations-Unies. Cet anniversaire constitue le 70e comptant de 1948 à 2018. 70 ans après, nous nous demandons encore la nécessité qu’ont les droits de l’Homme. Les violences permanentes de part et d’autre dans le monde nous font croire que les droits de l’Homme sont des droits pour des minorités et non pas pour toute l’humanité.

Le monde entier commémore aujourd’hui le 70e anniversaire de l’adoption des droits de l’Homme par les Nations-Unies, le 10 décembre 1948, quatre années après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le but fondamental d’un tel geste était de punir les responsables de violations de la dignité humaine durant cette guerre, mais aussi de protéger tous les hommes contre des atrocités pouvant porter atteinte à la dignité de la personne humaine. Protéger les faibles contre les abus des plus forts était le but fondamental d’un tel geste. Mais 70 ans après l’adoption de ces droits de l’Homme, il convient de se demander leur portée ou plutôt leur place qu’ils occupent en ce 21e siècle marqué par des guerres, voire des génocides.

Si les droits de l’Homme étaient des hommes et que notre siècle était leurs fils, cela trouverait qu’ils nous ont déclaré leur grande déception de par les mauvaises traductions qu’ils reçoivent dans ce monde. Le droit reste l’apanage des plus forts et comme disait Jean Jacques Rousseau depuis au 18e siècle, il fait le bonheur des méchants et le malheur des vertueux. Cela traduit le fait que les droits sont mésinterprétés, partout dans l’intérêt des bourgeois du monde. Ceux qui doivent être poursuivis ne le sont pas, des innocents croulent derrière les barreaux. Le droit n’est plus rendu, parce que n’est plus entendu.

Si les droits de l’Homme condamnent l’esclavage parce qu’y ayant mis fin, celui-ci continue de façon directe ou indirecte d’être une réalité dans beaucoup de localités, notamment au Mali. L’ingérence d’un pays dans les affaires d’un autre est condamnée par les droits de l’Homme, mais qu’en est-il de nos jours ? Si chaque Homme a droit à la sécurité de sa vie, combien d’assassinats recense-t-on par jour dans le monde ? Au Mali, selon le rapport de Human Right Watch (HRW) ainsi que celui de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) et de la Fédération Malienne des Droits de l’Homme (AMDH), plusieurs exactions ont été commises contre des civils dans le centre du Mali, seulement en 2018, soit par des milices d’autodéfense soit par l’armée nationale, mais des enquêtes a posteriori des poursuites n’ont nullement été organisées. Ce qui traduit, d’une manière ou d’une autre, des violations graves contre les droits de l’Homme.

En effet, au centre du Mali en cette année 2018, nous avons assisté à plusieurs bavures traduisant des violations des droits. Plusieurs corps appartenant, a-t-on indiqué, à des Peuls ont été découverts sans que des enquêtes solides soient engagées pour situer les responsabilités. Outre cet aspect, les violences nombreuses perpétrées contre les manifestants pacifiques de la FSD et du COFOP constituent également des atteintes aux droits de l’Homme.

Dépassons le cadre du Mali. Nous savons les atteintes graves que subissent les Yéménites au jour le jour. Cela reste de même pour la partie anglophone du Cameroun. Depuis près d’un mois, nous assistons également à des violations graves contre les droits en France à travers les interpellations, les violences contre les « Gilets jaunes ». Or, la France elle-même est considérée comme étant la patrie des droits l’Homme.

Ces violations des droits et atteintes aux libertés individuelles et collectives de part et d’autre dans le monde sont la marque d’une époque sans droits et nous fait plonger dans une forme d’« état de nature » où les uns restent des loups pour les autres. Une « société close » où la liberté d’expression ou de manifester reste compromise ou « entre les fers ».

Ce 70e anniversaire qui coïncide avec la fin des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes arrive dans un contexte particulier où on se demande la portée réelle des droits de l’Homme dans un monde marqué par l’injustice, l’inégalité envers les classes considérées comme inférieures, notamment les femmes, les domestiques ou tout simplement la classe des « prolétaires ».

Plus personne ne fait confiance aux droits dans nos nations par le simple fait qu’ils sont détournés de leur vocation et ainsi sont perdus et ne défendent plus la vérité, mais plutôt le mensonge. La dégénérescence entame profondément les droits de l’Homme.

De nos jours, chacun se demande la place qu’occupent les organisations internationales de défense des droits de l’Homme comme les Nations Unies qui sont chargés de veiller au respect des droits. Mais, hélas, leur présence reste difficile à sentir face à ces violations incessantes.

Commémorer le 70e anniversaire des droits de l’Homme dans un tel contexte, c’est agir juste par formalisme et non pas montrer leur nécessité dans un monde dominé par la volonté des grandes puissances ou des riches contre les pauvres et les pays en développement. Nous avons l’impression que les droits de l’Homme encouragent de plus en plus l’injustice sociale.

Il y va de l’intérêt d’imposer le respect des droits de l’Homme pour le salut de toute l’humanité et surtout pour assurer au monde l’égalité tant prônée et partant un développement durable passant par la cohésion sociale. Rendre comme il se doit justice aux gens blessés dans leur dignité constitue une voie salutaire pour vivre dans un monde de droit.

Fousseni TOGOLA

Source: Le Pays

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