Les autorités de la transition rectifiée semblent être à la fois debout contre l’insécurité chronique, les ennemis intérieurs et extérieurs du Mali, mais aussi et surtout pour bouter les démons de la haine, de la terreur et de la division hors du territoire national. Les démarches s’inscrivant en droite ligne de cette nouvelle mission ont été, depuis la semaine dernière, déjà entreprises par les autorités.
Qu’ils parviennent à concrétiser la mission ou pas, l’histoire retiendra simplement que les militaires au pouvoir ont quand même tenté de recoudre le tissu social « en lambeau ». L’initiative intervient à un moment où le vivre ensemble et la cohésion sociale battent de l’aile à cause des conflits armés imposés au Mali. Avec à leur tête le colonel Assimi Goïta, président de la transition, les membres de l’actuel gouvernement ont initié la ‘’Semaine nationale de la réconciliation’’ sur l’ensemble du territoire national. Une initiative visant à recourir aux valeurs traditionnelles et séculaires du pays, en vue de promouvoir les solutions endogènes, voire faire régner à nouveau la paix et le vivre ensemble sur le sol malien. La volonté politique acquise consiste à faciliter l’entraide entre Maliens, instaurer la paix, la réconciliation et la cohésion nationale, voire encourager les uns et les autres à privilégier le dialogue et l’entente entre citoyens pour la fin de la crise sécuritaire. Une crise à laquelle le pays est confronté depuis plus d’une décennie. Vu la profondeur et toutes les complications liées au problème (crise) protéiforme et multidimensionnel qu’endure le peuple, l’implication de toutes les couches sociales dans sa résolution est une voie salutaire pour une sortie de l’ornière. Surtout que c’est la première fois qu’une telle rencontre de taille soit organisée au profit de la paix. Lancés en date du 15 septembre au Centre international de conférence de Bamako (Cicb), les travaux de la Semaine nationale de la réconciliation offrent l’opportunité aux Maliens du Sud, du Nord et du Centre de s’exprimer librement et sans ambages pour, peut-on l’espérer, le retour rapide à la paix et à la sécurité dans le pays. Aussi, ils permettent de sensibiliser les groupes signataires et les différents protagonistes pour qu’ils déposent les armes et s’unissent afin de sauver la mère patrie, prise en otage par des individus sans foi ni loi. Lesquels sont malheureusement engagés dans un conflit dont ils ignorent tous les tenants et les aboutissants. Les Maliens sauront-ils saisir cette énième occasion pour définitivement faire taire les armes ? En tout état de cause, le ministre Ismaël Wagué a été clair : « La Semaine est dédiée à la réconciliation, à la paix, au pardon, à la cohésion et au vivre ensemble entre les filles et les fils de notre pays ». Pour le chef du département de la Réconciliation nationale, la cohabitation harmonieuse et pacifique tant enviée et tant variée se voit aujourd’hui mise en mal, suite à des crises cycliques favorisant une insécurité grandissante et généralisée. Elle est l’occasion pour parler et mettre à profit les valeurs séculaires du pays. Lesquelles fondent le ciment de l’unité et de la cohésion nationale. La Semaine nationale de la réconciliation a été instituée par l’article 7 de la loi d’entente nationale. Ce, afin d’asseoir les jalons d’une paix durable, facteur de sécurité et de développement, indique le ministre de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale, Chargé de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, le colonel-major Ismaël Wagué.
Chasser les démons de la terreur et de la division du pays
De par la voie des plus hautes autorités, les Maliens ont appris que le déroulement d’un l’évènement culturel, sportif et traditionnel peut se solder par la chasse des démons de la haine, de la division et de la terreur. Le Mali est un pays de paix. Il va alors falloir emprunter tous les chemins pour que cette paix règne entre les Maliens, selon le porte-parole des familles fondatrices de Bamako. Lors du lancement de la 1ère édition de la présente semaine, les familles fondatrices, Touré et Niaré, se sont fait entendre à travers leur griot : « La paix n’a pas de prix, mais elle a un coup. Et le coup de la paix, c’est l’implication et le sacrifice de tout un chacun. Il y a la paix quand une justice sociale et équitable règne dans une société. Les Maliens peuvent s’unir et s’entendre, parce que le Mali est fondé sur la paix et le vivre ensemble ». Le colonel Assimi Goïta estime que la tenue de l’évènement « est une lueur d’espoir pour le Mali » dans sa démarche courageuse pour la réconciliation et la paix. « Une semaine comme celle que nous lançons est une aubaine pour chasser les démons de la division et de la terreur, afin que germent les perspectives du développement, facteur d’épanouissement collectif », a ajouté le président de la transition. Les groupes armés signataires de l’Accord d’Alger accepteront-ils d’adhérer à cette cause ? Comment réussir à chasser les démons de la division sans l’adhésion de tout le monde à nouvel combat ?
Mamadou Diarra
Source: LE PAYS