Le 30 mai 2025 – Ces derniers jours, une vague de rumeurs a enflammé les réseaux sociaux maliens, prétendant qu’Adama Ben Diarra, plus connu sous le nom de « Ben le Cerveau », aurait été victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC) et évacué vers un lieu inconnu pour des soins d’urgence. Une information qui s’est révélée fausse, comme l’a fermement démenti Monsieur Bassaro Sylla, membre actif du mouvement Yerewolo – Debout sur les remparts, dans un communiqué transmis à Bamada.net.
« Contrairement à certaines rumeurs qui circulent, l’infatigable activiste Adama Ben Diarra se porte bien. Il n’a été victime d’aucun AVC, n’a pas été évacué, et aucune urgence médicale n’est à signaler à ce jour. », peut-on lire dans cette mise au point signée par Bassaro Sylla.
Bamada.net-Le mouvement Yerewolo appelle à la responsabilité citoyenne et à une vigilance accrue face à la propagation de fausses informations, particulièrement lorsqu’elles touchent des sujets aussi sensibles que l’état de santé de figures publiques.
« La vérité reste notre seule boussole », rappelle le communiqué.
Une figure emblématique du soulèvement populaire de 2020
Pour rappel, Adama Ben Diarra, surnommé « Ben le Cerveau », est l’un des acteurs majeurs du mouvement populaire qui a conduit à la chute du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) en août 2020. À travers les manifestations du M5-RFP (Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques), ce militant pro-transition militaire avait gagné en notoriété par ses discours percutants, ses appels à la souveraineté nationale et son opposition farouche à la présence militaire étrangère, notamment française.
Les militaires, menés par le général Assimi Goïta, sont venus « parachever » ce soulèvement civil en déposant le président démocratiquement élu, après des mois de désobéissance civile dans les rues de Bamako et dans plusieurs régions du pays. Dans la foulée, Adama Ben Diarra a été nommé membre du Conseil National de la Transition (CNT), l’organe législatif mis en place pour accompagner la refondation de l’État malien.
D’une tribune politique à une cellule carcérale
Toutefois, son engagement sans filtre et ses critiques virulentes contre certaines orientations de la transition lui ont coûté cher. Le 14 septembre 2023, le tribunal du pôle judiciaire spécialisé contre la cybercriminalité a condamné Ben le Cerveau à deux ans de prison, dont un an ferme, pour des faits d’atteinte au crédit de l’État. Le parquet avait initialement requis trois ans de prison, dont deux fermes. Il avait été placé sous mandat de dépôt le 5 septembre 2023, suite à une sortie médiatique où il insistait sur le respect strict des délais de la transition.
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Ce n’était pas sa première friction avec les autorités de transition. En novembre 2022, il avait publiquement critiqué, sur les ondes d’une radio privée, l’augmentation du budget de la présidence – passé, selon lui, de 18 à 22 milliards de francs CFA – ainsi que l’élargissement du CNT, dont le budget atteignait, toujours selon ses déclarations, près de 13 milliards.
Bien qu’il ait été protégé par l’immunité parlementaire en tant que membre du CNT, certains avis juridiques ont estimé que cette immunité ne pouvait prévaloir en cas de flagrance, justifiant ainsi son arrestation immédiate. Par ailleurs, son décret de nomination au CNT a été abrogé, confirmant sa mise à l’écart des instances de la transition.
Une détention qui interpelle
Adama Ben Diarra a été initialement incarcéré à Kenioroba, une localité rurale située à environ 75 kilomètres de Bamako. Un choix qui avait déjà suscité de vives interrogations parmi ses soutiens, dénonçant une volonté d’isolement. Le 16 mai 2025, dans la nuit, il a été transféré à la Maison centrale d’arrêt de Bamako-Coura, avant d’être à nouveau déplacé, dès le lendemain matin, vers la prison de Dioïla, située à 163 kilomètres de la capitale.
Ce transfert à Dioïla, une zone encore peu équipée pour accueillir des détenus médiatisés ou jugés politiquement sensibles, laisse planer des questions sur les conditions réelles de sa détention. Plusieurs observateurs y voient une volonté manifeste d’éloigner le militant de son réseau d’appui et de restreindre ses possibilités de communication.
Une voix qui dérange toujours
Même derrière les barreaux, la figure de Ben le Cerveau continue de polariser les débats au sein de la société malienne. Pour ses partisans, il est l’incarnation d’un nationalisme intransigeant et d’une aspiration populaire à la rupture avec le néocolonialisme. Pour ses détracteurs, il représente une menace pour la stabilité de la transition et n’hésite pas à franchir les lignes rouges.
Quoi qu’il en soit, le cas d’Adama Ben Diarra soulève de véritables questions sur la liberté d’expression, l’indépendance judiciaire et la gestion politique des voix dissidentes dans le Mali en transition.
Une opinion publique en attente
En dépit des accusations, condamnations et transferts successifs, Ben le Cerveau reste l’un des personnages les plus suivis de la scène politique malienne. Chaque information le concernant provoque des vagues de réactions, des spéculations parfois hasardeuses, et des élans de solidarité dans certains milieux militants.
Face à cet emballement, le mouvement Yerewolo – Debout sur les remparts appelle au calme et à la prudence, comme en témoigne la mise au point de Bassaro Sylla publiée ce 30 mai 2025.
Un rappel salutaire à l’heure où les réseaux sociaux tendent à amplifier des récits non vérifiés.
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MLS
Source: Bamada.net