Bamako ressemble à un vaste embouteillage à ciel ouvert. Klaxons assourdissants avec des insultes, motos qui se faufilent entre les voitures sans signalisation, piétons qui traversent sans assez d’attention… La circulation routière dans la capitale malienne est devenue un véritable casse-tête, à la fois pour les usagers que pour les autorités en charge des questions routières. Dans cet article, les citoyens se prononcent sur ce sujet très passionnant.
Piétons, chauffeurs de transports en commun ou individuel, motocyclistes, tous prient avant d’emprunter la voie publique. Car le risque d’un choc est toujours palpable. Pour Alassane Dounbia, chauffeur de taxi, les motocyclistes, précisément les Jakarta constituent l’un des facteurs majeurs du désordre sur la route. « Rapides, mais souvent imprudents, ils slaloment entre les véhicules, brûlent les feux rouges, et prennent parfois les sens interdits », souligne-t-il.
« Bon nombre de feux tricolores ne fonctionnent plus, les panneaux de signalisation sont rares ou illisibles, et les agents de la circulation sont souvent débordés, voire absents. Même au grand carrefour de Missira, il n’y a pas de feu. Chacun se débrouille comme il peut », témoigne Moussa Toumagnon, un commerçant au grand marché de Bamako.
Si on se refaire aux chiffres, les accidents de circulation seraient l’une des premières causes de mortalité urbaine au Mali. C’est ce qu’affirme Souleymane Traoré, étudiant en médecine : « Les plus touchés sont les jeunes conducteurs de motos et les piétons. Chaque jour, nous recevons des blessés de la route. La vitesse, le non-respect du code de la route et l’absence de casque en sont les principales causes ».
Selon Oumar Sidibé, enseignant à la retraite, il faut plus de rigueur dans l’application du code de la route. « Malgré les campagnes de sensibilisation et les efforts sporadiques de la mairie ou de la direction des transports, l’impact reste limité. Il faut une vraie réforme : permis obligatoire, contrôle technique des véhicules, feux tricolores, et surtout éducation sur la circulation routière dès l’école », propose-t-il.
La route et les stress permanents !
D’après Awa Konaté, étudiante à La Faculté des Sciences juridiques et politiques (FSAP), circuler à Bamako est un véritable défi. « Franchement, la circulation, c’est un stress permanent. On ne se sent pas en sécurité sur les routes. J’ai vu des accidents graves causés par des jeunes sans permis qui roulent vite. En plus, tu passes plus de temps dans les bouchons que chez toi. Et les motos, c’est n’importe quoi », se plaint-elle.
Moussa Diallo, livreur à moto : « Je roule à moto tous les jours. Ce n’est pas facile. Mais parfois, on n’a pas le choix, on passe forcément entre les voitures. Parfois aussi on voit des enfants de 13 ans sur des motos. Sans casque, sans permis. C’est extrêmement dangereux. Il n’y a pas de voies bien organisées », explique-t-il.
Selon Amadou Sissoko, un enseignant retraité à Daoudabougou : « Avant, Bamako n’était pas comme ça. Aujourd’hui, c’est trop de monde, trop de véhicules, et aucune discipline. Les gens ne respectent rien : feux rouges, priorités… c’est chacun pour soi. Même les policiers parfois n’osent pas intervenir. Il faut que l’État agisse », dit-il.
Face à une population urbaine en constante croissance et à un parc automobile de plus en plus dense, Bamako doit repenser sa mobilité. Transport en commun structuré, éducation routière, aménagements modernes… les pistes sont nombreuses, mais l’action reste timide.
Maïmouna Fakaba Sissoko, stagiaire
Source : Ziré