Promesses envolées, attentes trahies…en voici un aperçu du tableau que présente l’administration du president des paysans. Arrivé à la tête de l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture du Mali (APCAM) il y a 5 ans, Sanoussi Bouya Sylla incarnait pour beaucoup, l’espoir d’un renouveau au sein de la principale instance paysanne du pays.
Présenté comme un homme de terrain, il promettait une rupture avec les pratiques du passé et un souffle nouveau pour un secteur agricole malien en difficulté. 5 ans plus tard, le constat est amer : peu de réalisations, beaucoup de déceptions.
Dès ses premières heures à la présidence, Sylla s’était engagé à fédérer les acteurs du monde rural.
« Je m’engage à travailler pour rassembler le monde rural du Mali. Aujourd’hui, on parle de réconciliation, je sais que les hommes politiques ne vont jamais s’entendre. Il nous appartient, acteurs du
monde rural, de nous unir pour construire le Mali. Pour montrer l’exemple, je souhaite que la prochaine Journée paysanne soit organisée à Ménaka », déclarait-il alors. Mais 5 années plus tard, les faits contredisent ses paroles. Aucune Journée paysanne n’a été organisée.
Aucune foire agricole non plus. Les promesses de rassemblement sont restées lettre morte. Pire, la filière lait (FENALAIT), d’où il est issu, est aujourd’hui minée par un bicéphalisme criard. Sous sa présidence, le monde paysan apparaît plus divisé que jamais.
Élu le 18 mars 2021 à la faveur d’une assemblée générale élective en remplacement de Bakary Togola, Sanoussi Bouya Sylla bénéficiait alors d’un a priori favorable. Le monde rural fondait beaucoup d’espoir sur lui. Mais très vite, les premières inquiétudes ont fait surface. Les activités majeures comme la Journée paysanne ou le Salon international de l’agriculture (SIAGRI) n’ont jamais vu le jour. Aucun plan stratégique pour ce premier responsable qui nage à contre courant.
Les gardiens, le service de nettoyage sont restés plus d’une année sans salaire. Pire, même ceux qui sont partis à la retraite depuis deux ans n’ont pu bénéficier de leurs indemnités, une gouvernance floue, sans orientation précise. L’institution elle-même manque cruellement de moyens. La cour de l’APCAM, autrefois animée, ressemble aujourd’hui à un cimetière silencieux. L’absence de dynamisme est palpable. Plus aucun signal ne montre que cette structure est encore le cœur battant de l’Agriculture
malienne. À l’heure où son mandat arrive à son terme, une question revient avec insistance : Sanoussi Bouya Sylla doit-il être reconduit ?
Pour de nombreux observateurs, la réponse est claire : non. Le statu quo ne semble plus tenable. Plusieurs voix s’élèvent pour exiger une évaluation indépendante de sa gestion et appellent à une
nouvelle direction, capable de réinsuffler vie à une APCAM en perte de vitesse.
5 années de mandat, peu de résultats tangibles, un monde rural toujours plus fragmenté
: le bilan de Sanoussi Bouya Sylla s’apparente à celui d’un rendez-vous manqué avec l’histoire. Pour beaucoup, il est temps de tourner la page et de redonner à l’APCAM la place qu’elle mérite dans le développement agricole du Mali.
À suivre…
Fousseyni SISSOKO
Source : Notre voie