C’était inédit, spectaculaire et même historique. La nouvelle comparution de Mme Bouaré Fily Sissoko lors de la réouverture du procès dit de l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires, ce 22 mai 2025, a marqué les esprits. Présumée innocente, elle a été conduite dans la salle d’audience sur civière. Elle qui a longtemps réclamé justice n’a finalement reçu que l’humiliation.
Triste mais vrai, le jeudi 22 mai 2025, alors que l’assistance de la cour attendait la reprise du procès dit de l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires, une scène inédite attire l’attention de tous. L’entrée en scène, si on peut le dire ainsi, d’une accusée dans le dossier. C’est Mme Bouaré Fily Sissoko, ancienne ministre de l’économie et des finances qui fera finalement son entrée dans la cour du tribunal dans une ambulance.
Au sortir de l’ambulance, un moment de stupeur a envahi la cour. Allongée dans une civière comme un cadavre, Fily a été traînée dans la salle presque immobile. Juristes, hommes de médias, simples citoyens venus être témoins du procès se sont tous plongés dans une pensée profonde et une grande interrogation : pourquoi dans une telle condition ?
Selon les faits rapportés par ‘’Les échos’’ du vendredi 23 mai, c’est à 10h20 que Fily Sissoko a fait son entrée bouleversante dans la salle d’audience quand une ambulance rouge entre lentement dans la cour du tribunal. « Tout le monde comprend que ce procès ne sera pas comme les autres. C’est celui de Mme Bouaré Fily Sissoko, accusée dans l’affaire très médiatisée de l’avion présidentiel et des équipements militaires », peut-on lire les colonnes du quotidien.
La plupart de ceux qui étaient dans la salle ont plutôt pensé à un enterrement qu’à un procès au sortir du corps (vivant) de l’ancienne ministre de l’ambulance sur une civière (brancard) et couverte d’un drap blanc. « Pendant un moment, personne n’a pensé à l’affaire, mais plutôt à la vie de Mme Bouaré Fily Sissoko », témoigne un citoyen présent au procès.
Un procès ou une vengeance politique ?
Depuis trois ans et demi, l’ancienne ministre, défendant son innocence n’a réclamé que justice. Elle a même refusé une liberté provisoire sous caution ou conditionnelle, car pour elle, il faut se faire juger pour que la vérité se manifeste. À l’époque, elle était apte physiquement et mentalement. Mais depuis un an, ses avocats n’ont cessé de décrier sa santé qui s’affaiblissait. Elle n’a jamais obtenu de liberté provisoire pour sa santé ou se faire soigner. Finalement, elle est jugée dans des conditions dite inhumaines qui la déshonorent au point où l’on a le droit de se demander si c’est un procès pour justice ou pour punition politique.
Au niveau public, une vague d’indignation et de frustration se lie sur le traitement réservé à une telle cadre. L’ancien ministre de la justice, Malick Coulibaly, a appelé à la « tempérance pour Madame Bouaré Fily Sissoko ». D’autres sont allés plus loin : « Quand on humilie une femme, c’est toute la nation qu’on rabaisse », s’indignent certains internautes. Il faut le dire, si le procès doit forcément se tenir, la manière aussi compte.
Certes, la défense de l’ancienne ministre de l’Economie et des Finances, fort de son état de Santé jugé critique, a demandé et obtenu le renvoi du jugement au 02 juin prochain malgré les réserves du parquet, mais la manière dont elle a comparu est plus une humiliation qu’une justice rendue.
Dans quelle condition comparaîtra-t-elle la prochaine fois ? Sur une civière ou sur ces pieds ? sera-t-elle apte ? En attendant d’avoir des réponses à toutes ces interrogations, il faut craindre que ce procès ne trahisse son objectif de manifestation de vérité pour prendra une autre allure, celle de l’humiliation d’une dame qui a toujours cru en la justice de son pays et qui attend d’être située sur son sort dans le respect de sa dignité et de son intégrité physique.
Amadou Kodio
Source : Ziré
