Dans un revirement pour le moins inattendu, le gouvernement malien a officiellement révisé sa décision initiale concernant la date de célébration de la fête de l’Aïd El-Kébir, plus connue sous le nom de Tabaski. Après avoir annoncé dans un premier temps que la fête aurait lieu le samedi 7 juin 2025, les autorités religieuses, après consultation approfondie et reconsidération, ont déclaré que la Tabaski sera finalement célébrée le vendredi 6 juin 2025 sur toute l’étendue du territoire national.
Cette nouvelle décision a été rendue publique à travers un communiqué officiel du ministère des Affaires religieuses, du Culte et des Coutumes, signé le 29 mai 2025 par le Secrétaire général du ministère, Famakan dit Sékou DionSAN, et diffusé sur les antennes de l’ORTM dans un flash spécial très attendu.
Une volte-face fondée sur les témoignages du terrain
Selon ledit communiqué, la Commission nationale d’Observation de la Lune, réunie en délibération le 27 mai 2025, avait conclu à l’absence de visibilité du croissant lunaire sur l’ensemble du territoire national, ce qui avait motivé l’annonce initiale fixant la Tabaski au samedi 7 juin 2025. Cependant, des témoignages concordants émanant de fidèles musulmans du Cercle de Koro, région de Bandiagara, faisaient état d’une observation claire du croissant lunaire dans cette localité.
Prenant acte de cette observation et dans un esprit de respect des fondements de la Charia islamique, les autorités religieuses ont reconsidéré leur position. Le mois lunaire de Zoul Hidja, dernier mois du calendrier hégirien qui marque le pèlerinage et la fête de l’Aïd, a donc officiellement débuté le mercredi 28 mai 2025 au Mali, conformément aux prescriptions religieuses.
Une décision saluée mais aussi questionnée
Ce changement a été accueilli avec soulagement par de nombreux fidèles qui craignaient une dissonance avec d’autres pays musulmans de la sous-région, comme le Sénégal, le Niger ou encore l’Arabie Saoudite, qui avaient déjà annoncé le vendredi 6 juin comme date de la Tabaski. Cependant, certains observateurs pointent du doigt une communication tardive et confuse des autorités, source de désorganisation pour plusieurs ménages et commerçants qui avaient calqué leurs préparatifs sur la date du samedi 7 juin.
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Sur les réseaux sociaux, la première annonce avait d’ailleurs suscité une vive polémique. De nombreux internautes dénonçaient une rupture avec les pratiques traditionnelles d’observation du croissant lunaire. D’autres y voyaient une forme de désynchronisation inutile avec le reste du monde musulman. Ce retour à la date du vendredi 6 juin 2025 semble aujourd’hui vouloir réconcilier les autorités religieuses avec une large partie de l’opinion publique nationale.
Enjeux économiques et logistiques
Au-delà de la dimension religieuse, cette révision n’est pas sans impact sur le plan économique et logistique. De nombreux commerçants, notamment les vendeurs de bétail, avaient adapté leur calendrier à l’annonce initiale du 7 juin. Certains avaient retardé l’acheminement de leurs marchandises, croyant disposer d’un jour supplémentaire de vente. Ce changement oblige désormais à un réajustement rapide dans un contexte où la consommation et les déplacements atteignent leur pic annuel.
De même, des écoles, des institutions publiques et privées, ainsi que des transporteurs interurbains devront revoir leur organisation pour s’aligner sur cette nouvelle date.
Une leçon pour l’avenir ?
Ce rétropédalage pourrait bien devenir un cas d’école en matière de gestion des annonces religieuses officielles au Mali. Il met en lumière les défis de coordination entre institutions, l’importance de la veille locale d’observation de la lune et la nécessité d’une communication plus préparée et concertée avec l’ensemble des acteurs concernés.
Dans un pays où la religion occupe une place centrale dans la vie publique, chaque décision liée aux fêtes religieuses majeures, comme la Tabaski, est scrutée, commentée, voire politisée. Cette affaire souligne donc l’importance d’un dialogue continu et rigoureux entre les différentes institutions religieuses et étatiques pour éviter la confusion et renforcer la confiance du public.
Bamada.net continuera de suivre les préparatifs de cette grande fête du sacrifice, moment de rassemblement et de solidarité par excellence dans les foyers maliens. Que la Tabaski 2025 soit porteuse de paix, de réconciliation et de prospérité pour tous.
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Fatoumata Bintou Y
Source: Bamada.net