Avec notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne
La chaine de télévision d’information Rossiya 24 diffuse en direct et en continu des images des émeutes de Kiev. L’Ukraine fait la une de tous les médias russes. Les images de violence, les bus brulés, les cocktails Molotov lancés sur les forces de l’ordre passent en boucle. La première chaîne de TV a interrogé un policier brulé sur son lit d’hôpital.
Le très sérieux journal Kommerzant suit les événements et les rapporte sur son site minute par minute. L’agence Ria Novosti titre sur trois morts à Kiev, un manifestant tombé d’une colonne, et deux autres, victimes de tirs des forces de l’ordre. L’agence explique que les affrontements ont commencé quand les ultranationalistes ont attaqué les forces de l’ordre dimanche.
Le terme employé par de nombreux commentateurs sur les chaînes de télévision gouvernementales pour qualifier les manifestants est celui de « Boeviki », un terme péjoratif qui renvoie aux insurgés du Caucase. Le terme avait été employé mardi par le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
Les premières déclarations des officiels reprennent la ligne exprimée par Lavrov : des ingérences étrangères ont attisé les tensions en Ukraine. Une antienne reprise ce mercredi par le vice ministre des Affaires étrangères, et par le Parlement russe. La Douma a d’ailleurs voté une résolution qui demande aux politiciens occidentaux de cesser de s’ingérer dans les affaires intérieures de l’Ukraine et de cesser de contribuer à l’escalade du conflit.
Une exigence exprimée egalement par le président de la commission des Affaires étrangères, qui doit conduire la délégation russe à la prochaine session de l’assemblée parlementaire du conseil de l’Europe. Le député estime que l’Occident traite les pays d’Europe de l’Est comme des colonies auxquelles on peut imposer un agenda, et pousser la population à se révolter contre un pouvoir légitime.
Pour lui, il n’y a pas l’ombre de la démocratie dans ces manifestations initiées par une minorité d’extrémistes, alors que le développement démocratique d’un pays ne peut se faire que par un processus politique ordonné.
■ ZOOM : La situation inquiète l’Union européenne
Avec notre bureau de Bruxelles
« Inquiétude extrême », sont les mots employés par Catherine Ashton, haute représentante de la politique extérieure de l’Union au sujet des informations sur la mort de deux manifestants à Kiev. Au nom de l’UE, elle condamne fermement l’escalade violente des événements et demande l’arrêt immédiat des violences.
Depuis le début des premières manifestations, il y a deux mois, l’UE à d’abord tenté de maintenir en vie la perspective de la signature des accords d’association et de libre-échange, rejetés par le président ukrainien. Mais depuis, devant l’escalade de la répression policière et judiciaire, l’UE semble ne pas avoir réussi à trouver d’avis unanime autre que de demander la mise sur pieds d’un dialogue démocratique.
Cela a encore été le cas lundi 20 janvier lors de la réunion des 28 ministres européens des Affaires étrangères, ils ont eux aussi condamné l’adoption de lois répressives illégitimes par le Parlement ukrainien. Le ministre suédois a appelé à une action rapide et le ton est encore plus net dans les pays situés à la frontière orientale de l’Union : le ministre polonais a averti que l’Ukraine semble s’éloigner inexorablement de l’Europe et le ministre lituanien évoque pour sa part l’instauration de sanctions.
rfi