Trois mouvements rebelles touareg et arabe du nord du Mali ont annoncé lundi 4 novembre 2013 leur fusion afin de présenter un front uni dans les discussions de paix à venir avec les autorités de Bamako. Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) et le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) ont adopté une « plate-forme politique », une « commission de négociations » ainsi qu’un « organe de décisions » communs, au terme de plusieurs jours de discussions à Ouagadougou.
Fusion prévue
« Guidés par une commune volonté politique de privilégier l’intérêt supérieur du peuple de l’Azawad », et « convaincus que seule une solution politique peut assurer la paix, la sécurité et le développement (…) et contribuer à la stabilité de la sous-région », ces trois mouvements ont annoncé une « fusion » dans un communiqué lu à l’issue de leur réunion. Celle-ci sera effective « après approbation de leurs bases respectives dans un délai de 45 jours », ont-ils ajouté. Le nom du nouveau mouvement ainsi créé n’a pas encore été communiqué.
L’Azawad désigne le nord du Mali pour les Touaregs qui, en janvier 2012, y avaient mené une offensive conduisant à l’embrasement du pays. Le MNLA avait affirmé en septembre qu’il ne négocierait avec les autorités maliennes que sur la base d’une autonomie de l’Azawad alors que Bamako rejette formellement toute partition du pays. Les dirigeants du MNLA semblent depuis lors avoir changé de point de vue, sans toutefois gagner à leur cause toutes les composantes de leur mouvement.
Retourner dans le jeu démocratique
« La plupart des cadres du MNLA veulent un retour dans le giron démocratique et des autorités maliennes », décrypte André Bourgeot, anthropologue spécialiste des sociétés touareg, dans un entretien avec l’AFP. La fusion des trois mouvements vise d’ailleurs à « constituer une entité civile qui leur permettrait de retourner dans le jeu démocratique », explique ce directeur de recherche au CNRS. Mais au sein du MNLA, « beaucoup, notamment parmi les jeunes, n’acceptent pas ce glissement et continuent de revendiquer l’indépendance ».
Les trois mouvements peinent par ailleurs à montrer un front uni. Les trois mouvements étaient absents aux « états généraux de la décentralisation », l’une des premières phases d’un dialogue censé pacifier le nord du Mali fin octobre, mais une branche du MAA était présente aux « assises du Nord » vendredi et samedi derniers à Bamako, auxquels le MNLA et le HCUA n’étaient pas représentés.
Accords de Bamako
Le MNLA, créé en 2010, est le principal mouvement Touareg. Le HCUA comprend d’anciens membres du groupe islamiste Ansar Dine. Le MAA est un mouvement récemment créé par les communautés arabes du Nord afin d’avoir davantage de visibilité et de poids dans les discussions avec Bamako.
Le MNLA et le HCUA avaient signé le 18 juin à Ouagadougou un accord avec Bamako prévoyant un cessez-le-feu, un retour progressif des forces de défense et de sécurité maliennes à Kidal et un cantonnement des combattants rebelles sur des sites de regroupement. De nombreuses discussions doivent encore intervenir pour organiser sa mise en place.
La Croix