Ce jeudi 17 avril 2025, le Chef du gouvernement a reçu en audience le Directeur Général et Chef de l’Administration du Groupe de la Banque mondiale en mission dans notre pays pour renforcer la coopération bilatérale, d’échanger sur la vision actuelle de nos autorités en matière de coopération au développement, et de discuter des stratégies d’amélioration de l’appui de la Banque afin de maximiser son impact sur la résilience et le développement socio-économique du pays.
La Banque mondiale a réaffirmé son engagement à accompagner la Vision Mali kura ɲɛtaasira ka bɛn san 2063 ainsi que la Stratégie Nationale pour l’Émergence et le Développement Durable (SNEDD) 2024-2033. Les échanges ont également porté sur la reprogrammation du projet de réhabilitation de la route Sévaré-Gao, dès que les conditions sécuritaires le permettront. Ce chantier sera conduit par le Génie militaire, notamment dans les zones où l’insécurité demeure.
Lors de l’audience, le Premier ministre a sollicité la reprise de l’Appui budgétaire général (ABG) de la Banque mondiale en faveur du Mali, en soutien au déficit budgétaire tout en rappelant l’importance du respect des trois principes constitutionnels guidant l’action publique et la coopération dans notre pays (article 34 de la Constitution).
En sollicitant la reprise de l’Appui budgétaire général (ABG) de la Banque Mondiale pour combler le déficit des finances publiques, le gouvernement officialise-t-il la très mauvaise passe dans laquelle le trouve ? Que nenni.
A notre avis, la poursuite de la coopération sous de bonnes auspices avec l’institution de Bretton Woods prouve que loin d’être isolé, notre pays vient de recevoir le soutien renforcé de celle-ci. Toutes qui permettent au Premier ministre de compter « sur la Banque mondiale pour nous accompagner dans la réalisation de nos priorités nationales».
La sollicitation de la Banque mondiale, loin d’être anodine, intervient dans un contexte particulier pour le pays. En renouant avec les institutions financières, le narratif des autorités de la transition reste limpide : la souveraineté n’est pas négociable, mais la porte reste ouverte à tous les partenaires respectueux des principes qui guident l’action publique et la coopération de notre pays. C’est pourquoi le Général Abdoulaye Maiga a tenu à rappeler que : « toute coopération doit respecter la souveraineté du Mali, les choix stratégiques et de partenaires opérés par notre pays, ainsi que la défense des intérêts vitaux de nos populations. » Une doctrine qui définit désormais la politique étrangère malienne.
L’appui budgétaire n’est nullement une concession sur la souveraineté budgétaire mais un mécanisme qui permet de financer le budget d’un pays partenaire grâce au transfert de ressources d’un organisme de financement externe au Trésor public du gouvernement partenaire. Les fonds ainsi transférés sont gérés selon les procédures budgétaires du pays concerné, dans le cas d’espèce les nôtres.
Notons qu’il existe deux types d’appui budgétaire : l’appui budgétaire général (ABG) et l’appui budgétaire sectoriel (ABS). L’ABG consiste en une contribution à des fins multiples au budget d’un pays. L’assistance est habituellement fournie en devises étrangères placées à la banque centrale en vue d’être converties en monnaie nationale et versée au compte du gouvernement central (habituellement un compte du Trésor) tenu à la banque centrale. Un gouvernement peut utiliser ces fonds pour réduire ou rembourser des dettes ainsi que pour assurer ou augmenter la dépense budgétaire.
Quant à l’ABS, il désigne différents types d’appui financier conjugués à l’appui aux politiques sectorielles et aux réformes institutionnelles. Dans le cas d’un prêt ou d’un don d’appui budgétaire sectoriel non affecté à des fins particulières, les ressources sont versées dans le budget général. Dans le cas d’un ABS affecté à des fins particulières, les ressources sont versées au budget du ministère sectoriel qui mène la concertation et élabore et met en oeuvre les réformes. Dans un ABS affecté à des fins particulières et identifiables, les ressources sont attribuées à des sous-secteurs précis ou à des postes budgétaires, et les dépenses et les résultats sont surveillés. Dans le cadre d’un ABS affecté à des fins particulières, la concertation et les conditionnalités portent sur les éléments de dépense plutôt que sur les politiques sectorielles. Dans celui d’un ABS non affecté à des fins particulières, la concertation porte davantage sur les politiques sectorielles.
À la date du 31 mars 2025, le portefeuille actif de la Banque mondiale au Mali comprend dix-neuf (19) projets, dont onze (11) à caractère national et huit (08) à caractère régional, pour un montant total approuvé de 1 796 millions de dollars US, soit environ 1 077,6 milliards de FCFA.