n attendant le couperet, voici un panorama des propositions faites suite aux consultations tenues les 16 et 17 avril 2025 par les forces vives régionales et de la diaspora dans le cadre de la relecture de la Loi N°05- 047 du 18 août 2025 portant Charte des Partis politiques conformément aux résolutions des Assises nationales de la refondation (ANR). La phase nationale de ces consultations est prévue ces 28 et 29 avril à Bamako.
Régions
Koulikoro : l’enquête de moralité préalable à la création de nouveaux partis
Parmi les propositions phares on note : la dissolution des partis politiques, une mesure qui viserait à instaurer un nouveau cadre politique plus sain. Les forces vives ont également insisté sur la nécessité d’un audit transparent du financement des partis, afin de garantir une utilisation éthique des ressources. Une des recommandations notables inclut la limitation du nombre de partis politiques à cinq, une démarche qui pourrait conduire à une simplification du paysage politique et favoriser une meilleure gouvernance. Koulikoro a également plaidé pour une enquête de moralité préalable à la création de nouveaux partis, ainsi qu’une conditionnalité stricte liée au paiement d’une caution conséquente avant la délivrance des récépissés ainsi que le besoin de renforcer la représentation territoriale des partis avec l’exigence que chaque parti dispose d’une présence dans toutes les régions et à Bamako.
Le Méguetan a appelé aussi à interdire la réutilisation des noms de partis dissous dans la création de nouveaux partis, une mesure qui se veut garant de l’innovation politique, l’interdiction du financement public des partis et la facilitation des procédures de dissolution des partis non conformes ; la fin du statut de Chef de file de l’opposition, tout comme l’interdiction du nomadisme politique durant le mandat électif, pour promouvoir une plus grande stabilité et intégrité dans l’engagement des élus.
Enfin, Koulikoro lance un appel pour réaliser un audit indépendant du fichier électoral, dans le but de restaurer la confiance du public dans le processus électoral.
Bamako : l’interdiction de l’utilisation des noms des partis dissous
Le District propose la création de cinq partis repartis en deux blocs : les partis au pouvoir et ceux de l’opposition afin de limiter la dispersion des forces politiques, renforcer la cohésion idéologique et faciliter la gouvernance démocratique et exige le paiement d’une caution supérieure ou égale à 180 millions de Fcfa pour la création d’un parti politique.
Bamako prône une nouvelle Charte des partis politiques qui faciliterait la démarche vers l’interdiction de l’utilisation des noms des partis dissous.
Comme Koulikoro, Bamako demande aussi l’obligation pour les partis politiques d’avoir des représentants visibles sur toute l’étendue du territoire national ; l’instauration d’une enquête de moralité dans la procédure de création d’entités politiques et la mise en place d’un système de contrôle, de suivi et d’évaluation plus strict des partis.
Les forces vives des Trois caïmans ont exigé que chaque parti créé, ait son projet de société dans toutes les langues nationales de notre pays et que le parrainage doit réunir 15% de la population (niveau cercle et région) ; le paiement d’une caution supérieure ou égale à 180 millions Fcfa pour la création d’un parti politique, de faire l’audit du financement public des formations politiques existantes, de supprimer leur financement et de solliciter de nouvelles mesures d’accompagnement.
Pour Bamako, il faut être de nationalité d’origine malienne pour créer un parti et adopter une loi interdisant le nomadisme politique
Ségou : auditer le financement public
Pour la capitale des Balazans et la Cité des Sages, il faut donner le temps qu’il faut aux dirigeants pour poursuivre l’œuvre de souveraineté et de dignité entamée à la tête de notre pays.
Pour ce faire, il convient de dissoudre tous les partis politiques et aller sur de nouvelles bases, faire l’audit de ceux qui ont bénéficié du financement de l’État, réfléchir sur les critères de création des partis politiques en introduisant l’enquête de moralité dans la procédure de création des partis politiques.
Parmi ses 13 propositions, Ségou demande aussi la révision des dispositions de la Constitution sur les partis politiques en conditionnant leur création au payement d’un montant conséquent, de mettre fin au statut de chef de file de l’opposition ; de prévoir le statut de chef de file de la majorité présidentielle dans la Charte des partis politiques et de mettre fin aux alliances contre nature lors des élections.
Sikasso : l’autorisation de deux grands regroupements
Le Kénédougou prône la dissolution de l’ensemble des partis politiques pour créer deux grands regroupements, l’audit du financement public des partis politiques, la sanction contre les partis qui influencent les électeurs par l’argent ou autres avantages en nature ; la suppression du poste de chef de file de l’opposition et l’interdiction du financement public des partis ou la réduction du montant qui leur est alloué.
Mopti : l’instauration d’un scrutin majoritaire à un tour
Dans la Venise malienne, les participants ont, à la fin des travaux, fait 10 propositions dont ; l’instauration d’un scrutin majoritaire à un tour, la création de trois blocs politiques (majorité, opposition et centre) et la suppression du statut de chef de file de l’opposition ; l’interdiction du nomadisme politique en cours de mandat avec la perte automatique de son siège dans l’organe délibérant ; la signature d’un engagement de loyauté avant les élections et renforcer la discipline parlementaire.
Bandiagara : la dissolution de tous les partis politiques
Parmi les propositions phares de la Cité des Falaises, on peut retenir : la dissolution de tous les partis politiques et de laisser la possibilité de créer 3 grands partis politiques ; la suspension du statut de chef de file de l’opposition ; l’élargissement de l’article 106 de la Constitution aux élus communaux en ces termes « Tout député, sénateur ou élu communal qui démissionne de son parti politique ou de l’organisation qu’il représente déchu automatiquement de son mandat » ; l’adhésion à un autre parti ou organisation est considérée comme une démission.
Kayes : la caution d’au moins 50 millions de FCFA pour créer un parti politique
Les forces vives de la capitale des rails demandent, entre autres, la dissolution des partis politiques ; la suppression du financement des partis politiques ; la suppression du statut du chef de file de l’opposition à travers l’abrogation du décret N°2015-007 du 4 mars 2015 portant statut de l’opposition politique ; l’audit des fonds déjà alloués aux partis politiques ; l’audit du fonds lié au chef de file de l’opposition ; le maintien de l’opposition politique parlementaire ; la restriction des conditions de création des partis politiques à travers notamment l’instauration d’une caution de 50 millions de FCFA pour toute nouvelle initiative de création de partis politiques ; l’interdiction du nomadisme politique avec comme conséquence la perte de mandat et de l’éligibilité pour 5 ans .
Nioro du Sahel : le paiement d’une redevance annuelle par chaque parti politique
A l’instar de plusieurs régions du pays, les forces vives de la Cité lumière du sahel optent pour la dissolution des partis politiques existants, suivie d’un processus de refondation basé sur de nouveaux critères ; l’audit du financement des partis politiques pour plus de transparence et de redevabilité ; la suppression du statut de chef de file de l’opposition, jugé inadapté au contexte politique actuel ; l’interdiction du financement public ou étranger des partis politiques pour garantir leur indépendance ; l’interdiction de réutilisation des noms de partis dissous, afin d’éviter les confusions et manipulations ; le paiement d’une redevance annuelle par chaque parti politique pour maintenir son enregistrement officiel comme les médias audiovisuels ; le paiement d’un montant conséquent à la création d’un parti politique pour limiter la prolifération excessive, une enquête de moralité dans le processus de création de parti, avant la délivrance du récépissé.
Ce n’est pas tout, Nioro du Sahel a proposé la Limitation du nombre de partis politiques à cinq (5) au maximum, pour une meilleure organisation et lisibilité de l’espace politique.
Nara : meilleure gouvernance politique
Les travaux se sont conclus sur un engagement commun à poursuivre ce dialogue et à assurer le suivi des recommandations émises, marquant ainsi une étape significative vers une meilleure gouvernance politique au Mali et dans la région.
Tombouctou : reconnaissance du statut du Président de la République au président de la Transition avec un mandat de 5 ans renouvelable
Les propositions des 13 cercles de la région qui reflètent l’opinion des populations de Tombouctou sont, entre autres : reconnaissance officiellement le statut du président de la République au président de la Transition en l’accordant un mandat de 5 ans renouvelable à partir de 2025; la dissolution de tous les partis politiques et prendre de nouvelles dispositions pour la création des partis politiques avec des conditions drastiques ; la suppression du poste de chef de file de l’opposition ; la suppression du financement public des partis politiques ; l’audit du financement des partis politiques existants.
Gao: mettre fin à la transhumance politique
La Cité des Askia opte pour l’interdiction d’un élu de changer de parti pendant son mandat, sous peine de perdre son siège et d’être inéligible aux élections suivantes ; l’interdiction des alliances entre un parti d’opposition et un parti de la majorité, qualifiées par certains de «alliances contrenatures».
Outre la réduction du nombre de partis politiques de 3 et à 5 formations, Gao demande de mettre fin au financement public des partis politiques ; de mettre en place un système d’audit du financement extérieur des partis ; de supprimer le statut du chef de file de l’opposition ; de prendre des dispositions relatives à la transhumance politique…
Kita : attribution du titre du président de la république au Général Assimi Goita
Après deux jours d’échange, les forces vives de la capitale de l’arachide se sont prononcées en faveur de la réduction du nombre de partis politiques ; l’élargissement de l’interdiction du nomadisme politique en cours de mandat et le financement des partis politiques.
Plusieurs autres propositions ont été formulées demandant la limitation du nombre des partis politiques au Mali à quatre ; l’attribution du titre du président de la république au général d’armée Assimi Goita, définir les alliances contre natures dans la charte et proposer les sanctions ; élargir aussi la perte de mandants à tous les élus en cas de nomadisme.
Bougouni : dissoudre les associations à caractère politique
A l’issue des consultations, les forces vives du Banimonotié recommandent de : suspendre la délivrance de nouveaux récépissés de partis politiques ;dissoudre tous les partis politiques pour partir sur de nouvelles bases de création ;abroger la Loi N° 15-007 du 4 mars 2015 portant statut de l’opposition politique et son décret d’application ;veiller à la réduction du nombre de partis politique à un nombre impair (3 ou 5);interdire les activités politiques aux associations ;dissoudre les associations à caractère politique ;faciliter les conditions de dissolution des partis politiques dans la nouvelle charte ;interdire le nomadisme politique aux élus régionaux et communaux ; supprimer le financement public des partis politiques.
Diaspora
Ambassade du Mali à Bruxelles : réaffirmation du statut de Chef de file de l’Opposition
Après deux jours d’échanges, les Maliens de Belgique ont proposé : la réduction du nombre de partis politiques en appliquant des conditions restrictives de création et de financement ; la réaffirmation du statut de Chef de file de l’Opposition ; l’interdiction du nomadisme politique en cours de mandat.
M5-RFP : aucune dénaturation des résolutions des ANR
Le Comité Stratégique du M5-RFP pense que les autorités de la Transition doivent s’en tenir scrupuleusement aux Recommandations des Assises Nationales de la Refondation (ANR), déjà actées dans la nouvelle Constitution adoptée par référendum le 18 juin 2023, véritables bases de légitimité de la Transition politique en cours. Par ailleurs, toute concertation sur la question doit avoir comme objet de proposer des modalités d’opérationnalisation des dispositions constitutionnelles en la matière, conformément aux recommandations des ANR relatives au statut des partis politiques, à savoir : d’une part la réduction du nombre de partis politiques en appliquant des conditions restrictives de création et de financement ; d’autre part, la relecture de la Charte des partis politiques, avec une réaffirmation du statut de Chef de file de l’Opposition ; enfin l’interdiction du nomadisme politique des élus.
C’est pourquoi le M5-RFP originel dit qu’il ne saurait s’associer à aucune dénaturation des résolutions de principe suffisamment claires des ANR à travers des concertations qui ont tout l’air de tentatives de reprises desdites ANR.
FSD : pas nécessaire de chercher à réinventer la roue
Le FSD, soucieux de la préservation des principes démocratiques et républicains, réaffirme son attachement à la Constitution promulguée le 22 juillet 2023 et demande le respect des résolutions des Assises Nationales de la Refondation relatives à la révision de la charte des partis politiques.
Par conséquent, le FSD, un des acteurs majeurs des ANR, rappelle qu’il n’est pas nécessaire de chercher à réinventer la roue.
Rassemblé par la Rédaction