La scène politique ivoirienne vient d’être profondément marquée par une décision hautement symbolique : le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) a officiellement désigné ce samedi 22 juin 2025, à Abidjan, le président sortant Alassane Dramane Ouattara comme son candidat à l’élection présidentielle prévue le 25 octobre prochain. Ce choix, intervenu lors du deuxième congrès ordinaire du parti au pouvoir, vient confirmer la volonté de la formation politique de capitaliser sur l’héritage du président Ouattara, mais ce dernier, tout en exprimant sa gratitude, n’a pas encore annoncé s’il accepterait de briguer un quatrième mandat.
Un congrès sous haute intensité politique
Bamada.net-C’est dans un climat d’unité, de ferveur et de mobilisation exceptionnelle que le RHDP a tenu son deuxième congrès ordinaire, au Palais des Sports d’Abidjan, puis poursuivi ses travaux avec un meeting géant au Stade olympique Alassane Ouattara d’Ebimpé. Des milliers de militants venus des quatre coins du pays ont fait le déplacement pour exprimer leur attachement au chef de l’État et porter leur choix sur lui comme porteur du flambeau pour la présidentielle à venir.
« Du Nord, du Sud, du Centre, de l’Ouest, de l’Est (…) vous m’avez dit avec foi, avec force, avec tendresse souvent : ‘Président, encore une fois !’ », a déclaré un Alassane Ouattara visiblement ému, avant de poursuivre : « Oui, je vous ai entendus. »
Une réponse différée, mais un engagement réaffirmé
Malgré cette désignation formelle, le président ivoirien, qui dirige le pays depuis 2011, a préféré temporiser quant à sa participation effective à la présidentielle. « Je prendrai dans les jours qui viennent, après mûre réflexion, en âme et conscience, une décision », a-t-il confié à ses partisans, préférant laisser la porte ouverte à toutes les options, dans ce qui semble être une posture stratégique d’observation.
Cette prudence apparente intervient dans un contexte politique délicat, où la question du quatrième mandat d’un président continue de susciter des débats sur le continent, notamment en ce qui concerne les équilibres institutionnels, la légitimité démocratique et le respect des engagements antérieurs. Rappelons qu’en 2020, Ouattara s’était présenté à un troisième mandat jugé controversé par une partie de la classe politique ivoirienne, arguant de l’entrée en vigueur d’une nouvelle Constitution qui remettait à zéro le compteur des mandats.
Stabilité, croissance et transformation : le bilan défendu par Ouattara
S’appuyant sur un bilan qu’il juge positif, le président Ouattara a mis en avant les progrès économiques et sociaux réalisés sous sa gouvernance. Dans son discours, il a insisté sur les avancées dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’accès à l’eau potable, de l’électricité, des infrastructures routières, et de la création d’emplois.
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« Les résultats les plus importants et dont nous devons être le plus fiers sont la paix, la stabilité et la sécurité retrouvées », a-t-il martelé, soulignant que ces éléments sont « les fondations nécessaires pour construire un avenir radieux pour chaque Ivoirienne et chaque Ivoirien. »
Pour Ouattara, la Côte d’Ivoire n’a pas seulement été reconstruite après la crise post-électorale de 2010-2011, mais elle a été transformée. Il a évoqué une vision de développement à long terme, portée par une gouvernance rigoureuse et des investissements massifs, notamment dans les secteurs stratégiques.
Un parti à la croisée des chemins
La désignation d’Alassane Ouattara comme candidat intervient dans un contexte où le RHDP cherche à préserver sa cohésion interne, tout en se préparant à une compétition électorale qui s’annonce rude. En effet, au sein même du parti, certaines voix appellent à un renouvellement de la direction politique et à la promotion d’une nouvelle génération de leaders. Le congrès a toutefois reconduit Ouattara comme président du parti, soulignant la confiance quasi unanime dont il jouit encore au sein de sa formation.
Mais cette dynamique interne n’efface pas les critiques de l’opposition, qui voit dans cette manœuvre une tentative de verrouiller le processus électoral au profit d’un pouvoir vieillissant. Plusieurs figures de l’opposition, dont des anciens alliés d’Ouattara comme Henri Konan Bédié (paix à son âme) ou encore Laurent Gbagbo, restent vigilants et appellent à une alternance politique en 2025.
Enjeux régionaux et continentaux
La décision du président ivoirien de ne pas se prononcer immédiatement sur sa candidature s’inscrit aussi dans un contexte géopolitique ouest-africain tendu. Les transitions militaires au Mali, au Burkina Faso et au Niger ont ravivé les débats sur la démocratie et la gouvernance sur le continent. La position d’Abidjan, considérée comme un pilier de stabilité dans la sous-région, est donc scrutée avec attention par les observateurs internationaux.
Le chef de l’État a promis des élections « apaisées, démocratiques et transparentes », insistant sur le rôle de l’État à garantir la sécurité et la paix tout au long du processus électoral.
Et maintenant ?
La Côte d’Ivoire entre dans une période d’attente fébrile. L’annonce officielle de la décision du président Ouattara sur sa candidature pourrait redessiner le paysage électoral ivoirien. En attendant, le RHDP affiche sa sérénité, prêt à faire campagne avec son leader historique… ou à se rallier à une nouvelle figure, si jamais le président sortant décidait de passer le témoin.
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Moise Touré
Source: Bamada.net