Pour sortir le pays de la crise actuelle, ouvrir de nouvelles pistes pour la restauration de la paix et de la sécurité ; bâtir le consensus sur les exigences d’un renouveau de l’État et adopter les instruments juridiques nécessaires à ce renouveau, le Président de la République a proposé lors de son adresse de Nouvel An 2019, l’organisation d’un Dialogue politique et social inclusif. Pour mener à bien la mission, un Comité d’organisation a été mis en place. Il sera appuyé par un Triumvirat qui a une mission de facilitation. Si les travaux du dialogue ont pu démarrer avec toutes les difficultés du monde, le Triumvirat est en passe de tout monopoliser la mission commune. Chronique d’une divergence !
Bien qu’il soit la cheville ouvrière de Dialogue national inclusif, le Comité d’organisation de ce processus, dirigé par l’ambassadeur Cheick Sidi DIARRA peine à s’affirmer à côté d’un Triumvirat qui devient de plus en plus gourmand en autorité et en prestige. Ainsi, en plus de sa mission de facilitation qui du reste est menée, le Triumvirat, réconforté par ses rapports de bon voisinage avec le président de la République et sa notoriété de sagesse (personnes âgées), s’engouffre dans l’organisation, faisant ombrage au Comité mis en place à cet effet.
À l’origine du divorce entre ces deux organes, le partage du gâteau national. Même si les vieux sont prompts à convaincre sur leur désintéressement, en raison de leur âge, ils semblent bien rouler pour leurs arrières.
La première opposition manifeste entre ces deux organes est la circulation de deux logos pour le même Dialogue national inclusif (DNI). En effet, à côté du premier, une colombe en vol tenant au bec un rameau, circule et un autre sur lequel on aperçoit la carte du Mali appuyée de haut en bas par deux mains sur une bande aux couleurs nationales. Ce logo, on le retrouve surtout sur le portail www.dialoguenational.ml dédié au dialogue national. Pourtant, selon des sources bien introduites, le premier logo qui comporte la colombe a été validé par les deux organes et reste valable, parce qu’aucun communiqué officiel ne l’a jusque-là interdit.
Aussi, depuis les premières assises, tous les rapports au niveau des communes et des cercles étaient acheminés directement du ministère de l’Administration territoriale au Comité d’organisation du DNI. Ce processus a été brusquement stoppé, sans raison officielle. À l’origine, il nous revient que c’est sur ordre du Triumvirat que les colis ont changé de destination. Pourquoi ? Selon nos sources, au cours d’une réunion sur l’exploitation de ces rapports, le Triumvirat n’aurait pas partagé la proposition faite par le président du Comité d’organisation. Ce dernier a exprimé sa volonté de scanner l’ensemble des rapports pour les mettre sur le site pour des besoins de consultation. Pour le document de TDR, il aurait proposé de faire une synthèse des recommandations qui lui parviennent. La proposition n’a pas agréé le Triumvirat qui avait certainement d’autres ambitions. Dès lors, il fera dévier l’itinéraire des rapports qui parachuteront désormais sur sa table. Pour quel usage ? Rien d’extraordinaire, il les met à la disposition de techniciens qu’il a lui-même recrutés pour faire le même travail proposé par le président du Comité d’organisation. Aussi étonnant que cela puisse paraître, les membres de la cellule technique du Comité d’organisation sont refusés aux réunions du Triumvirat alors qu’elles sont ouvertes à des tierces personnes. C’est d’ailleurs dans ce sens que ses informations se retrouvent sur des plateformes qui n’ont rien à avoir avec le DNI.
Une troisième divergence bien perceptible, l’arrêt brutal des annonces du DNI sur l’ORTM. Il semble qu’à ce niveau, c’est un ministre du gouvernement qui a été mis à contribution pour faire arrêter ces annonces. Et pourtant, le Comité d’organisation relève directement de la Primature. Alors quelle mouche a piqué notre ministre pour naviguer à contre-courant de la volonté du PM ? C’est compréhensible, puisque nous sommes au Mali où le ridicule ne tue pas.
Selon nos sources, toutes les propositions venant du comité sont systématiquement rejetées par les ‘’sages’’ qui travaillent désormais, selon son propre agenda. Toutefois, il nous revient que le président du Comité s’est dit prêt à faire avec. Il promet de continuer à proposer, qu’il soit écouté ou pas, l’histoire jugera tout un chacun.
De quoi se mêle donc le Triumvirat ? En tout cas, il est clair que le Président du Comité national d’organisation a été nommé par décret présidentiel et rattaché à la primature avec un plan d’action opérationnelle. Sa mission est l’organisation matérielle et scientifique (Communication visibilité, production de support de communication, de documents techniques tels rapports envoie des invitations, mobilisation des participants, note de synthèse, etc. Il travaille avec un comité élargi.
Quant au Triumvirat, il a une mission de facilitation. Il s’agit de démarcher toutes les couches sociales et professionnelles du Mali. S’il y a des difficultés par rapport à la participation d’une partie, il intervient comme médiateur et fait en sorte qu’il n’y ait de frustration d’aucun citoyen. Il fixe la date des concertations de commun accord avec le Comité. Au regard de cette mission, on comprend aisément que le Triumvirat a suffisamment de défis à relever que de mettre le bâton dans les roues du Comité d’organisation. En tout cas, pour l’instant, il gagnerait davantage à aller convaincre la CMA, l’Opposition et Anw Ko Mali Dron à revenir à la table du dialogue qu’à s’intéresser à l’archivage des rapports ou à donner ordre à l’ORTM pour la publication de tel ou tel message. Des tâches qui reviennent de droit au Comité d’organisation.
Pour le bonheur des Maliens, l’échec de la Conférence d’Entente nationale ne nous conseille pas de laisser toute l’organisation de ce dialogue entre les mains de ce Triumvirat qui, même s’il est difficile de douter de sa bonne foi, manque tout de même de l’énergie nécessaire à la réalisation de la mission.
À suivre !
Par Sidi DAO