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Tension au Mali: Le Pacte de stabilité sociale piétiné, confusion de rôles entre le syndicalisme et la politique

Deux ans après la signature d’un pacte de stabilité sociale et de croissance économique avec plusieurs organisations syndicales, force est de reconnaître que de plus en plus, les syndicats électrisent la situation sociale dans le pays. En montrant leurs muscles, sont-ils dans leur rôle ou bien s’accaparent ils de l’espace abandonné par les partis politiques ?

L’année 2025 a commencé sur des braises ardentes en ce qui concerne les relations entre les pouvoirs publics et les syndicats. Le tout dernier bras de fer a été celui que l’État a eu avec les syndicats de la santé dans le cadre de l’affaire Pr Broulaye Samaké du CHU Gabriel Touré. Dans le même temps, le syndicat national de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (SYNESUP) observe depuis ce lundi 7 avril un arrêt de travail de 06 jours reconductible. Il exige le paiement intégral et sans délai des arriérés des frais d’heures supplémentaires des enseignants non permanents. Le syndicat national des banques, établissement financiers, assurances, microfinance, commerce et pétrole ( SYNABEF) s’apprête à débrayer à partir du 17 avril prochain en vue d’obtenir la libération de deux de leurs collègues d’Ecobank-Mali incarcérés dans le cadre d’une affaire de faux et usage du faux et escroquerie ayant un lien avec la construction d’une mini-centrale de la société EDM-SA à Djenné. Pourtant, ces syndicats font partie des organisations qui ont signé le pacte de stabilité sociale et de croissance économique. 

Que dit le pacte de stabilité sociale ? 

Le vendredi 25 août 2023, les travailleurs et les opérateurs économiques de notre pays, réunis au Centre international de conférences de Bamako (CICB), ont signé le Pacte de stabilité sociale et de croissance avec le gouvernement. Ils étaient au nombre de 17 centrales syndicales et organisations syndicales. Ils ont ainsi obtenu des engagements des autorités allant dans le sens de l’amélioration de leurs conditions de travail et la promotion du secteur privé. Le Pacte de stabilité sociale a pour objectif général de favoriser l’instauration et la consolidation d’un climat social apaisé, propice à l’émergence économique, à travers une transformation structurelle de l’économie. Le document est bâti autour de sept chapitres avec un préambule contextuel et un plan d’actions quinquennal de mise en œuvre, à partir des recommandations de la Conférence sociale tenue en octobre dernier. Ce plan d’actions 2023-2027 comprend 60 domaines d’engagements et 125 activités programmées. Ces activités portent, entre autres, sur l’extinction des procès-verbaux de conciliation signés avec les syndicats de travailleurs, l’organisation des élections professionnelles et l’adoption d’une politique salariale. Malgré cet accord, les syndicats sont entrés en fronde pour des questions particulières au point que certains observateurs les qualifient de structures voulant jouer le rôle de partis politiques. 

Syndicalisme et politique 

Les syndicats sont des organisations qui représentent les intérêts des travailleurs, cherchant à améliorer leurs conditions de travail, leurs salaires, et leurs droits. Historiquement, ils ont souvent joué un rôle actif dans la politique, que ce soit par le biais de l’influence directe sur les politiques publiques ou par leur association avec des partis politiques. C’est ainsi qu’ils peuvent influencer la politique de différentes manières : lobbying, mobilisation sociale, participation aux élections. En termes de lobbying, les syndicats font pression sur les gouvernements pour adopter des législations favorables aux travailleurs. En ce qui concerne la mobilisation sociale, ils organisent des grèves, des manifestations, et des campagnes pour sensibiliser l’opinion publique et influencer les décideurs. Pour leur participation aux élections, dans certains pays, les syndicats soutiennent des candidats ou des partis politiques, voire présentent leurs propres candidats. C’est le cas de  la CGT (Confédération générale du travail) en France qui a historiquement, des liens étroits avec le Parti communiste français (PCF). C’est aussi le cas  du Labour Party au Royaume-Uni qui a été historiquement fondé avec le soutien des syndicats pour représenter les intérêts des travailleurs au Parlement. Et puis qu’elles retiennent aussi qu’il y a des modèles de syndicalisme tels que le syndicalisme réformiste et le  syndicalisme révolutionnaire. Le premier cité, souvent observé en Europe de l’Ouest, vise à travailler avec l’État et les employeurs pour obtenir des réformes de façon graduelle. Pour ce faire, les syndicats cherchent à influencer les politiques publiques par la négociation et le dialogue social. Quant au syndicalisme révolutionnaire, plus radical, rejette souvent la collaboration avec les structures de pouvoir existantes et peut prôner des changements sociaux plus profonds par des actions directes comme les grèves générales. 

Les syndicats au Mali, acteurs majeurs dans les changements politiques 

En retournant un peu dans les luttes pour l’indépendance du Mali, on se rend compte que les syndicats ont été à l’avant-garde. En effet, c’est grâce à des militants des organisations politiques et syndicales de gauche venus de la métropole, notamment celles proches du Parti Communiste Français, qui ont été les initiateurs de la création des syndicats au Mali. Ils ont créé les cercles d’études marxistes qui ont marqué surtout la jeunesse estudiantine et les quelques cadres locaux qui travaillaient au sein de l’administration coloniale. Pour beaucoup de jeunes étudiants de l’époque, c’était comme un passage obligé. Avec la création de ces syndicats, les grèves commencèrent. C’est ainsi qu’est né le PAI (Parti Africain pour l’indépendance) dans le feu des luttes ; notamment celles des cheminots de la ligne de chemin de fer du Dakar-Niger en 1947-1948. C’était le 15 septembre 1957 à Thiès au Sénégal par un manifeste signé par vingt-trois patriotes africains originaires de la Guinée, du Mali, du Niger et du Sénégal. Ils étaient principalement enseignants, médecins, pharmaciens, dentistes, fonctionnaires, ouvriers, ingénieurs, étudiants et artistes. Dans cette atmosphère, le Soudan français et plusieurs autres territoires, accéderont à l’indépendance. Après huit (08) ans de gestion, le régime de Modibo Keïta fut victime d’un coup d’État militaire le 19 novembre 1968. De cette date jusqu’au 26 mars 1991, la centrale syndicale, l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) n’a cessé de revendiquer les droits des travailleurs. C’est grâce à elle et au syndicat des élèves et étudiants (AEEM: Association des élèves et étudiants du Mali) que les organisations politiques ont pu arriver à faire tomber le régime civilo-militaire du Général Moussa Traoré. En organisant une grève illimitée jusqu’à la démission du Chef de l’État, l’UNTM avait sonné le glas du pouvoir en place. A la chute du régime, elle a occupé la vice-présidence de la transition à travers le CTSP (Comité de transition pour le salut du peuple). Auparavant, elle avait un lieu privilégié de formation et de maturation des futurs leaders politiques qui vont faire renverser le régime. Ces leaders ont été  formés dans les milieux syndicaux des enseignants et des scolaires, des travailleurs de la santé, de la culture, de la presse et de la justice. Récemment avec les mouvements populaires de contestation contre le régime de feu IBK, les syndicats ont joué un rôle crucial. Même si l’UNTM n’y faisait pas partie, il y avait d’autres centrales syndicales comme la CSTM (Confédération syndicale des travailleurs du Mali), la CDTM (Centrale démocratique des travailleurs du Mali). Il y avait aussi des syndicats autonomes tels que la puissante synergie des syndicats d’enseignants signataires du 15 octobre. A la chute du régime de feu IBK, la centrale syndicale, UNTM, a joué un rôle efficace d’apaisement du climat social, ce qui permet aux autorités de la transition de s’occuper « à tête reposée » de la gestion du pays.
Au regard de tout ce qui précède, ce n’est pas trop dire que le syndicalisme et la politique sont intimement liés. Comme le dit un adage bien connu de chez nous :  » Que le poisson soit dans le filet de Lassinè ou dans celui de Fousseyni, c’est la maman des jumeaux qui en sera toujours heureuse« . 

A.Diallo 

Source : Nouveau Réveil
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