Les aide-ménagères, autrement appelées “bonnes“ ou servantes, sont aujourd’hui l’un des éléments essentiels dans presque tous les foyers à Bamako. Elles sont sur tous fronts dans les familles, de la cuisine à la chambre conjugale de la patronne, en passant par l’entretien de la cour et les membres du foyer (les enfants, la patronne et son mari).
Depuis des années, on assiste à une montée en puissance de l’implication des servantes dans la vie des couples à Bamako. Ces aide-ménagères, comme son nom l’indique, étaient censées apporter aide à la ménagère de la famille débordée par les travaux ménagers. Mais l’employabilité de celles-ci prend une autre tournure depuis des années dans les capitales régionales. Et le cas de Bamako, la capitale malienne, est encore pire à ce sujet.
Les “bonnes”, comme on aime les appeler, sont employées dans presque toutes les familles (riches, moyennes et même quelques fois pauvres). Elles occupent une place importante dans les foyers. Leur présence est aujourd’hui indispensable pour le bon fonctionnement de la famille.
“Il y a des années, on remarquait rarement la présence des servantes dans les familles, mais aujourd’hui ce n’est plus le cas. Tu trouveras au moins une bonne, voire deux ou trois dans des familles. Elles sont devenues presque indispensables pour le bon fonctionnement des foyers”, reconnait une dame.
La prolifération du phénomène dans les grandes villes et par familles riches à une explication. “Le problème de servantes est une réalité des grandes villes et des familles riches. Il est impératif d’avoir une servante en ville, parce que les femmes et les hommes partent tous travailler, il faut quelqu’un pour s’occuper des tâches ménagères et les enfants, d’où la nécessité d’employer une servante. Dans les villages, le phénomène est très rare pour ne pas dire qu’il n’existe pas, car les femmes sont fréquentes dans les foyers et du coup font les travaux ménagers”.
Pour Aminata Diallo, qui emploie deux servantes, l’emploi des aide-ménagères est nécessaire dans la plupart des cas, mais elles ne doivent pas jouer le rôle de l’employeur. “Pour moi, avoir des servantes est normal car je n’ai pas de grande filles pour m’aider dans les tâche ménagères. Ce qui explique mon besoin de servantes. Elles m’aident dans les travaux ménagers, mais il y a des limites qu’elles ne doivent pas franchir. En aucun cas, elles ne doivent pas faire les petits entretiens de ton mari ou de votre chambre conjugale”, précise-t-elle. Elle ajoute : “Les femmes du temps moderne deviennent de plus en plus paresseuses, jusqu’à ce qu’elles n’arrivent même pas à faire leur propre entretien à plus forte raison celui de leur mari”.
L’expansion de ce phénomène s’explique en partie par l’occidentalisation de notre société. “Même si on est une femme qui travaille, quelle que soit la nature de ce travail, ça ne doit pas t’empêcher de faire les travaux ménagers. Je vois dans cette histoire de servantes, la complexe de nos femmes à se référer aux Occidentaux”, regrette Awa Keita, ménagère.
K. K., “bonne” de son état, nous fait savoir que les servantes sont un pilier de plusieurs familles bamakoise. “Mes amies et moi lors de nos causeries, il ressort que c’est les bonnes qui font tout à la place de leur patronne. Ça fait bientôt 3 ans que je suis avec ma patronne, je fais tout à la maison. A un moment donné je voulais rentrer au village, ma patronne m’a suppliée de rester et m’a fait une augmentation de salaire”.
“Nous les servantes on fait tout chez nos employeurs. C’est nous qui faisons la cuisine, les entretiens des enfants, de madame et même souvent de son mari. Mais en fin de compte, on n’est même pas reconnaissant envers nous. Nous ne sommes pas bien payées et nous sommes maltraitées dans ces familles”, regrette S. C.
Moctar Dramane Koné, Stagiaire
Par L’Indicateur du Renouveau