Nommé à la tête de la Direction générale des Impôts du Mali (DGI) en janvier 2025, Hamadou Fall Dianka, bien que valable n’aura pas attendu six mois pour convoiter les sommets sous régionaux.
Sans même avoir encore convaincu à l’échelle nationale, le voilà déjà promu Administrateur du CREDAF (Cercle de Réflexion et d’Échange des Dirigeants des Administrations Fiscales), en tant que représentant de l’Afrique de l’Ouest. Une ascension express, sur fond de festival médiatique, que certains qualifient de précipitée, voire de décalée par rapport aux enjeux actuels du pays.
Dans un Mali en proie à une crise multidimensionnelle, où chaque franc mobilisé est vital, il paraît légitime de se demander si le Directeur général des impôts, à la tête du principal pourvoyeur de ressources de l’État, ne devrait pas d’abord se concentrer sur les défis internes. Car au-delà de la solennité des titres et des cérémonies protocolaires, la DGI fait face à des défis énormes : mobilisation des recettes, digitalisation des procédures, lutte contre la fraude fiscale, amélioration de la gouvernance, etc.
Pourtant, Hamadou Fall Dianka, 52 ans, préfère déjà scruter l’horizon international. À la suite d’un long feuilleton judiciaire lui ayant permis d’intégrer par la « fenêtre » le cercle fermé des inspecteurs des impôts de « classe exceptionnelle », il a été propulsé à la tête de la DGI par un simple concours de circonstances : le départ à la retraite de son prédécesseur. Mais voilà que l’homme vise déjà plus haut, à peine installé. Chose qui est bien, pourvu que les étapes ne soient pas violées.
La presse a relayé à grande pompe son élection, du 17 au 20 juin 2025, au bureau exécutif du CREDAF, lors de la 38e conférence internationale tenue à Kinshasa. Un acte présenté comme une récompense pour son « leadership », sa « rigueur » et ses « performances ». Des qualificatifs qui font sourire plus d’un, au regard de sa très courte expérience à la tête de la DGI. Peut-on vraiment parler de performance sans avoir bouclé une année d’exercice ? Où est le sérieux ?
Le parallèle est vite fait avec d’autres hauts responsables maliens, notamment le Directeur général des Douanes, qui, lui, n’a été promu à l’international qu’après plusieurs années de résultats probants. Fall Dianka, au contraire, semble vouloir griller les étapes, comme si la vitrine internationale primait sur le redressement national. Et pourtant, sa mission première est ici, au Mali. C’est ici que les résultats sont attendus.
En se lançant dans cette aventure sous régionale, il ne fait que doubler ses charges alors qu’il n’a même pas encore prouvé sa capacité à porter efficacement celles de la DGI. Cette nomination ressemble davantage à une ambition mal placée qu’à une reconnaissance méritée. Ce qui saute aux yeux, c’est une confusion manifeste entre ambition personnelle et délire de grandeur.
Hamadou Fall Dianka ne rêve peut-être pas trop grand. Ce sont ceux qui l’ont placé à la tête de la DGI qui ont rêvé trop petit, en pensant qu’il serait l’homme de la situation. Le temps tranchera, mais d’ici là, les attentes sont claires : moins de titres, plus de résultats.
Dougoufana Kéita
223infos.net avec La Sirène