L’ancien président ATT ne disait-il pas « on sait quand commence une violence, mais on ne sait jamais quand elle va finir. Et après tout, on finira toujours par le dialogue». C’est le scénario qui risque de se produire, après les tristes évènements du 10 juillet 2020 qui se sont malheureusement soldés par des morts, des blessés parmi les manifestants, le saccage et le pillage des biens publics et privés, et l’arrestation de certains responsables du mouvement M5-RFP (libérés hier lundi, dans l’après-midi, après moult interventions).
La contestation de la rue au pouvoir du président de la République Ibrahim Boubacar Keita a connu une nouvelle tournure, lors du rassemblement du vendredi 10 juillet 2020, à l’issue duquel les responsables dudit mouvement ont invité les Maliens à la désobéissance civile, et à l’occupation de certains services stratégique de Bamako (la Primature, l’AN, l’ORTM). Ce changement de stratégie a entraîné des saccages et le pillage de certains biens publics et privés.
Si avant le vendredi 10 juillet, le M5-RFP était en position de force au point de dicter ses conditions au président de la République pour la décrispation de la crise sociopolitique, cela n’est plus le cas.
La preuve, avec la sévère répression des manifestants, l’arrestation des responsables du mouvement et l’appel à la retenue de l’imam Mahmoud Dicko, autorité morale du M5-RFP, l’heure était plutôt à la demande de libération des détenus et aux appels au calme.
Des demandes auxquelles les autorités ont bien accédé en les conditionnant à l’engagement des responsables du mouvement à arrêter toute manifestation. Ce qui rendra caduque la désobéissance civile et les «dix commandements du 10 juillet 2020» et mettra fin à la première exigence du mouvement qui est la démission du président IBK et de son régime.
Par ailleurs, il n’est pas exclu, à l’issue du dialogue, que des responsables du M5-RFP se retrouvent au sein du gouvernement d’union nationale, appelé de tous les vœux par le Président IBK, le Premier ministre et certaines bonnes volontés.
Et pourtant, c’est la triste réalité, ils sont nombreux, ces politiciens à rejoindre le M5-RFP pour se faire une nouvelle santé politique, car persuadés qu’ils ne peuvent plus mobiliser les Maliens autour d’eux ; et attendre la fin du mandat d’IBK serait trop long et incertain. C’est tout le sens de leur combat, et ceux-ci sont prêts à répondre à l’appel du Président IBK pour le Gouvernement de large ouverture.
En tout cas, la participation de tout responsable du M5-RFP au gouvernement d’union nationale serait perçue par certains observateurs non seulement comme un cadeau empoisonné, mais aussi surtout une trahison de l’idéal qui a prévalu à la création du mouvement. Que diront dans ce cas, les parents de ceux qui sont morts lors desdites manifestations ?
Les maux tels que la mauvaise gouvernance, la corruption, le détournement des deniers publics, l’impunité ne datent pas de sous IBK, certes, mais les acteurs du mouvement démocratique et d’autres qui souhaitent le voir partir ont-ils la solution miracle ?
En tout état de cause, certes, il faut déplorer les morts d’homme, mais le mouvement va pousser les gouvernants à être plus regardants dans la gestion des affaires publiques, et déjà il a obtenu l’abrogation du décret de nomination des membres restants de la Cour constitutionnelle, la démission du député Karim Keita (fils du Président IBK) élu en CII du District de Bamako, du poste hautement stratégique de président de la Commission Défense de l’Assemblée nationale. Il est également annoncé la démission du président du Parlement, Moussa Timbiné, repêché par la Cour constitutionnelle, lors du second tour des législatives du 19 avril 2020, avant d’être imposé au Perchoir par le Président IBK, selon nos indiscrétions.
Sékou CAMARA
Source: Bamakonews