Dans une lettre frappée « confidentielle » du mardi 14 juillet 2020, adressée au ministre de la Sécurité et de la protection civile (qui n’existe pas depuis la démission du gouvernement, le 11 juin dernier), le Premier ministre, Dr Boubou Cissé demande des éclaircissements sur les circonstances de l’intervention musclée des éléments de la FORSAT (Forces Spéciales antiterroristes), le vendredi 10 juillet 2020, et la réprimande des manifestants ayant causé 11 morts et plus d’une centaine de blessés.
En effet, ils sont nombreux les maliens à s’interroger sur le déploiement des éléments de la FORSAT, cette force d’élite créée en 2016, spécialisée exclusivement dans la lutte contre le terrorisme, lors des violentes manifestations du vendredi 10 juillet 2020.
Toute chose qui fera dire à d’autres que la FORSAT s’est trompée de mission en s’invitant, vendredi dernier sur le ring de maintien de l’ordre, en lieu et place des forces de l’ordre. Un déboire ?
En tout cas, une attitude suffisante, pour mettre encore de l’huile sur un feu ardent, suite aux décès enregistrés à l’issue de ladite manifestation.
Et voilà le Premier ministre, Dr Boubou Cissé, qui apparemment, ne sachant pas également le comment du pourquoi, « instruit de procéder aux investigations nécessaires en vue de me préciser entre autres : les raisons de l’engagement de la FORSAT ; l’autorité ayant ordonné l’engagement de la FORSAT : le respect ou non de la procédure prévue en la matière ».
Le hic est que depuis le 11 juin, le Mali n’a pas de ministre de la Sécurité et de la protection civile. Pire, cette lettre dénote non seulement le pilotage à vue et surtout la cacophonie qui règne au sommet de l’Etat.
En outre, cette lettre inopinée révèle une hypothèse qui n’est pas à exclure, à savoir si, le ministre de la sécurité sortant, le Gal Salif Traoré, ne serait toujours pas en service, surtout en ces temps de trouble à l’ordre public.
Cette énième lettre « confidentielle » qui s’est retrouvée sur la place publique, de surcroit sur les réseaux sociaux, aurait pu passer inaperçue si ses contours n’étaient pas entachés d’équivoques. Car en plus de ses couacs administratifs, elle emmène également à savoir, s’il y a un autre service que le ministère de la Sécurité, capable d’engager la FORSAT, à l’insu du Premier ministre et en l’absence du ministre de la Sécurité.
En tout état de cause, cette banalité administrative serait aussi grave pour passer inaperçue, puisqu’il s’agit, de la responsabilité de l’Etat à faire la lumière sur la mort des 11 personnes, lors des manifestations du M5-RFP.
Notons, toutefois, que selon certaines indiscrétions, le Commandant de la FORSAT nie avoir engagé ses éléments sur aucun théâtre d’opération ce week-end. Il indique qu’il pourrait s’agir de la Brigade Anti-Criminelle qui a les mêmes tenues et parfois le même mode opératoire.
Affaire à suivre !
Ousmane Tangara
Source: Bamakonews