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Sauvegarde du Fleuve Niger: l’ABFN s’attaque à la racine du mal

Dans le cadre de l’exécution de sa mission qui consiste à veiller à la sauvegarde du fleuve Niger, une délégation de l’Agence du bassin du fleuve Niger (ABFN) conduite par son directeur général, Abdramane Oumarou TOURE, a visité en fin de semaine dernière, les berges du fleuve Niger à Kangaba et à Bamako, de part et d’autre de la rive.

fleuve niger riviere

À Kangaba, la délégation a rencontré les autorités administratives de la ville et les exploitants dans le lit du fleuve, à savoir ceux qui font le dragage pour la recherche de l’or.

L’orpaillage par dragage facteur de dégradation
A la préfecture de Kangaba, le chef de la délégation, Abdramane Oumarou TOURE, a expliqué les raisons de sa visite qui consiste à faire en sorte qu’en plus des solutions techniques, celles proposées par les acteurs locales soient recueillies.
Le préfet de Kangaba, Komba SAMAKE, a jugé la mission très intéressante. Aussi, a-t-il témoigné, le problème majeur qui frappe actuellement le fleuve Niger, considéré comme la vache nourricière du Mali, est la nouvelle activité d’orpaillage, à travers le dragage.
Face à ce problème très préoccupant, le préfet dira qu’il faudrait que cette forme d’activité d’orpaillage soit diligemment règlementée pour protéger l’environnement du fleuve et les espèces animales qui y vivent.
A la mairie de la ville, la délégation s’est entretenue avec le maire Zié BAGAGOKO et le député Mahamoudou KEITA. Le député de Kangaba a fustigé le fait que la plupart des projets sur la protection du fleuve soit destiné à la partie nord du pays alors que c’est à Kangaba que le fleuve prend sa source dans notre pays. Il a affirmé que tant que les produits chimiques continueront à être utiliser à Kangaba, les Bamakois et le reste des villes et villages riverains du fleuve Niger continueront à boire de l’eau non potable.
«Au lieu de sévir les fautifs, l’on se contente de percevoir de l’argent. Alors que tout doit être fait pour sauver le fleuve qui est le cordon ombilical du Mali, sans le fleuve il n y a pas de Mali », a critiqué l’honorable KEITA.
Les élus de Kangaba ont largement donné des exemples concrets prouvant combien le fleuve Niger a subi des dégradations ces dernières décennies. Ils ont proposé à l’ABFN de rouvrir son antenne de Kangaba qui a été fermée il y a quelques années.
Au Conseil de cercle de Kangaba, la délégation s’est entretenue avec le président Bakary KEITA et le président du GIE des exploitants d’or par dragage, Mamadou KANTE.
Là également, les interlocuteurs ont largement évoqué la pratique de dragage non contrôlée qui dégrade les berges du fleuve et compromet la qualité de l’eau et la survie des poissons.
Après les entretiens avec les autorités locales, la délégation s’est rendue à Safola puis à Balazan pour constater l’état de dégradation du fleuve.
Les travailleurs interrogés ont tous affirmé être conscients des préjudices qu’ils causent au fleuve et à la nature. Selon eux, ils n’exercent pas dans la clandestinité au moment où ils payent des taxes à la mairie, aux services de l’assainissement, aux impôts et aux gendarmes.
Les exploitants d’or dans le lit du fleuve ont affirmé qu’ils payent ces taxes sans reçu et qu’en contrepartie les services à qui ils donnent l’argent ne font rien pour sauver le fleuve.
La visite a aussi permis de constater que les orpailleurs utilisent des produits toxiques comme le mercure et le (cyanure).

A Bamako, les maux sont déchets et spéculation foncière
L’étape de Bamako sur les berges du fleuve Niger a permis aux responsables de l’ABFN de se rendre compte d’un autre type de problème différent de ceux évoqués lors des étapes précédentes. Ici, les problèmes ont pour noms : les déchets solides et liquides versés dans le fleuve et la vente du lit du fleuve.
Aussi, les témoignes convergent à dire que des sommes colossales sont payées à la mairie, aux services d’assainissement et aux impôts sans que ces structures ne fassent aucun geste en contrepartie pour la sauvegarde du fleuve.
En effet, cette prise de contact initié par l’ABFN a été vivement appréciée par les exploitants et des propositions ont été faites pour que les deux parties multiplient les échanges afin de trouver des solutions pour le bien du fleuve et la population du Mali en général.
A l’issue de cette série de visites sur le long du fleuve Niger pour constater de visu les dégradations et les agressions que le fleuve Niger ne cesse de subir, le DG de l’ABFN a fait savoir que le constat est alarmant. Il a également dénoncé les constructions anarchiques dans le lit du fleuve et l’exploitation abusive pour la recherche de l’or avec ses conséquences néfastes dues à l’utilisation des produits chimiques.
Comme initiative pour résoudre les problèmes posés par les différents interlocuteurs, la structure entend faire une étude pour cerner tous les contours en vue de trouver des solutions pérennes à ce fléau qui constitue d’ailleurs une préoccupation du Président IBK.
«Les citoyens ont pris conscience du danger que court le fleuve et cela est une opportunité qu’il faut exploiter. Une autre opportunité à exploiter c’est le fait que la communauté internationale, suite à l’engagement du Mali, a pris conscience du danger que court le fleuve Niger en s’engageant pour sa sauvegarde », s’est félicité M. TOURE.
Toutefois, il a regretté le fait que les exploitants payent beaucoup à la collectivité qui en retour ne fait rien pour contribuer à la protection du fleuve.
C’est pourquoi à la lumière des informations recueillies, suite à cette mission sur le terrain, l’ABFN s’est fixée comme priorité de faire des investigations pour prouver les affirmations qui ont été faites par les exploitants en vue de trouver la meilleure formule.
Le directeur de l’ABFN estime qu’il faut une règlementation en ce sens puisqu’il est difficile de réussir une mission de service public sans une règlementation qui la régisse.
« Il faut que les ressources générées par l’exploitation du fleuve servent à le sauvegarder. Et c’est la législation et la règlementation qui peuvent faire en sorte que cela soit une réalité », a martelé le directeur de l’ABFN.
Pour la protection des berges, M.TOURE a estimé qu’il va falloir adopter la méthode mécanique ou celle de la protection biologique.
Pour lui, dans le cas spécifique de Bamako, les analyses convergent à privilégier la protection mécanique, c’est-à-dire faire des aménagements qui permettront de faire de nouvelles servitudes et qui ne seront plus agressées par qui que ce soit.
En dehors de la capitale, il indique que la même protection peut être faite mais soutenue par la protection biologique à travers des plantes qui protègent le fleuve.
«Nous sommes en train de chercher comment développer cela, car c’est la méthode la plus facile à réaliser avec des ressources maigres comme dans notre cas», a-t-il noté.
Le premier responsable de l’ABFN a déploré la pratique de dragage qui se fait de manière anarchique tout en rassurant que désormais la structure travaillera à faire en sorte que ceux qui travaillent dans le lit du fleuve respecte une règlementation en la matière.
En attendant, déclare-t-il, il est urgent d’avoir des méthodes adaptatives pour trouver une solution alternative à ce problème récurrent.

Faire vivre le fleuve pour que vive le Mali
Toujours dans le cadre de ses missions de protection du fleuve Niger, la structure a initié un projet dénommé « Projet pilotage de faucardage et de curage entre les deux ponts et en amont du pont Fadh». Il s’agit d’un projet initié dans le but de sensibiliser l’opinion publique et de procéder au désherbage dans le fleuve avec les moyens de bord en attendant d’avoir des ressources plus consistantes.
«L’essentiel de l’économie agricole du Mali est basé sur le fleuve Niger. Il est vrai que l’agriculture est le moteur de l’économie malienne, mais ce moteur a comme lubrifiant le fleuve Niger», a conclu le directeur général de l’ABFN, Abdramane Oumarou TOURE.

PAR MODIBO KONE

 

Source: info-matin

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