Il manquera sûrement à ses nombreux fans et au monde de la comédie, qui n’aura pas profité de toute l’étendue de son talent. Ronald Guindo a quitté la scène le 6 juin 2021, laissant le souvenir d’un comédien attaché à ses origines.
Le « Dogono Pama » avait débuté comme beaucoup de ses confrères à Yèlèbougou. Une « école » où il avait été recruté pour épauler d’autres jeunes. « J’ai fait la connaissance de Ronald et j’ai beaucoup apprécié son talent », se souvient Djelimoussa Kouyaté, ATT Junior. « Je me moquais de lui parce qu’il dansait le balani. Les autres venaient avec de la musique moderne mais lui était plus attaché à la tradition ». Un attachement qu’il concrétisera à travers son personnage, où il se moque de son accent « dogon ». Mais pas que. C’est ainsi que Dogons, Peuls, Malinkés ou Bwas, tout le monde avait droit à sa minute avec Ronald. Des sketchs qu’il utilisait aussi pour faire passer des messages de cohésion entre toutes les ethnies du Mali.
Mais, avant même la naissance de « Dogono Pama », c’est surtout sa voix et son côté naturel qui ont attiré le public, ajoute ATT Junior. Et « sa manière de parler avec son accent dogon. Il l’a exagéré pour en faire son style ».
Une inspiration naturelle
L’une des forces du comédien était son inspiration, assure ATT Junior. Même si leur collaboration était occasionnelle, il continuait de le suivre de loin et de l’apprécier, à cause de son « sérieux et sa ponctualité ». Talentueux, sa véritable force était son inspiration. D’ailleurs, plusieurs sketchs qui ont beaucoup marché, notamment à travers les réseaux sociaux, lui devaient leurs scénarios. Il aussi beaucoup inspiré d’autres humoristes. Cette capacité, il en avait pris conscience et avait « déjà pris son envol ». Mais il n’aura pas eu le temps d’élargir son horizon.
Se demandant au début si les gens comprenaient ce qu’il disait, il finira par fonder son succès sur ce « naturel » et créera sa réputation. Une particularité qu’il conseillera de garder, pour « se démarquer » des autres. C’est sans doute ce que le public recherchait. « Parce que les Maliens aiment se retrouver dans leurs sketchs, ceux qui leur parlent ».
Mohamed Moussa Guindo, qui ne se prédestinait pas à la comédie, était titulaire d’une maîtrise en droit et d’un DEUG en marketing, doit son surnom de « Ronald » à son premier sketch, sur le joueur de football brésilien Ronaldhino.
Fatoumata Maguiraga
Source: journaldumali