En acceptant d’aller quémander la reprise des négociations avec la Cedeao à Lomé, il ne reste, visiblement, qu’une seule chose à faire pour le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, à savoir démissionner. Du moins pour rester cohérent avec sa promesse faite aux Maliens de ne laisser plus personne décidée de leur avenir à leur place.
Depuis la visite des émissaires des autorités de la transition à Lomé, la capitale du Togo, les lignes semblent bouger discrètement vers la levée de l’embargo de la Cedeao et de l’Uemoa sur le Mali. Aux dernières nouvelles, il nous revient que le gouvernement malien serait même disposé à accepter une prolongation qui oscille entre 18 et 20 mois. Ce changement de discours du gouvernement malien intervient quelques jours après le passage du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga au CNT qui laissait croire aux Maliens qu’ils sont les seuls maîtres de leur destin. Mieux, le chef du gouvernement leur faisait même croire que les deux ans de prolongation étaient la dernière proposition des autorités de la transition. « Incompressible », disait-il. Prenant même le risque de parler à la place du président de la transition. Conséquence, aujourd’hui, il est sur le point de se faire démentir avec la reprise des négociations avec la Cedeao, lesquelles risquent d’aboutir à une prolongation qui oscille entre 18 et 20 mois. Ce n’est pas étonnant, Choguel a habitué les Maliens à ses multiples reniements et revirements.
On se rappelle que ce n’est pas la première fois que Choguel Kokalla Maïga subit de tel camouflet. Que n’avait-il pas dit sur les militaires putschistes sous le président Bah N’Daw ? Il accusait même les jeunes militaires d’avoir la mainmise sur les institutions de la transition.
Aussi, en tant que président du comité stratégique du M5-RFP, Choguel Maiga critiquait en 2020 la mise en place du Conseil national de la transition que le mouvement avait boycottée. « Ce conseil a été installé dans l’illégalité totale, en violant les décrets qui instituent le Conseil national de transition », dénonçait le leader du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD), un mouvement membre du M5-RFP, en décembre 2020.
Pourtant, quelques jours après le putsch, le même annonçait le soutien des forces vives aux militaires, en annonçant que le mouvement de contestation est disposé à « accompagner » la junte dans le processus de transition devant rendre le pouvoir aux civils.
La preuve que Choguel n’a pas les moyens de sa politique !
Comme le dit l’artiste ivoirien Dj Kérozen, “le second nom de Dieu, c’est le temps’’. Le Peuple se rend compte, aujourd’hui, qu’il a fait une erreur sur la personne de Choguel Kokalla qui s’est engagé dans une guerre inutile avec la Cedeao qu’il savait pertinemment ne pas pouvoir mener jusqu’au bout. Ils sont nombreux aujourd’hui à se mordre le doigt, ces mouvements anti-Cedeao et anti-français. Car, à vrai dire, Choguel les avait fait rêver d’un Mali hors Cedeao et en rupture totale avec l’ex-puissance coloniale. C’est dur aujourd’hui pour eux de découvrir que tout cela n’était que leurre et tromperie. Ils découvrent un Premier ministre belliqueux et orgueilleux, qui n’a pas les moyens de sa politique. En clair, il n’a jamais eu l’intention de retirer le Mali de la Cedeao, comme il le laissait croire à travers ses agissements.
Mais désormais, une chose est claire pour tous les Maliens. Choguel est prêt à ses renier encore une fois en acceptant de composer avec la Cedeao. Parce qu’en réalité, il sait qu’il est incapable de pouvoir conduire en seize mois (proposition de la Cedeao) les réformes nécessaires à la refondation du Mali sans la levée de l’embargo. Et, il se cache derrière l’avis des experts dont on ne sait rien de la crédibilité pour gagner du temps, oubliant que personne ne le force de rester à la Primature. Choguel n’en peut plus. Les regards sont désormais fixés sur le président de la Transition à qui il appartient de trouver quelqu’un d’autre, peu bavard, mais qui travaille beaucoup pour faire toutes les réformes dans le délai exigé par la Cedeao.
Aujourd’hui, les Maliens ne veulent plus d’un Premier ministre qui reconnait publiquement ne pas avoir les moyens de sa politique de faire respecter la souveraineté du Mali face à la Cedeao, l’Uemoa et la France, avec lesquelles il ne veut pas non plus rompre. En un mot, Choguel doit payer pour son incohérence.
Moussa Diarra
Source: La Lettre du Peuple