« Le malheur de certains fait le bonheur d’autres ». Il a toujours été ainsi depuis belle lurette. Au Mali, cette lapalissade est de saison. Si le secteur privé est convoité pour le gain élevé par rapport au public, le domaine de l’éducation fait exception à cette règle. Les promoteurs peuvent gagner mais les travailleurs comparables aujourd’hui aux ouvriers du 19ème siècle souffrent le martyre. Et cela, toutes les années que Dieu fait dans ce pays qui s’appelle le Mali.
Faut-il le rappeler, par le biais d’un communiqué télé et radiodiffusé, le ministre Sy Savané a reporté la reprise scolaire. Cette nouvelle a sonné comme le glas pour les enseignants mercenaires. Mercenaires parce qu’ils travaillent dans beaucoup d’écoles privées pour pouvoir joindre les deux bouts. Ce qui est marrant, aucune de ces écoles ne pense leur accorder un traitement salarial en permanence. Donc ils sont rémunérés en fonction des heures exécutées.
Ce que l’opinion nationale ignore, c’est que la vacance n’a pas la même durée pour les mercenaires. Ceux qui détiennent les classes de 10ème et 11ème années sont libérés en fin mai. Certains cours dits secondaires à tort sont arrêtés selon la volonté de l’administration par pure respect de la décision du promoteur.
Qui donc pour sauver les enseignants d’écoles privées secondaires et fondamentales 2 ? La question mérite d’être posée dans la mesure où les ministres se succèdent dans le département, aucun parmi eux n’arrivent à faire bouger les lignes. L’association des promoteurs est-elle plus forte que le ministère ? Le hic est qu’aucune école au Mali n’est ouverte sans que le promoteur s’engage à respecter le cahier des charges. Dans ce cahier, il est écrit, noir sur blanc, que le promoteur est obligé d’accorder la permanence au 1/3 du personnel de l’établissement.
Les promoteurs qui respectent cet engagement se comptent du bout des doigts. C’est un secret de polichinelle au Mali, mais les responsables du ministère croisent les bras en gardant « l’attitude stérile du spectateur ». Sacrebleu ! Où donc se laver ? Où se sécher ? Où partir ? Où s’arrêter ?
Ce report est un mois perdu pour les enseignants. Ils deviennent les dindons d’une farce qu’ils n’ont pas inventée. Les écoles leur donnent ce qu’ils ont émargé. S’ils n’émargent pas, ils ne gagnent rien. C’est dire que même s’ils tombent malades, les promoteurs n’hésitent pas à les remplacer avec les mains nues.
Le respect du cahier des charges au grand bonheur des enseignants restent le défi de tous les temps au ministère de l’Education nationale. C’est en tout cas Sisyphe la solution pour les différents ministres qui se sont succédé au département. Aucun d’entre eux n’a eu un tour de main dans son sac pour relever ce défi.
Dieu veille !
Bazoumana KANE
Source : L’Alerte